Pages : 1
Ici, les comptes-rendus de partie jouées dans l'univers de Millevaux, sans règles :
comeonandorra, cc-by-nc, sur flickr
Comptes-rendus de partie par Thomas Munier :
(DLMV) : épisode du roman-feuilleton rôlistique Dans le mufle des Vosges
1. Le Repentir
Retrouver l'ambiance roots des premiers Millevaux en jouant en mode théâtre de l'esprit : un MJ, des joueurs, et aucune règle !
2. On se couche avec ses morts (DLMV)
Au lendemain du combat avec la Mère Truie, on compte les retombées.
3. À bon port (DLMV)
Enfin, c’est à l’arrivée à Xertigny ! Mais s’annonce-t-elle sous les meilleurs auspices ?
4. Les petites misères (DLMV)
Mille petites anecdotes et anicroches complètent le tableau d'une nouvelle menace qui se trame. (temps de lecture : 7 mn)
5. Quand les charrues pousseront dans les arbres (DLMV)
Trafic de confessions, fricot au ragondin, danse folklorique et vertige logique, voici le menu de l'épisode du jour ! (temps de lecture : 7 mn)
6. L’enfant-valise
Un remake de La Traversée de Paris version Millevaux avec une règle unique : dire oui à tout. Avec un atelier complètement sous acide ! (temps de lecture : 5 minutes)
7. Les choses intimes (DLMV)
L'introspection, les êtres et les sentiments qui couvent comme des pommes de terre sous la braise. (temps de lecture : 6 minutes)
8. Le carrefour de l’enfant Rollo (DLMV)
Les peines toutes simples sont les plus lourdes à porter. (temps de lecture : 7 minutes)
9. Dârou ! Dârou ! Vénet do mo so sac ! (DLMV)
Comment la chasse d’un animal imaginaire a mis le feu aux poudres. (temps de lecture : 5 mn)
Comptes-rendus de partie par d'autres :
1. Le mystère des hommes
Quand une communauté féminine capture le dernier des hommes, l’emprise trace un étrange chemin… Un solo freestyle joué par Frédérique Lilas Da Silva. (temps de lecture : 7 minutes)
Hors ligne
L'ENFANT-VALISE
Un remake de La Traversée de Paris version Millevaux avec une règle unique : dire oui à tout. Avec un atelier complètement sous acide !
Le jeu : sans règles
Joué le 18/06/17 lors de la Tournée Paris est Millevaux 5
(temps de lecture : 5 minutes)
Paul, cc-by-nc-nd, sur flickr
Personnages : Marco, Janvier, Tas de Bois, Sale Gueule, Mémé Carabine, L'Enfant-Valise
L'histoire :
"Janvier !" Ce cri résonne dans la forêt, poussé par Marco, un homme buriné et bouffi en même temps. Il porte une valise, il y a un enfant dedans qu'il va vendre avec ses comparses, Janvier et Tas de Bois.
Ils se font arrêter par Sale Gueule, un mutant aux genoux bizarres et Mémé Carabine ; ils semblent convoiter l'enfant.
Tas de Bois se fait tirer dans le bras mais il repousse.
Le bruit fait venir une moissonneuse de la douane.
Janvier veut amadouer le douanier avec un registre mentionnant leurs noms mais ça ne suffit pas.
Sale Gueule donne un coup de coutelas au douanier et Marco lui savate la gueule.
Mémé s'empare de l'enfant et saute dans la moissonneuse. Tas de Bois veut les rattraper mais se fait moissonner le bras.
Dans la ville souterraine de Métro, le marché noir. Foule interlope. Cochons et topinambours.
La réserve d'enfants : il y a des pupitres où des écoliers enchaînés suivent les cours d'une maîtresse à lunettes.
Surgit Sale Gueule qui fait peur à tout le monde. Il appelle son contact Zourk qui dit que Mémé est sûrement à la guilde des voleurs.
Marco propose une collaboration à Sale Gueule.
Mémé Carabine entre dans la guilde des voleurs : la cour des miracles.
Elle va voir un homme à la fine moustache, et demande à voir le Rat : on la conduit jusqu'à un rat géant affalé sur des coussins, qui fume du Haschisch Jaune dans une chicha. Derrière lui, des foetus dans des bocaux de formol.
Elle lui vent l'enfant qui est l'élu de la Pièce.
Le Rat tire une grande bouffée de chicha. Il a une Vision du Roi en Jaune qui monte jusqu'à la pièce.
Enfant est prostré en chien de fusil. Il dégage de l'égrégore.
Marco et les autres arrivent devant la porte cour des miracles, bloquées par des gardes bodybuildés.
Sale gueule prétend qu'il détient l'enfant d'un des gardes. Ce dernier lui montre que ce n'est pas possible : il est castré.
Tas de Bois offre aux gardes du tabac de mémoire.
Sale Gueule ricane car il est vraiment l'enfant du garde.
Marco se dit : "Si j'étais lui, je me rappelerais du jour où j'avais encore des couilles."
Mouvement de foule dans la cour des miracles. Des tentacules jaunes apparaissent puis se résorbent. L'enfant a disparu.
Mémé Carabine se carapate malgré la demande de Marco de les rejoindre. Il regrette de malmener l'enfant car c'est son fils mais il rêve de quitter Millevaux avec l'argent de la prime. Sale Gueule exerce un chantage avec la flûte des rats taillée dans la dent du rat. Ils évoquent l'idée de faire un enfant mutant (Sale Gueule ne demande qu'à avoir un môme, ce que Marco pourrait lui fournir.)
Le Rat offre un coffre de matériel. Marco prend du saucisson et une hache. Janvier voit plein d'enfants autour de lui - les enfants du registre -, les seuls souvenirs qui lui restent, qu'il espère transformer en autres souvenirs, sans pour autant s'y résoudre car il y est attaché et en même temps, il regrette ses actes. Il pense à la maîtresse qui le regardera enfin quand il ramènera l'enfant-valise.
Tas de Bois montre une bille où on voit une salle de théâtre des Hypogées. Marco partage son saucisson comme un dernier repas.
Le théâtre envahit tout.
Poussiéreux, froid polaire. Lustre couvert de toiles d'araignées. Spectateurs squelettes avec jumelles et programmes. "J'aime pas les théâtreux, tous ces gens qui font des phrases.". L'enfant est sur scène, terrorisé. Ils se retrouvent sur la scène, leurs corps attachés à des fils de marionnettes.
Entrée de la mère de l'enfant-valise.
"T'as de beaux yeux, tu sais.", lui dit Marco en récitant son texte.
Elle chante un opéra dans une langue inconnue. Les acteurs répètent la scène du début. Le souffleur les engueule. Filaments jaunes.
"Janvier !"
Commentaires :
Durée : 1h1/4 + 1/2 h debrief
Atelier [on fait une première partie en "oui-non", dans le but de tester les limites] :
Durée 1/2h + 1/4 h debrief
Un homme à tête d'ours, un arbre, une griffe. Des voix qui lui parlent. Il attaque l'Arbre, qui s'avère rempli de sperme. Tremblement de terre, attaque d'abeilles noires à tête d'ours. Une créature lui propose de faire un pacte mais ça lui coûtera son bras.
Flash-back : l'homme rencontre un ours qui lui donne sa tête, il l'embrasse chastement. À la recherche de sa femme, elle est loin.
Retour au temps présent : L'homme s'enfouit sous terre. Sa femme explose sous forme de papillons. Il recherche des photos et des souvenirs de sa femme, trouve une photo et un papillon, il les mange.
Dans le combat contre les abeilles à tête d'ours, un golem de bois invoque une pluie acide qui fait fondre les insectes.
Son oeil fond. Un homme arrive. Des fraises lui poussent sur le crâne. Il en mange et c'est délicieux. Il offre un oeil au golem de bois qui devient un parasite mental.
Le golem de bois se fait blesser, il rampe jusqu'Ã sa maison.
Il y a son enfant dans un berceau et sa femme morte dans le lit.
L'enfant a des fraises qui lui poussent sur le pied, il les mange, c'est aussi délicieux que douloureux. Le plafond lui tombe dessus et lui écrase le crâne tandis que son père s'accouple avec sa mère morte.
Retours de l'équipe après la partie principale :
A. : On a plus construit cette fois-ci. Moins de descriptions, de magie, de sauvagerie, de mutations. Mais au final ça fait avancer l'histoire et on a abouti à quelque chose qui visuellement avait de la gueule.
R. : Très bonne partie. Les "non" sont pas bloquants ou ressentis comme un mur. Quand j'avance que le fils du vigile a pas de couilles, ce n'est pas interprété comme un refus de jeu, on rebondit dessus.
Ce type de jeu provoque des sensations différentes. J'avais un perso mutant chat, j'attendais rien et quand Eugénie m'a fait arriver en faisant peur, du coup on l'a fait jouer différemment. [réponse d'Eugénie : je l'ai fait parce que c'était intéressant de twister le perso. J'aurais eu peur de faire à l'inverse. Ric : Mais non, car j'aime pas les persos badass.]
E. : J'ai adoré. L'atelier va vraiment avec : on a fait toutes les conneries possibles. On a dit "non" à Thomas plein de fois et du coup la "vraie" partie était cohérente.
Le rat, tout le monde l'a joué et l'a décoré. Les gens se sont emparé des PNJ.
On a eu de l'émotion, des moments drôles.
S. : J'ai vraiment adoré. C'était très cool. Y'avait l'histoire, le décor, l'ambiance, on faisait poper les PNJ, c'était fluide tout en étant un joyeux bordel.
Y'a eu des instants dans la partie ou il y a eu plusieurs conversations. ça me semble crucial de se borner à une seule conversation.
C'était agréable d'agir et de décrire.
C. : C'était très cool. C'était extrêmement focusé, y'a très peu de choses qui ont pas servi. [A. : on a vu le bénéfice de l'atelier. S. : le côté échauffement était bénéfique. E. : par exemple, dans l'atelier, on balance le mot "sperme", comme ça c'est dit, c'est évacué.]
L'esthétique était cool.
C'est difficile de créer un perso à la volée : Tas de Bois était un peu pâle.
R. / E. : C'était plus "non merci" que "non"
Thomas : J'ai "remeublé" Marco avec la vision de l'enfant.
S. : J'ai vraiment apprécié. Avec la question "Janvier", ça m'a invité à un monologue intérieur sur qui j'étais et pourquoi j'accompagnais Marco.
Thomas : En tant que spectateur, j'étais immergé dans l'histoire, c'était rythmé et fluide. Le background forestier a pas trop servi, mais j'étais en plein dans l'ambiance.
S. : difficile dans la partie, c'était d'identifier qule est le personnage qui prononce quelle phrase. Mais les deux phrases suivantes permettaient de se raccrocher.
[On se félicite mutuelllement sur les fils de marionnettes inventés par Clément à la fin, et le "oui" collectif à cette proposition]
E. : dès la première scène, on savait ce que vous vouliez faire.
A. : Je cherchais dans la mythologie de Millevaux les persos que je pouvais refiler.
C. : le mot-clé "non" peut quand même être cassant si tu sais pas comment réagir par dessus
Thomas : Pour mon personnage de Marco et sa tirade "Janvier !", je me suis inspiré de Jean Gabin dans le film "La traversée de Paris".
A voir aussi :
Le retour personnel d'Eugénie sur cette partie dans son article Les Ateliers 1 sur le blog JenesuispasMJmais
Hors ligne
LE MYSTÈRE DES HOMMES
Quand une communauté féminine capture le dernier des hommes, l'emprise trace un étrange chemin... Un solo freestyle joué par Frédérique Lilas Da Silva.
(temps de lecture : 7 minutes)
Joué en septembre 2020
Le jeu utilisé : aucun
AirmanMagazine, michel de graaf, cc-by-nc
L'histoire :
1.J'ai toussé longtemps pendant mon sommeil. Un moment j'ai même cru que mes poumons allaient sortir de mon corps, agacée que je leur fasse subir autant. J'ai commencé a fumer jeune et d'ailleurs je n'ai pas souvenir d'un moment où je ne fumais pas. Le lit est couvert de glaires, de sang et de... De vomi peut être ? Ou d'une étrange matière sorti de je ne sais quelle vilaine bête. J'ai les mains caleuses d'avoir trop travaillé la terre. Cette terre noire finira par me tuer. Quelle heure est-il déjà ? Combien de temps ai je dormi cette fois ?
2. J'entends. J'entends le cheval crier au loin. On dit que l'homme au cheval de brume viendra nous chercher bientôt. Il nous emmènera ailleurs dans un monde en guérison, un monde sans chagrin, ni haine, ni peur, sans joie, ni jouissance, ni réconfort... Un monde calme où nous pourrons enfin goûter au repos. Ou nous ne devons pas chaque jour travailler cette terre qui nous appelle sans cesse et qui en veut toujours plus. J'ai froid. J'ai froid mais le feu refuse de brûler ces jours-ci. Il faut attendre que la forêt lui accorde un peu de ce droit d'exister que nous recherchons toutes.
3. J'ai saigné aujourd'hui. C'était très abondant. J'ai cru un moment que tout mon corps allait se vider de son sang. On m'a dit que c'était normal, que quand la lune devenait rouge, la terre demandait de quoi boire en assez grande quantité. J'espère qu'elle me laissera tranquille quelques temps; je tiens a peine debout. Demain je dois passer le rituel pour peut être devenir une mère. J'espère être choisie.
4. J'ai mal. En fait c'est amusant mais jusque là , je ne pensais pas concevable de pouvoir ressentir une douleur comme celle-ci. Pourtant, on m'en avait parlé. On m'avait dit que ce pouvoir qui tressaillait dans le creux de nos veines se rappelait à nous sans cesse. Que c'est pour cela que beaucoup de mères en venaient à mettre fin à leurs jours. Juste pour que la douleur s'arrête... Mais moi je ne céderai pas. Je ne retournerai pas travailler cette terre qui absorbe ma substance jour après jour. Non désormais je suis une mère et je vais en assumer la charge.
5. Elles l'ont amené devant moi. Il était enchaîné à des lianes et le visage brûlé par le fer. Un homme. Je ne me souviens pas d'en avoir déjà vu un avant. Juste des contes qui me les dépeignaient comme des bêtes sauvages qui avaient dévoré le monde juste parce qu'ils avaient faim. Celui-ci pleurait et sanglotait, il appelait un nom sans cesse : « Mathias ». On m'a demandé de le tuer mais je me suis contentée de lui enlever la raison. Il me servira jusqu'à que je n'ai plus besoin de lui. J'aimerais en savoir plus sur ce « Mathias ». Est-ce qu'il y aurait d'autres hommes qui auraient survécu ?
6. Je me suis mise en quête de l'arbre-bibliothèque. Tout le monde dit que ce n'est qu'un songe diabolique dont il ne faut jamais s'approcher mais ma foi le diable m'a toujours été sympathique. Il ne s'est jamais pris pour plus grand qu'il n'était comme les dieux de marbre et d'émeraude. Les choses sont transparentes avec lui à ce qu'on dit, tout se paye et tout s'obtient du moment qu'on est prête à offrir le prix équivalent. L'homme grogne au travers de sa muselière, il a peur je dirais. Je pense que ça me plaît qu'il ait peur mais je ne saurais pas encore dire pourquoi.
7. La forêt est hostile aujourd'hui, elle ne souhaite pas m'accueillir. Je n'ai aucune envie d'aller contre elle mais j'ai le sentiment que ce que je cherche pourrait bientôt disparaître. Comme tant d'autres choses ici, tout finit par muter, changer ou s'éteindre. Alors j'essaie de me faire discrète même si je dois parfois corriger l'homme avec ces gémissements d'inquiétude qu'il ne peut s'empêcher de pousser. Je veille sur lui, je lui ai déjà dit pourtant. J'ai épargné sa vie quand tant d'autres auraient fait autrement. Que lui faut-il de plus ?
8. Il y a des livres qui jalonnent le sol, comme des cailloux traçant un chemin. Même si je ne saurais pas dire s'ils tentent de nous accueillir ou de nous prévenir. Ils sont vierges, des deux côtés, même si je n'ai pas osé en ouvrir pour en observer le contenu. Ils font un peu comme un nuage de couleur dans cette forêt de gris et de vert. C'est comme si la réalité se craquelait autour de nous au fur et a mesure que nous avançons.
9. La nuit est tombée. Il faisait très sombre jusque là et puis le ciel s'est mis a s'illuminer de plein d'étoiles que je n'avais jamais vues et qui brûlaient d'un feu étrangement proche. L'homme a de plus en plus de mal a domestiquer sa peur. Il a fallu que je tire sur sa laisse à plusieurs reprises. J'entends un cours d'eau, je vais très certainement aller l'y faire boire.
10. L'eau est rouge sous la lumière de la lune. Et la joue de l'homme semble brûler dans l'eau. Il boit, il boit encore, et encore, je suis obligé de l'en arracher de force. Sa poitrine est toute gonflé et il respire difficilement. Je vais le faire dormir un peu, le temps qu'il se calme. Son front est chaud mais j'y ai placé une gourde d'eau fraîche et je lui raconte une histoire un peu tendre en espérant le calmer.
11. Nous y sommes enfin. On m'avais dit que quand j'y serais, je le saurais, je comprend mieux pourquoi aujourd'hui. Les feuilles de l'arbre claquent comme les pages d'un livre, son écorce est recouverte d'une calligraphie mystérieuse et son odeur même évoque un ouvrage un peu ancien qu'on aurait oublié sur un rayonnage ou dans une vieille malle. Enfin les réponses à mes questions ? Je l'espère en tout cas.
12. L'intérieur de l'arbre creux a quelque chose de vraiment poussiéreux. On tousse et on hoquette en progressant dans ces marches de vieux papiers. L'homme que je maintiens toujours assez proche de moi semble avoir changé. À première vue comme ça il n'a rien de différent mais quand je le sens dans l'atmosphère il ne résonne pas pareil.
13. Il y a des créatures à la morphologie atypique ici, dans le grand hall au pied de l'escalier. Elles ont des grandes bosses sur le dos et des mains griffus qui manipulent plumes et encriers. Elles écrivent sans relâche, sans faire le moindre bruit, ni respiration, ni souffle, seul résonne dans l'arbre le bruit de l'encre sur le papier. J'ai essayé de leur parler mais je n'ai eu que le vide pour réponse. J'ai essayé de les toucher mais le contact de leur peau a fini par me donner une sensation de froid assez désagréable. Je réfléchis en passant mes mains dans les boucles blondes de l'homme, comme ses cheveux sont doux au contact.
14. Il y a tant d'ouvrages à lire ici, c'était comme si Millevaux avait récolté tout ce qui se lisait et l'avait camouflé en ces lieux. Livres, notes sur des bouts de papiers, modes d'emploi, inscriptions gravées sur des morceaux de bois, parchemins, tissus cousus les uns aux autres... J'ai dit à l'homme de rassembler les objets qui se ressemblaient. En attendant je lis des choses au hasard en espérant trouver ce que je cherche.
15. Je n'y avais pas porté attention mais le visage de l'homme est différent. Il semble plus doux et plus arrondi. Je ne sais ce qui l'a changé mais le contact de sa peau laiteuse me réconforte quand la douleur qui coule dans mes veines se fait plus insupportable qu'à l'accoutumée. Il a un regard étrange avec sa muselière, ça le rend relativement intéressant à observer.
16. Je crois que j'ai trouvé quelque chose. Une série de poèmes écrits à la main dans un gros carnet qui semblait être de prime d'abord un recueil de recettes de cuisine. On y parle des hommes et d'un mal qui les a changés définitivement. En quoi ? Pourquoi ? Cela reste assez mystérieux. En quelles bêtes étranges les hommes ont-il été changés ?
17. L'homme s'est mis à chanter. C'est la première fois que j’entends sa voix en dehors de quelques cris rauques, parfois plaintifs et gémissants. En le regardant ramper au sol comme un animal je n'aurais pas imaginé une voix aussi mélodieuse. Je ne comprend pas la langue dans lequel il chante mais ça a quelque chose qui vous saisit tout de suite. Une sorte de chanson d'amour très nostalgique. Quelqu'un qui pleure quelque chose de perdu sans regret ni rancœur mais avec tristesse.
18. J'en sais un peu plus désormais sur ce qui s'est passé avec les hommes. Il est dit ici qu'un village de femmes a souhaité vivre en dehors du monde des hommes, sans eux. Et que certains hommes qui en ont appris l'existence sont tombés dans une rage folle et se sont mis en tête de détruire ce village.
19. Nous somme là depuis longtemps. Combien de temps ? Je ne sais plus. Je continue à lire. Ça parle d'une plante : l'orgone. Elle aurait été utilisée et diffusée dans les cours d'eau pour détruire les hommes. Mais je ne comprend pas ce sens de « détruire » cela semble incohérent avec une partie du texte.
20. Il se passe quelque chose de bizarre ici. L'homme qui me suivait jusqu'à présent, l'homme que je tiens en laisse en muselière pour me préserver de sa sauvagerie. On dirait que sa poitrine a poussé dans des proportions assez conséquentes. Il me regarde avec des yeux interrogatifs et je ne sais pas trop quoi dire. J'ai envie de retirer sa muselière mais j'ai peur de ce que je pourrais découvrir.
21. J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à me souvenir d'un détail d'enfance même insignifiant. Pas de jeux, ni d'ami.e.s, ni d'adultes autour de moi.... Comment peut-on grandir si on a oublié l'enfance ? Comment vieillir si on a oublié ce que c'était que l'insouciance et l'apprentissage de la mort ?
22. J'y vois enfin plus clair. Les hommes n'ont pas disparu, ils ont muté. Évolué ? Évolué serait le bon terme ? Les textes parlent d'un envol comme celui d'oiseaux et j'ai un temps pensé qu'ils s'étaient changé en animaux mais c'était juste une image…
23. Je me suis enfin décidée à retirer la muselière de l'homme. Il n'a plus rien d'un homme... Je ne vois qu'une femme effrayée par un corps qu'elle ne comprend pas. Je l'ai déshabillée et lavé son corps longuement d'une fange qui a imprégné sa peau et lui a servi de coquille pour renaître sous cette nouvelle forme. Demain, je la présenterai aux autres mères et leur détaillerai le résultat de mes recherches. Les hommes s'ils en restent n'en ont plus pour très longtemps et finiront par nous rejoindre. Je ne sais si c'est une pensée rassurante ou effrayante...
Commentaires de Thomas :
Salut Frédérique !
Un grand merci pour ce compte-rendu ! J'ai plusieurs questions et commentaires :
A. As-tu utilisé un jeu précis ou as-tu fait du freestyle ?
B. J'aime bien que tu décrives l'orgone comme une plante :)
Réponse de Frédérique :
A. Je suis juste partie du principe d'écrire une entrée par jour mais j'aimerais bien utiliser des systèmes minimalistes à l'avenir comme tirage de thème ou séries de questions (mais très simple je pense que le RP écrit est peu soluble dans les processus trop élaboré)
B. Marrant je l'ai souvent joué comme ça en mode « fruit du jardin d’Éden » ou quelque chose de proche
Thomas :
A. Je crois que j'ai ce qu'il te faut : la collection Nervure sur Chartopia
Frédérique :
A. Cool pour Nervure, je note pour mon prochain RP. Je cogite à un délire d'être hybride entre humain et horlas. Après avoir abordé l'idée du genre je me dis que parler de la figure du métis ce serais cool.
Commentaire de Claude Féry:
Nervure est vraiment chouette
Thomas :
Je viens de compléter la collection Nervure avec une table aléatoire de portraits. Je dois encore finaliser la version jeu de cartes, mais déjà le jeu est complet au web sur chartopia :) [note du 07/06/22 : depuis le jeu a été finalisé, dispo en jeu de cartes au format PDF et en format numérique sur Chartopia : la page de Nervure]
Hors ligne
Pages : 1