Pages : Précédent 1 … 52 53 54
Acheter à l'auteur ou en boutique, c'est pareil ?
Oui et non. Oui, c'est exactement le même produit. Les numéros de Sombre ne sont pas différents selon qu'ils sont vendus par l'auteur (bibi) ou par une boutique. Pour ce qui est de la thune, c'est une autre affaire.
La vente directe est le circuit le plus court. Quand vous m'achetez Sombre sur mon stand, durant une convention, toute la marge me revient. Elle me permet de gagner ma vie. À mesure que le circuit s'allonge, c'est-à -dire que des intermédiaires s'intercalent entre vous et moi, ma marge diminue.
La vente par correspondante reste intéressante. De vous à moi, un seul intermédiaire, la Poste, dont une partie des frais est (aux termes de ma grille tarifaire) acquittée par le client. Là ça va, je continue à gagner des sous.
Le circuit le plus long est la vente en boutique. Deux intermédiaires, ce qui commence à faire très beaucoup : la Poste pour envoyer les fanzines à la boutique (qui ne paie pas le port, ces frais sont à la charge du fournisseur) + la marge détaillant (la part qui revient à la boutique). Le résultat est que dans ce cas, je ne gagne presque rien. Quelques cacahuètes.
Ce n'est pas de la vente à perte, qui serait économiquement insoutenable, mais la marge boutique bouffe quasi toute la mienne. C'est dû à la modestie de mon produit. Un petit zine pas cher imprimé en local. Par opposition avec un « vrai » jeu de rôle, A4 épais et luxueux, souvent fabriqué loin. D'un produit à l'autre, le pourcentage qui revient à l'auteur/éditeur sur une vente en boutique est quasi le même (un peu meilleur s'il est imprimé loin, là où c'est moins cher), mais quelques pour cent d'un gros bouquin font bien plus de cacahuètes que les mêmes pour cent d'un petit zine. Pour compenser, il faudrait que je vende beaucoup beaucoup beaucoup plus de fanzines. Ce n'est pas et ne sera jamais. Sombre est un jeu de niche.
Pourquoi alors continuer à travailler avec les boutiques, demandez-vous ? Parce que je les aime, tout bêtement. Et que la plupart de leurs gérants sont des gens cool, avec lesquels il m'est agréable de bosser. Par ailleurs, ce circuit donne du lustre à Sombre. Vendu en boutique, il passe plus volontiers pour un vrai produit pro (ce que de base il est, je vous rassure, mais chez pas mal de gens fanzine = cheap. Pur préjugé). Surtout, les boutiques m'aident à maintenir mes volumes de vente donc d'impression. Or les devis de mon imprimeur sont dégressifs. Si je veux que mon zine reste bon marché, je dois continuer à l'imprimer en quantités raisonnables. Enfin, les boutiques diffusent Sombre. Certains rôlistes n'entendront jamais parler de mon jeu s'ils ne tombent pas dessus dans leur boutique favorite. Sont-ils nombreux ? Impossible de le savoir. Mais ils existent.
Dans un monde éditorial idéal, la vente des fanzines Sombre permettrait de rémunérer décemment toute la chaîne du livre, de l'auteur au détaillant. Dans le vrai monde, ce n'est pas le cas. Du coup, le consommateur a le choix : acheter à l'auteur pour qu'il vive ou à la boutique pour qu'elle perdure. Les deux se conçoivent totalement. Si plus de boutique, plus de Sombre près de chez soi. Si plus d'auteur, plus de Sombre tout court. Dans tous les cas, pas cool. Juste, il faut être conscient qu'il s'agit (malheureusement) d'un choix.
En ligne
Pages : Précédent 1 … 52 53 54