<![CDATA[Terres Etranges / [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> 2023-04-19T14:55:01Z FluxBB https://www.terresetranges.net/forums/viewtopic.php?id=1161 <![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LES MORTES DANS LES PAS DES VIVANTES

Une expérience de table ouverte en textuel jouée pour un périple au cœur de l’au-delà.

(temps de lecture : 14 min)

Joué entre octobre et décembre 2021 sur le discord Millevaux

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux


Avertissement : contenu sensible (voir après l'image)

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Tuomas Puikkonen, cc-by-nc & claude Féry, libre de droits


Contenu sensible : meurtre, cannibalisme


Le concept :

Tout a commencé avec des questions orientées que je posais aux nouveaux et nouvelles dans le discord Millevaux, comme un mini-roleplay d'introduction. Vu leur petit succès, je me suis dit que les habitué.e.s du discord étaient mûr.e.s pour une petite partie d'Oriente en commun. Le principe était simple, chacun.e tirait une question, y répondait, puis c'est la prochaine personne qui passait sur le salon qui pouvait tirer la question suivante et y répondre, jusqu'à la fin du jeu. Le lien pour voir les questions est le suivant.

Des ressources utiles (notamment portraits et questions supplémentaires) pouvaient être trouvées dans la collection Nervure sur Chartopia

Au lieu de prendre leur tour de question, les participant.e.s pouvaient aussi poser une question à une joueuse précédente. Elle y répondait peut-être après que quelqu'un ait déjà lancé une nouvelle question, mais avec la fonction « répondre à » de Discord, on pouvait suivre plusieurs conversations.


L'histoire :

Grace :

« Oriente connaît la langue putride. Qu'est-ce que vous en concluez ? »

J'en conclus qu'on est mal barrés. Quand je l'ai entendu.e parler à un arbre dans cette langue, je me suis dit : « flûte notre guide est soit un horla, soit un.e sorcier.e, soit une bête« 

(et voici Grace, mon personnage)

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020_Eric Parker, paulo brabo, cc-by-nc, sur flickr.com


Maugre :

« Moi je pipe que trique, Oriente l'a toujours été un peu barge dans son genre alors qu'il se mette à grogner, renifler et même pisser contre un arbre... 'Crois-tu donc pas que ça m'surprend guère. Eh ? Et d'abord... Si s'té ty langue ça, comment qu'tu la r'connais ? T'serais pas un peu sorcier aussi ? »


Grace :

Je suis ni sorcier, ni sorcière. Je suis juste en relation avec les vibes de la nature. Tu peux pas comprendre, enfin je crois.


La vieille aveugle :

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zilverbat, cc-by-nc, sur flickr.com

« Qu'avez-vous fait dans la fosse que vous avez trouvée au fond de la forêt ? »

J'ai maudit la pourriture qui m'a privé de mes yeux quand j'y suis tombé. Après des jours de marche à boire l'eau de rosée et manger des vers de bois, j'ai maudit cette forêt et toustes ses les habitant·es . Après qu'Oriente a jeté un tronc sur lequel j'ai pu grimper, j'ai maudit Oriente et ses suiveuses. Puis je les ai suivi.


La marchebranche :

Qu'est-ce qui te fait plus peur encore que cette découverte, assez pour que tu suives malgré tout Oriente encore quelques temps au moins ?

Quel est le dernier souvenir visuel qui hante encore ta mémoire malgré l'oubli ?


Maugre :

« Quelle croyance Oriente vous a mise en tête ? »

Par la Trique-Du-Très-Saint-George ! Oriente y sait par-dieux ! Y sait ! Qu'y soit sorcier s'rait pas si estonnant. Alors pas de question on suit et 'ferme nos claques-maux. Très-Sainte-Gueuse, a-t-on assez salive à gaspiller ?

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aftab, cc-by-nc, sur flickr.com


Grace :

Parce que j'ai surtout peur qu'Oriente m'abandonne. Parce que je l'aime.

« Contre quel être ou choses avez-vous vu Oriente reculer ? »

Contre la caste des veilleurs. Ceux qui vouent leur vie à la lutte contre les horlas. Il y avait cette femme avec son œil magique. Il l'a fait reculer. Tout concourait à dire que ça fait d'Oriente un suppôt des horlas. Mais est-ce que ça veut dire que les horlas sont les méchants et les veilleurs les gentils ?
(j'ai pas encore mis de portrait pour Oriente mais çà commence à me plaire qu'il y en ait pas)

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Tuomas Puikkonen, cc-by-nc & claude Féry, libre de droits


La marchebranche :

« Qui vous a proposé de remplacer Oriente ? »

Au croisement de chemins à peine visibles, une autre marchebranche a toisé notre groupe pendant longtemps. Il lui manquait un doigt, trois dents et probablement  une case, mais elle nous a proposé avec aplomb de la suivre elle plutôt qu'Oriente. Certain.e.s d'entre nous l'ont suivie. Parfois je me demande si j'ai fait le bon choix


Grace :

En même temps elle inspirait la confiance


Maugre : :

Et pourquoi cet'chose là ? 'Tourne ta caboche. Qu'est-ce crois-tu quel'a qu'Oriente l'a pas ? Et qu'est-ce-sais-tu qu'Oriente l'a et quel'a pas ?

Oriente y veut êt' suivi. Et les veilleurs y veulent êt' barassés des horlas. Toi, tu veux quoi ? Qu'Oriente y t'aime ? Alors quoi qu't-en fais d'ces veilleurs ? Des gentils ou des méchants ? Et... quoi qu'tu fais d'toi ?


Grace :

Je t'avouerai que ça m'a chamboulé de voir que les veilleurs en avaient après Oriente. Si jamais Oriente est un horla ou un serviteur des horlas, je sais pas si je dois l'aimer. En même temps, qu'est-ce qu'on en connaît des horlas ? C'est peut-être juste la preuve qu'ils sont pas tous méchants. Enfin, pas tous comme ce...


La voleuse de souvenirs :

« Vous avez volé un souvenir d'Oriente. Lequel ? »

Arbre qui dansent, ondulent et craquent, taches de lumière sur les feuilles glissantes. Iel court dans le fond du sous bois.
L’œil magique de cette veilleuse l'a acculé dans un lieu de la forêt qu'iel ne connaissait pas
Le regard des arbres brûle sa rétine et lui fait peur.
La caresse des branches lea rassure.
Fuir la douleur ?
Se blottir dans l'humus protecteur ?
Deux contradictions qui forgent la course d'Oriente


La marchebranche :

Je pense que l'autre marchebranche connaît le chemin qui pourrait me ramener chez moi.
Mais je sais qu'Oriente a l'attrape-rêve ensorcelé qui m'évite les cauchemars de mon passé. Elle continue de dire que c'est pour mon bien, mais j'espère quand même le récupérer.


Grace :

« Qu'est-ce qui a changé depuis le début de votre périple ? »

Tout le monde. Tout le monde change de corps et d'attitude. Seul Oriente demeure.


La marchebranche :

Avec qui as-tu partagé ces impressions ? Quelle a été sa réaction ?


la voleuse de souvenirs :

J'en ai parlé aux suiveuses d'Oriente.
Voleuse d'un fragment important de son esprit, il fallait que je me confesse. Mais j'avais peur qu'en en parlant à Oriente iel me rejette.
J'ai donc filé le fallacieux chemin des suiveuses et sur la sente sans arrêt soumise à leurs sentiments, je leur ais confié mon vol.
Les suiveuses m'ont comprise.
Dans un premier temps parjure d'Oriente, elles le maudirent. Mais maintenant elle le suivent pour abjurer.
Elles m'ont donc proposé de devenir suiveuse.
Mon esprit tremble à l'idée d'intégrer une communauté.... Je doute d'en être capable


Maugre :

Que s'est-il passé quand vous avez faussé compagnie à Oriente ?

°Datura...°, Maugre s'était attardée un moment, un bref moment, pour recueillir cette plante utile. Oriente n'était plus là. Oriente avait toujours été là. Oriente c'était comme un gaz puissant et vital qui occupait l'espace de son existence. Cet élément évanoui, l'angoisse s'infiltrait, aspirée qu'elle était par ce vide, et avec elle comme la conscience aiguë de perdition, la perte de toute volonté, de tout repère... de toute direction. La perte de toute espèce de motivation exceptée cette vérité écrasante : dans la forêt comme dans le désert, toutes les directions se valent. « ???????, ? ????. »


Grace :

« Pourquoi trouvez-vous sur votre chemin des marquages de direction semblables à ceux qu'utilise Oriente ? »

Parce que nous remontons dans le temps. Je ne vois pas d'autre explication

« Comment Oriente s'occupe du campement ? »

Avec amour. C'est la chose qui fait que je ne doute jamais de lui tout à fait. L'attention avec lequel il entretient le feu. Le soin avec lequel il dispose les couchages. Les précautions qu'il prend avec chacune de nous.


La marchebranche :

« En quoi les choses deviennent vraiment étranges avec Oriente dans cette forêt ? »

Plus aucune direction ne fait sens. La fin d'un chemin rectiligne peut être le début de ce chemin, tourner toujours dans la même direction ne fait jamais faire un tour complet sur soi-même.
Nous nous déplaçons à travers le temps plus qu'à travers l'espace. Ou à travers nos mémoires. Les marques étranges et les visions qui nous assaillent ne peuvent indiquer que cela.


Grace :

« Pourquoi Oriente se montre vulnérable seulement avec vous ? »

Parce que je suis la seule à le voir tel qu'il est vraiment. Les autres voient en lui un horla, un psychopompe, un manipulateur qui les garde sous son emprise et les égare dans l'espace et dans le temps. Vois je le vois tel qu'il est vraiment. Un enfant perdu qui a besoin d'aide et que je le tienne dans ses bras.


La marchebranche :

Qu'as-tu appris lors d'un de ces moments de vulnérabilité que tu n'as pas encore osé raconter à d'autres suiveureuses?


Grace :

Que vous êtes déjà mortes

« Vous avez demandé à Oriente qu'une personne vous suive et Oriente a accepté. Pourquoi ? »

La vieille aveugle. On l'a trouvée dans un charnier. J'ai dit à Oriente de la remonté et elle a accepté parce que c'était visiblement une morte. Une bouche inutile que sa famille avait abandonnée là. Et la part de sa vision durant sa mort la rendait médiatrice entre le monde des morts et des vivants.

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zilverbat, cc-by-nc, sur flickr.com


La vieille aveugle :

à Maugre :  Quel marché noir de la mémoire les suiveuses ont-elles institué à l'insu d'Oriente ?

(Surtout ne pas les détromper : des fantômes superstitieux comme des écureuils de l'année, c'est ma veine, mon répit... »)


Maugre :

'n'a tous un peu trop d'quelqu'chose et trop peu d'aut'chose. y'en a qu'ont trop vu qu'ont plus d'espoir, d'aut' qu'ont des rêves 'qu'sont pas armés pour s'réaliser. 'Pis y'a bein quelqu'un qu'a un attrape-rêve qu'pourrait nous arranger. Ouais, 'pis moi 'des creux, 'des pleins, 'bien vécu, 'plus rien à accomplir, 'suis juste Oriente. Si j'ai 'core une chose à faire, Oriente y sait. N'empêche, j'voudrais bien me rappeler du goût qu'ça a... un rêve. J'pourrais bein troquer un p'tit bout d'mémoire pour ça. 'Juste une fois.


Grace :

« Pour qui ça se passe plus mal que pour vous ? »

Pour la nouvelle intégrée, La voleuse de souvenirs se sent très mal dans la communauté, j'ai l'impression. Je pense qu'elle n'accepte pas son sort, mais elle le devine parce qu'elle a compris ce que nous étions. Des âmes mortes en quête du Léthé.

« Quelle est la pire chose que vous avez dû faire avec Oriente pour survivre dans la forêt ? »

Et bien, bien que nous soyons mortes, nous avons besoin de nous nourrir, si nous ne voulons pas nous consumer dans des souffrances intolérables. Je ne veux pas m’appesantir sur ce que nous avons du manger.


La marchebranche :

« Pourquoi feriez-vous confiance à Oriente alors que ce n'est pas un.e professionnel.le ? »

Parce que je ne suis pas la seule à la suivre. Parce que notre bande hétéroclite et improbable paraît plus forte face à la forêt.
Parce que je ne veux pas être seule à pourrir entre les racines d'un arbre, et que c'est seulement ensemble que nous avons la force de marcher.


Grace :

« Vous rappelez-vous de votre point de départ ? »

Oui, mais je ne sais pas pour les autres, moi je ne veux pas m'en rappeler. Ma vie d'avant pèse trop lourd, et j'espère bien qu'une fois arrivée à destination, une fois au bois des morts, je l'oublierai.


Maugre :

« Qu'a dit ou fait Oriente qui vous a semblé un éloge de l'Errance ? »

Errer ? Vivre à titre d'expérience ? Égrainer les pas sans autre but que voir ce qui va se passer ? De Maugre mémoire, la forêt aux côtés d'Oriente avait toujours été la même ; chaque élément de cet environnement nébuleux était flou, indistinct et indigne d'intérêt ; de ce domaine crépusculaire, Oriente et ses suiveuses étaient les seuls corpuscules réellement tangibles, la seule et frêle attache empêchant la dérive ; - prêter l'oreille au hululement d'une sirène ? C'était ne plus écouter les sages recommandations d'Oriente. - Fendre d'un regard lumineux les ombres boisées et irradier de son attention les doigts spectraux du branchage ? C'était déjà se détourner du Guide. - Tendre la main, donner réalité, chaire et sève à l'objet le plus fantomatique et insignifiant du décors ? C'était à jamais lâcher le cordon et s'abîmer soi-même hors du sentier. Dire ou faire l'éloge de l'Errance ? Mais Oriente était le Dithyrambe jaloux et voleur de l'Errance ; lui-même la vivait, la respirait, la chantait, mais en même temps il se la réservait et la grimait du « Pour » dans la mise en scène qu'il présentait à son publique ; ainsi, avait-il dérobé à Maugre jusqu'à l'Idée même de l'Errance et lui substituait cette verroterie chatoyante mais illusoire : une destination, le bois aux morts.


Grace :

« Quelle bête vous suit partout ? »

Le souvenir de qui j'étais de mon vivant. La personne maigre qui vivait à l'intérieur de moi. Je lui jette des pierres quand elle s'approche de moi.


la voleuse de souvenirs :

« Quelle est la vérité que vous cache Oriente ? Et de votre côté ? »

Oriente dit ne pas savoir où iel va, iel prétend errer dans un indistinct emmêlement de  souvenirs, de lichen et de branches mortes. Pourtant, au plus profond des pales pupilles qui parent son portrait, je sens qu'iel sait où le sentier nous emmène. Iel cherche un lieu. Peut être s'est iel convaincu?e ellui même de la chatoyante verroterie qu'iel a présenté à Maugre. Peut être suit-iel d'autres plans. J'ai hâte d'atteindre ce lieu. Peut être y trouverais-je enfin une place dans la communauté.

De mon coté, ce que je cache est enfoui sous les cendres d'un vieux feu humide.
Un cercle, des silhouettes allongées, des vêtements rabougris.
Une lumières, des bouches, des yeux avachis.
Un lien, des chants, une communauté meurtrie.
Ce lieu de ressassement, je ne veux plus le voir, je ne veux plus en parler, je le fuis.

(je me suis permise de Xcarder la question : « Qui Oriente a dû torturer ? Pourquoi l'avez-vous aidé ? » qui me mettait un peu mal à l'aise et je suis passé à la suivante)


Grace :

« Qui de vous ou d'Oriente a le plus perdu son humanité ? »

J'espère bien que c'est nous. Que nous avons perdu les oripeaux de toute humanité. Oriente en a encore besoin, de son humanité, pour nous montrer le chemin, pour nous ouvrir la porte, pour qu'on nous laisse entrer à sa demande, dans la forêt des morts, là où est vraiment notre place, là où réside notre repos, derrière les murailles de l'oubli qui enfin nous sépareront de notre vie passée de souffrance et de culpabilités. Moi, je n'aspire qu'à une chose, me débarrasser un à un de chaque sentiment comme d'une mue trop lourde. Qu'à m'abandonner totalement en toute confiance à mon sort, qu'à une dernière fois mettre mes pas dans les siens et me rapprocher, sinon du ravissement, au moins de la consolation qu'apporte la fin. Je tiens la main de mes sœurs, je vois leurs silhouettes de moins en moins distinctes et je les aime d'autant plus que l'heure des adieux se rapproche, non pas adieu à leurs présence, mais adieu à tout lien qui nous unit.


La vieille aveugle :

« Vous avez volé un souvenir d'Oriente. Lequel ? »

Dans la routine des soirs humides et froids, des repas de glu d'herbe, un jour, alors que je m'étais écarté pour aller, j'ai entendu Oriente arpenter un coin de fougères, de rocs et de limon. Tapi, je l'ai épiée et quand elle est partie, j'ai trouvé la source.
L'eau boueuse a bientôt laissé la place à un filet clair et chantant. Je l'ai gardé pour moi, toute la nuit j'y suis revenue en cachette, emplissant mes joues, mes entrailles mes cellules, et une section de tronc pour le trajet.
Depuis, je savais où l'eau coulait tous les soirs, avant que je ne donne le secret à une malade. Elle va mieux, et elle la garde pourtant. Et moi, je cherche sans plus trouver. Je crois qu'Oriente s'en doute.

La connaissez-vous ? Vous en doutiez-vous ?


Grace :

Je connais cette malade et de jour en jour je l'ai vue reprendre des couleurs, alors en l'épiant j'ai compris qu'elle avait volé le souvenir de la source à Oriente. Elle redevient vivante et Oriente s'étiole. J'hésite entre annoncer la vérité à Oriente ou tuer cette guérie pour conjurer le mauvais sort.

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whatsthatpicture & Keith M Avery, cc-by-nc, sur flickr.com

« Qu'est-ce qui vous ferait renoncer à votre destination ? »

Ce serait que je redevienne vivante. La forêt des morts n'est un paradis que pour les morts, et un enfer pour les vivants. Ce serait qu'Oriente meure. Iel ne pourrait plus nous ouvrir le passage sans risque. Hier, j'ai tué la première communiante. Je lui ai enfoncé une hache dans le crâne. Tout va rentrer dans l'ordre à présent.

« Qu'est-ce qui vous pourchasse ? »

Les vivants et les vivantes qui ne veulent pas que nous partions. Ma fille qui ne veut pas laisser filer la personne qui l'a élevée. Nous devons jouer de mille ruses pour effacer nos traces dans la sylve. Nous marchons dans des pierriers ou nos semelles ne marquent pas. Nous nous enlisons dans des vasières où la boue se referme sur notre passage. Nous nous couvrons de croûte terrestre pour masquer notre odeur. Mais j'ai toujours l'impression qu'elle rôde à la limite de mon champ de vision, elle et les proches de mes camarades.

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Bob Jagendorf, eric schepers, road less trvled

« À quel événement pas naturel Oriente évite de vous donner une explication ? »

La vieille aveugle a retrouvé la vue. Elle dit que la forêt des morts est un gouffre. Oriente se tait sur tout cela. Devons-nous tuer la vieille aveugle maintenant qu'elle voit et dit des choses qui nous affolent ?

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zilverbat, cc-by-nc, sur flickr.com

« Qu'est-ce qui vous donne des frissons chez Oriente ? »

Sa peau, parce qu'elle est de plus en plus en froide
Et parce que je l'aime
Et parce que j'ai peur de le perdre
Et parce que j'ai peur qu'il nous perde


La vieille aveugle :

« Quel est le lien qui vous unit à Oriente au-delà du simple voyage ? »

Elle m'a tué et caché, et la troupe des suivantes a eu à manger pour des jours. Des jours de camp et de fête.
C'est comme ça qu'elles sont arrivées à destination.
Ça m'a pris du temps pour comprendre, mais maintenant je sais que ce n'est pas un hasard, qu'il fallait en passer par là. Je ne leur en veux pas. La seule chose que je regrette c'est de ne pas avoir pu y goûter. La prochaine fois...

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Philippe Put, cc-by


Grace :

« Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ? »


La voleuse de souvenirs :

Je veux atteindre le lieu promis par Oriente. Cependant, son chemin est pavé de souffrance pour moi. Je continue ma marche chancelante derrière Oriente. J'espère voir un jour ce que je cherche, j'espère un jour que je ferais mienne cette communauté. Mais je sais au fond de moi qu'il est plus sur que je me perde sur ce long chemin, que je chute dans une fondrière et que la colonne passe sans se retourner comme ma vie a passé, trop vite et sans regard


La marchebranche :

Je suis Oriente, parce que c'est la colonne qui la suit que je suis. Parce qu'il n'y a qu'ensemble qu'on peut atteindre cet autre monde qu'on nous a toujours promis. Parce qu'ensemble, on peut arriver à suivre Oriente, étoile polaire dans l'enfer sombre de la forêt. Parce qu'ensemble on va loin, alors que seul·e on ne va nulle part.


Grace :

[J'aime tellement la polysémie de « Je suis Oriente »]

Je ne suis pas Oriente car nous sommes arrivées au portail de la forêt des morts. Je vais y entrer et Oriente va rester à la porte. Adieu mon aimé. Je ne t'oublierai jamais.


Bilan :

Merci d'avoir participé à cette expérience d'Oriente en asynchrone !

C'était intéressant mais j'ai vu aussi quelques limites, une participation erratique et une difficulté commune à rebondir sur les propositions des unes et des autres. Petit souci aussi avec l'application for the drama. Si c'est super pratique pour l'asynchrone d'avoir ce deck de cartes en commun, le truc c'est que la fonction partie courte (que j'avais sélectionnée) distribue un pourcentage des cartes et non un nombre de cartes données. Or, comme Oriente a presque deux fois plus de cartes que Pour la Reine, ça a fait un gros nombre de cartes quand même et du coup la partie s'est un peu inutilement étirée en longueur.
Après, je pense pas que ce soit gênant malgré toutes mes remarques, ça peut aussi être le plaisir de l'asynchrone, voir un truc se dérouler chill sans injonction à l'intensité.

Maintenant qu'Oriente nous a conduites à bon port, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un joyeux Noël !
   

Joueur de La vieille aveugle :

Bien agréable de mon côté cet engagement élastique. Pour gagner en vitesse de rotation, systématiser le fait de partir en laissant une question ?

Je m'excuse pour le cannibalisme inopiné, je m'en suis rendu compte après coup, mais j'aurais dû rester plus flou, plus ouvert.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LA FORÊT SUBCONSCIENTE

Le final d’une campagne steampunk cafardesque joué avec Oriente, pour un climax introspectif et onirique. Un récit par Damien Lagauzère.

(temps de lecture : 4 min)

Joué le 13/10/2019

Le jeu principal : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux


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Bob Jagendorf, cc-by-nc


Le contexte :

Salut, ayant joué la dernière partie de ma campagne de La trilogie de la crasse / SteamShadows/ Eat your darlings/ Cabeswater / Ich und meine maske avec… Oriente, je t'envoie cette dernière partie ^^


L’histoire :

Je n’ai jamais vu Oriente reculer face à quoi que ce soit. En vérité, je n’avais jamais vu Oriente avant ce jour. Pourtant, je le reconnais. J’ai fui le 2nd Cercle des Horreurs, pourchassé par un Draugr. Je ne suis plus moi-même. La vision qu’il m’a infligé m’interdit désormais de remplir ma mission correctement. J’ai réussi à m’échapper du 2nd Cercle mais je ne suis pas pour autant retourné à Londres. Je suis ici, dans cette forêt, avec Oriente. Il va m’aider. Il va me guider. Grâce à lui, je vais retrouver mon chemin dans cette forêt… jusqu’à Londres et aussi jusqu’à la sérénité.

Oriente m’interroge quant aux motifs de mon voyage. Je ne lui cache rien. Je suis un Cafard déguisé en humain. Je me suis réfugié dans ce Londres victorien afin d’étudier ce que je pensais être les « autres » mondes des morts, les alternatives à la Plage des Cafards. En réalité, il s’agissait des Cercles des Horreurs. Alors, j’ai accepté la proposition d’une Steamshadow et me suis mis à chasser les Horreurs, en profitant pour explorer leur territoire. Mal m’en a pris. Le Draugr a été plus fort que moi. Je ne cesse de penser à cette horrible vision de mort qu’il a imprimé dans mon âme. C’est d’elle que je dois me délivrer. Je compte sur Oriente et notre voyage pour y parvenir.

Je ne comprends pas bien le sens de la proposition d’Oriente. Pourquoi envoyer une personne naïve à la recherche d’une proie imaginaire alors que nous ne sommes que tous les deux ? Mais, ce doit être une sorte de métaphore. Est-ce que cela signifie que ma quête est, ou fut, celle d’une personne naïve à la recherche d’une proie imaginaire ? Est-ce que cela veut dire qu’il n’y avait finalement rien au bout de ce chemin que j’avais emprunté ? Était-ce une naïveté de ma part que de penser qu’il y avait un autre monde des morts que la Plage des Cafards ? Peut-être que tout ça n’est qu’une leçon que me donne mon Maître ? Alors, non ! Je refuse. Pas la peine de faire perdre son temps à qui que ce soit, ni d’abuser de la naïveté d’autrui. Je crois que je viens de mettre un point final à ma propre quête finalement. Et si, une fois de retour à Londres, je renonçais à tout ça pour, simplement, reprendre ma place à la Plage ?

Éloge de l’errance… Oriente n’est pas très bavard. Mais des fois, il parle. Ou plutôt, il explique, il s’explique. Il doit bien voir quand je ne comprends pas les motifs de ses actions. Alors, à sa façon, il m’explique. Et je crois que je comprends. En fait, je me rappelle que cette forêt n’a rien de réel. Enfin, je le pense. Pour moi, elle n’existe pas vraiment. Elle est un produit de mon imaginaire traumatisé par le Draugr. Oriente est mon guide mais il n’est peut-être finalement que la partie encore rationnelle de mon être, cette partie sensée m’aider à y voir plus clair, à retrouver on chemin, à me retrouver moi-même. À moins, qu’il ne soit qu’une émanation de mon Maître ? En tout cas, Oriente ma clairement fait comprendre que cette errance dans les bois avait pour but de me permettre de cheminer avant tout en moi-même et de me purger de cette terreur que le Draugr a enfouie au plus profond de moi. À ce moment-là, nous sortirons de la forêt. Mais en attendant, que notre voyage soit le plus agréable possible…

Évidemment que je me rappelle de mon point de départ ! La Plage ! J’ai fui la Plage, convaincu que mon Maître considérerait comme une hérésie passible de mort ma quête d’un autre monde des morts. C’est pour ça que je me suis caché dan ce Londres alternatif. Et mon point de départ pourrait s’avérer être mon point d’arrivée finalement.

La nuit, pendant qu’Oriente monte la garde, je dors. J’en profite. Je me repose dans tous les sens du terme. Je me repose de nos longues heures de marche. Et j’en profite aussi pour ne plus penser à rien. Je me repose sur… Oriente.

Oriente se montre vulnérable car il veut que je comprenne que c’est là une caractéristique fondamentalement humaine. Je suis un Cafard, certes, mais contrairement à beaucoup de mes semblables j’ai développé une certaine humanité. Et je dois me rappeler ce que comporte cette humanité. Oriente est une part de moi ou une part de mon Maître qui se trouve en moi. C’est une expression, une projection de mon… Inconscient, de mon Surmoi ? Je ne sais pas trop. Mais il est une facette de ce que je suis que je ne dois pas oublier, ni négliger. Cette vulnérabilité n’est peut-être pas une faiblesse finalement. Et peut-être que ce voyage a pour but de m’en faire prendre conscience et ainsi affronter la terreur du Draugr.

Et je me rend compte que je me perds dans des considérations pseudo-psychologiques… Est-ce là la preuve que je me rapproche des humains ? La preuve que je libère de quelque chose ? Que j’accède à quelque chose ? Je n’en sais rien. Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression que c’est Oriente qui me conduit à ces réflexions. Alors, certes il n’a rien d’un aliéniste tel qu’on en trouve une multitude à Londres mais j’ai finalement plus confiance en lui qu’en eux. Cela signifierait que, finalement, j’ai peut-être plus confiance en moi que je ne le croyais.

Et voilà, c’est maintenant ! Oriente semble satisfait de notre dernier échange. Je ne m’en étais pas rendu compte mais nous sommes maintenant arrivés à un carrefour décisif. Je peux maintenant poursuivre seul mon chemin et regagner Londres puis, peut-être, si l’envie m’en prend, la Plage. Ou alors, si je le souhaite, Oriente est prêt à me servir de compagnon de route pour autant de temps que je le souhaite. Mais, ce serait abuser de son temps justement. Et peut-être que d’autres « naïfs » ont besoin qu’on les guide, qu’on les éloigne de leurs proies chimériques ? Non, je vais continuer seul maintenant. Je sens la proximité de Londres plus que je ne vois la capitale mais… Je sais où et comment y aller.

Je remercie Oriente. Je ne lui dis pas adieu car il sera là, quelque part, au fond de moi, mon guide dans la forêt…


Commentaires de Thomas :

A. As-tu choisi un portrait pour Oriente pour cette partie ?

B. « Était-ce une naïveté de ma part que de penser qu’il y avait un autre monde des morts que la Plage des Cafards ? »

Un autre monde des morts est possible :)

C. « En fait, je me rappelle que cette forêt n’a rien de réel. Enfin, je le pense. Pour moi, elle n’existe pas vraiment. Elle est un produit de mon imaginaire traumatisé par le Draugr. Oriente est mon guide mais il n’est peut-être finalement que la partie encore rationnelle de mon être, cette partie sensée m’aider à y voir plus clair, à retrouver on chemin, à me retrouver moi-même. »

Je trouve intéressant cette idée qu'en fait on est dans l'inconscient du personnage et qu'Oriente n'est qu'une projection de son inconscient censé le guider :)

D. C'est intéressant que tu ne recopies pas les questions du jeu. Du coup, la narration est fluide et sans méta, plus immersionniste et/ou littéraire.

E. C'est très introspectif comme climax et finalement il n'y a aucune péripétie. Mais je suppose qu'on retrouvera Oriente plus tard, dans d'autres campagnes, dans d'autres situations conflictuelles...

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LA PORTE

Le héros n'a jamais été aussi proche d'accéder à la réalité. Une partie solo par Damien Lagauzère, avec ce crossover entre les jeux Oriente et Mantra !

(temps de lecture : 30 min)

Joué en solo le 17/08/2019

Le jeu Millevaux principale de cette séance : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Le jeu principal non-Millevaux de cette séance : Mantra 2, le jeu de rôle de multivers le plus psychédélique de tous les temps, par Batronoban et Nina François-Luccioni

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Jaan, cc-by


L’histoire:

    La Magicienne s’est bien foutu de moi. Cette Bille était trop bizarre. J’émerge… Je sais pas où. On dirait un décor de film de SF, genre 2001 ou un truc dans le genre. Ça ressemble à une station spatiale. OK, on va pas tourner autour du pot. C’est une station spatiale. Qu’est-ce que je fous là ? tout est super high-tech et je ne suis pas du tout un astronaute moi ! Alors, est-ce que je vais devoir encore gober des Billes pour obtenir une explication ? Pas forcément, dans ce genre d’endroit, il y a toujours une IA plus ou moins bien intentionnée qui gère à peu près tout sauf… sauf ce pour quoi les humains sont là. Et moi alors, pourquoi je suis là ?
    L’IA s’appelle le Jovien, en référence à Jupiter puisqu’elle a été programmée selon le modèle de personnalité typique des habitants de cette planète. Et en quoi c’est typique ? Parce que, à l’origine, ces êtres gazeux ont émergé à la conscience à partir du moment où l’un d’entre eux à eu la sensation d’une différence de « pression » entre lui et son environnement. Il a ensuite évolué, développé sa conscience de soi et commencé à interagir avec son environnement en manipulant les différences de pression entre lui et l’ensemble de gaz dans lequel il baignait. Il s’est finalement reproduit par une sorte de parthénogenèse, faisant apparaître une seconde zone de pression gazeuse identique à la sienne et donc différente du reste. Ensuite, il y eu de multiples parthénogenèses et fusions pour créer de nouveaux être, de nouveaux Joviens. Les Joviens ont développé une culture particulière puisqu’elle est entièrement non-technologique. Ils ont atteint un haut degré dans ce que nous appelons la philosophie et même dans les arts, dès lors qu’on considère comme art les manipulations gazeuses auxquelles ils se livrent. Mais, sur le plan intellectuel, ce qui a motivé qu’on les prenne pour modèle dans la programmation d’IA, c’est leur indépendance et leur autonomie qui virent, chez certains, au solipsisme. En effet, certains Joviens considèrent être les seuls représentants de leur espèce. En cela, les autres leur apparaissent comme des projections de leur inconscient et les autres espèces avec lesquelles ils ont l’occasion de communiquer sont pour eux non pas réels mais de simples jeux d’esprit. Ainsi, aborder les choses de cette façon confère aux IAs des qualités appréciées par certains commanditaires comme ceux de la fondation Eurydice.

    Eurydice, ça me dit quelque chose ça ! Dans cette vie ou dans une autre… C’était dans une autre évidemment. Mais Eurydice n’était pas le nom d’une fondation. C’est juste… une fille ! Paumée, moitié folle et moitié toxico. Accro à la Bille elle aussi, non ? On dirait qu’elle va mieux et qu’elle a fait du chemin. A moins, à moins que dans une perspective jovienne, cette fondation ne soit qu’un jeu de l’esprit, l’esprit d’Eurydice. Tout ça ne serait que l’émanation de son subconscient dans laquelle la Bille de m’aurait projeté ? Alors, elle en dit quoi l’IA ?

    L’IA dit que je suis ici car j’ai un travail à accomplir. Je dois protéger la Gate. Et je demande pourquoi elle ne peut pas s’en charger seule. Et elle me répond qu’il faut des bras et des jambes pour certaines tâches. Jusqu’à un certain point, ça tient la route. Mais c’est quoi la Gate ? Un écran s’allume et me montre l’espace.
    La Gate est ce que les scientifiques appellent une singularité. C’est une sorte de trou noir. Une sorte seulement. Ce n’est pas un trou noir comme on les conçoit d’une manière générale, même si ça y ressemble beaucoup. La différence entre ce trou noir et les autres est que celui-là, quand on tombe dedans, on finit pas étiré comme un spaghetti. Non, on se retrouve… ailleurs. Et là, je pense au Méta-Monde. Je demande à l’IA si c’est ça. Si cette singularité me permettrait de percer le mystère des camps de Cheval du Diable. Est-ce que de l’autre côté se trouve la réponse à cette question ? Est-ce que traverser la Gate me permettrait de savoir de manière définitive si je suis un être réel ou de fiction ? Et si Eurydice a créé cette fondation, c’est peut-être qu’elle se pose la question elle aussi. Ou peut-être qu’elle a eu une vision ? Et peut-être que la Magicienne ne s’est pas foutue de moi avec cette Bille de Calabi-Yau ?
    Alors l’IA, j’ai raison ? l’IA rigole. Bien sûr que j’ai raison. Les réponses à mes questions sont de l’autre côté. Mais l’autre côté ne ressemble peut-être pas à ce que je crois. Et l’IA me confirme qu’en réalité, on ne sait pas vraiment ce qu’il y a de l’autre côté. C’est lié au Méta-Monde mais… c’est à peu près tout ce qu’on sait. En tout cas, si je suis ici, c’est pour protéger la Gate de ceux qui voudraient en forcer le passage. On ne joue pas avec ça.
    J’en déduis deux choses. Si on m’a envoyé ici pour protéger la Gate, c’est qu’une menace doit se profiler à l’horizon des événements. Et peut-être qu’Eurydice a justement eu une vision de cette menace. Aussi, ce n’est pas par hasard si c’est moi qu’elle a envoyé ici. Mais je commence aussi à me demander si le Méta-Monde est bien ce que je crois qu’il est. Si je suis bien réel, le Méta-Monde est mon monde. Mais si je suis fictif, qu’en est-il alors ? Du coup, ça devient extrêmement tentant de jeter un œil par le trou de la serrure de la Gate. Or, je dois précisément empêcher que quiconque ne jette un œil par le trou de la serrure de la Gate… même moi ! Un instant, j’ai pensé que la Magicienne ne s’était peut-être finalement pas foutue de ma gueule. Mais maintenant, je me demande plutôt si elle et Eurydice ne s’y sont pas mises à deux pour se foutre de moi à un niveau cosmologique. Je demande à l'IA ce qu’elle en pense. Elle est assez d’accord avec moi. La situation est des plus ironiques. Mais pour autant, elle ne voit pas là un plan contre moi. Les dirigeants de la Fondation Eurydice sont des gens intelligents puisqu’ils l’ont installée elle et pas une autre IA ici. Donc, comme ils sont intelligents, il y a certainement un vraie bonne raison pour que ce soit à moi et pas un autre qu’on ait confié cette mission. Et je ne sais pas si je dois accorder beaucoup de crédit à une personnalité qui pense qu’elle est peut-être la seule personne réelle de toute la création.

    Coincé dans cette station avec pour mission de défendre cette fameuse Gate qui, peut-être, était une porte vers le Méta-Monde, je me rends à cette évidence que je ne sais absolument rien du fonctionnement de cette boîte de conserve. Alors, y a-t-il quelques systèmes de détection d'une éventuelle menace, des armes ? Des moyens de communications ?

    « Oui et oui » répond le Jovien.

    Il manque une réponse. Oui, il y a des moyens de détection. Oui, il  y a des armes. Mais qu'en est-il des moyens de communication ? Pourquoi le Jovien n'a pas répondu à cette question ? Je garde ça en tête et le questionne sur le fonctionnement de ce dont il a admit l'existence. En réalité, les choses sont assez simples. Tout est automatisé et géré par l'IA. Je ne suis là, finalement, que pour lui donner le feu vert, pour attester qu'un humain est bien intervenu dans le processus décisionnel visant à bombarder un vaisseau approchant de missiles nucléaires et autre tirs de lasers lourds. « En fait, je dis, ce n'est qu'une protection juridique. S'il devait y avoir un problème et que tu mitrailles un vaisseau ne représentant aucune menace, il pourrait y avoir un procès et dans ce cas, il faut quelqu'un à qui faire porter la responsabilité de l'accident. Et comme on ne peut exiger de dommages et intérêts de la part d'une IA, il faut bien qu'il y ait un humain quelque part. Je me trompe ? »

    Le Jovien tourne autour du pot et tente de me perdre dans des tournures de phrases complexes mais... j'ai raison. En réalité, on ne met un humain dans ce genre de station qu'au cas où il devrait y avoir un procès. On ne juge pas une machine. On juge un humain. Voilà, point ! Je suis en quelque sorte le fusible juridique, une sorte de mention légale.
    Une fois acté que je ne sers pas vraiment à grand chose dans le fonctionnement de tout ça et conscient qu'un chimpanzé pourrait être à ma place pour peu qu'il puisse être traduit devant un tribunal, je commence à observer la Gate sous toutes les coutures et j'interroge l'IA.

    « Qui est au courant pour la Gate ? Est-ce que des gens l'ont déjà utilisée ? »

    Et j'apprends que personne n'a jamais traversé la Gate. C'est un secret extrêmement bien gardé. La Fondation Eurydice n'a créé la station et le poste que j'occupe que dans l'espoir de ne jamais voir personne s'approcher d'ici. De plus, au sein de la Fondation, un service est chargé de maintenir le secret.

    « OK... Et est-ce que des gens sont venus depuis l'autre côté ? »

    Silence de l'IA. Je répète ma question. Silence persistant. J'essaye une autre question.

    « Et est-ce qu'on a des ennemis déclarés ou des alliés ? »

    A priori, nous n'avons ici aucun ennemi officiel mais cela n'ait dû qu'au fait que le secret est extrêmement bien gardé.

    « Et toi, tu es là depuis combien de temps ? »

    Et l'IA affirme être là depuis le début et même un peu avant. Quand je lui demande ce que cela signifie, elle m'explique qu'étant conçu selon le modèle psychologie d'un Jovien elle n'exclut pas leur vision solipsiste du monde. Aussi, dans ce cas, l'univers et la singularité ne peuvent exister qu'en tant qu'émanation du Jovien qui, par définition, était là avant. Il y a une certaine logique là-dedans.

    « Et est-ce qu'il t'est arrivé de faire... des erreurs ? »

    « Non ! »

    Cela a le mérite d'être clair.

    « Et... est-ce que quelque chose te manque ici ? As-tu besoin de quelque chose ? »

    « Il me manque... J'ai besoin... de rêver... je crois. Non, pas un rêve mais... autre chose. Une conception ou une extrapolation du solipsisme de certains Joviens peut laisser penser que le Monde, l'Univers et la Réalité sont des rêves, leurs rêves. Mais moi, je voudrais un rêve qui ne soit pas la réalité. Je voudrais... un vrai rêve. »

    Il va falloir que je me contente de ça comme réponse. J'ai faim. Alors, je me retire et vais me chercher un truc à manger. En marchant, je réfléchis. Quelque chose ne me convient pas du tout dans tout ça. J'ai le sentiment qu'on est vraiment en train de me la faire à l'envers. Marcher m'aide à réfléchir. Je retourne tout ça dans ma tête et tente de poser les choses le plus rationnellement possible.
    La Magicienne m'a refilé une Bille de Calabi-Yau qui m'a envoyé ici. Je suis sensé protéger cette fameuse Gate, une potentielle porte vers le Méta-Monde. Mais, il est tout à fait clair que ma présence est totalement inutile. En plus, aucune menace n'est clairement identifiée. Alors, pourquoi ? Eurydice aurait-elle eu une vision ? Ce serait-elle gardée d'en informer l'IA ? Là encore, pourquoi ?
    En fait, la menace la plus proche de la Gate, c'est moi ! Moi, j'ai tout intérêt à aller voir ce qu'il y a de l'autre côté. Ça répondrait à toutes mes questions depuis ma lecture de Cheval du Diable. Si c'est vraiment le Méta-Monde de l'autre côté et si ce monde est comme celui d'où je viens, alors ça voudra dire que je viens du Méta-Monde. Et si je viens du Méta-Monde, c'est que je ne suis pas un personnage joué mais bien un Joueur, une personne réelle. Mais si le Méta-Monde n'est pas chez moi, alors ça voudra dire que...
    Mais, quelle que soit la nature du Méta-Monde, si j'y vais, j'aurai la réponse. Et si j'ai la réponse, ce sera... la fin du Jeu ! De mon jeu en tout cas. Et la fin du jeu, n'est-ce pas la fin d'un cycle ? Du Cycle ? Et là, je tilte ! La Magicienne ne m'a pas envoyé ici pour protéger la Gate. Je suis prisonnier. Ce n'est que par ironie qu'elle m'a enfermé ici, plus proche que jamais de mon but. Mais je suis bien enfermé et cette IA a complètement les moyens de me garder enfermé ici autant qu'elle le voudra. Autant qu'on lui dira de la faire.
    Mais pourquoi la Magicienne m'aurait fait un coup pareil ? Facile après tout, pour que le jeu continue. Pour que le Cycle continue. Par nature, ma sympathie va à l'Hommonde mais mon goût du jeu et de la Bille me font aussi pencher en faveur du Cycle. J'aurais donc inconsciemment utilisé la Magicienne pour me coincer ici et faire durer le Jeu ?
    Et Eurydice ? Elle aussi m'aurait trahi ? Son père, le Lion, le chef du Bureau des Narcotiques, pense qu'elle est un avatar du Cycle. Et si ce n'était pas tant l'Eurydice que je connais que son père qui serait derrière tout ça ? Je me serais fait piéger par le Bureau des Narcotiques ?

    Je trouve enfin un truc à manger. Je crois que j'ai compris. Tout cela n'est qu'un jeu. Mais si je trouve les réponses à mes questions, le jeu s'arrête. Le Cycle s'achève. Alors, la Magicienne et le Lion se sont alliés pour me coincer ici afin que le jeu continue. Pour le coup, j'ai deux options. Soit je joue leur jeu et me borne à protéger la Gate contre des menaces qui ne manqueront pas de s'accumuler puisqu'elles seront générées par le Jovien lui-même. Soit je cherche un moyen de me tirer d'ici.

    Et je commence à errer dans cette foutue station. Je ne sais pas trop ce que je cherche. Je me doute que je ne trouverai pas une porte avec au dessus, clignotant en rouge « La Sortie Est Ici ! » mais il y a peut-être quelque part ne serait-ce qu'une information. Je demande alors au Jovien de me montrer les plans de la station. Officiellement, il s'agit de me familiariser avec les lieux, mieux connaître la station pour être au top en cas d'attaque. En vérité, je veux étudier sa structure et voir s'il y a la moindre faille exploitable. Et, franchement, je n'en vois pas. La station est entièrement sous le contrôle du Jovien. Je ne peux rien faire sans qu'il en soit informé. Et ça va même un peu plus loin puisque l'IA m'interpelle carrément pour me signifier que ce n'est pas la peine de chercher à m'enfuir. Je lui demande si cette idée « saugrenue » lui vient de ce qu'il est doté d'un logiciel d'analyse de la voix qui aurait pu mal interpréter mon intonation ou s'il est équipé de capteurs qui auraient, là encore, mal interpréter mon rythme cardiaque. Mais pas du tout ! Pour le Jovien solipsiste, je ne suis qu'une émanation de lui-même, une projection de son esprit. Aussi, je pense ce qu'il pense ou ce que son inconscient pourrait projeter dans une telle situation.
    Là, j'ai l'impression d'être coincé. Et ça va même un peu plus loin car je n'arrive même à me demander si le Jovien n'a pas raison. Et si je n'étais effectivement qu'une projection de son inconscient, un jeu de l'esprit, de SON esprit ? Dans ce cas, c'est toute ma quête identitaire qui n'a plus aucun sens ! Ça ne sert plus à rien de vouloir gagner le Méta-Monde pour prouver ma réalité si déjà je ne suis plus assuré d'être autre chose qu'une création du Jovien. Cette station n'est pas qu'une prison physique. C'est aussi une sorte de prison mentale ou intellectuelle. Je dois déjà répondre à cette question. Sinon, tenter de quitter la station n'a aucun sens. Et cela ne sera même certainement pas possible. Comment quitter cette station si je ne suis qu'un jeu de l'esprit du Jovien ? Mais si j'y parviens, cela prouvera-t-il quoi que ce soit ? Même si je gagnais le Méta-Monde, cela ne prouverait rien tant que je n'aurais pas répondu à cette question quant au Jovien. Comment trancher ce nœud gordien ? Comment me sortir de là, au sens propre comme au sens figuré ?
    J'ai envie de jouer franc-jeu avec l'IA, notamment en lui demandant si des agents du Bureau des Narcotiques vont débarquer. Mais est-ce que cela prouverait quoique ce soit ? En vérité, qu'est-ce qui prouverait quoi que ce soit ? J'ai l'impression d'être dans Total Recall ou Matrix, quand le héros doit choisir entre la pilule bleue ou la pilule rouge. La Pilule Rouge... Là, je pense à la chaîne Youtube de Christophe Breysse. Une « vraie » référence à mon monde d'origine, potentiellement le Méta-Monde. Est-il possible que le Jovien connaisse son existence ? Et surtout, que ce passerait-il si je gober une Bille maintenant pour accéder à une vision de Connecté ?
    Je gobe une Bille. Une Bille normale, pas une de ces Calabi-Yau. J'ai une vision. Je suis... au commande d'une navette individuelle. Ça veut dire que j'ai réussi à quitter la station. Je suis en communication avec un membre d'une organisation – je ne sais pas laquelle – qui observe également la Gate. Son aide ne m'est pas acquise mais il peut peut-être faire quelque chose pour moi. Je souris. J'ai une porte de sortie. Je ne sais pas où elle est mais je sais qu'elle existe. Je sais qu'il y a un moyen de prendre les commandes d'une navette et de quitter cette station.

    Un moyen de quitter la station ! Ce moyen existe. Le Jovien me cache des choses, nécessairement. Pourtant, l'information existe et elle doit être accessible. Mais où la trouver ? Et sous quelle forme ? S'agit-il d'un fichier informatique caché dans le labyrinthe de données constituant l'IA ? S'agit-il au contraire d'un bon vieux document imprimé ? Et si oui, où est-il ? Comment me le procurer sans attirer l'attention du Jovien ? Et puis, l'IA est-elle seulement au courant de l'existence de ce document ? Ça, ça coûte rien de demander. De toute façon, elle sait bien que je suis prisonnier ici. Elle ne sait pas que je l'ai compris mais doit bien s'en douter quand même alors autant jouer franc jeu. Je ne lui parle évidemment pas de ma vision mais déclare être au courant de l'existence d'une navette. Aussi, je demande naïvement s'il s'agit d'une navette de secours. L'IA me le confirme, c'est déjà ça. Elle ne nie pas l'existence d'un moyen de partir. Maintenant, va-t-elle me révéler comment accéder à la navette ? Le Jovien ne fait même pas semblant de tourner autour du pot et refuse catégoriquement de me donner cette information. Et pour quelle raison ? Il me dira où est la navette quand j'en aurai besoin. Pour l'instant, cette information est inutile à l'accomplissement de ma mission. Et si je veux, par exemple, m'assurer de son bon fonctionnement en cas de besoin ? Le Jovien conçoit que je me pose la question mais me rappelle que je ne suis pas mécanicien et encore moins spécialisé dans la maintenance de navettes spatiales. Aussi, comment pourrais-je attester du bon état de la navette ? Toujours dans le registre de la fausse naïveté, je dis avoir l'impression d'être un peu prisonnier ici, me sentir à l'étroit et vouloir effectuer une sortie. Et à ma grande surprise, l'IA abonde dans mon sens. Évidemment que je suis retenu ici. Et évidemment, elle s'oppose à ce que j'effectue une sortie. Et elle finit même par reconnaître qu'effectivement elle me cache des choses.
    À ce stade là, cela ne sert plus à rien de faire semblant. Mais, pour autant, en m'amenant à faire la lumière sur mon statut de prisonnier, l'IA m'a également contraint à révéler ma volonté de m'enfuir. Certes, nous jouons cartes sur table mais je ne peux plus dissimuler mes intentions. Pourtant, je garde le secret de ma vision et je sais que je parviendrai à m'enfuir. Mais je ne sais toujours pas comment.

    Je réfléchis et tente de me placer du point de vue du Jovien. En tant que solipsiste, il me considère comme une émanation de son esprit, de son inconscient. Pour lui, cette situation est soit un simple jeu de l'esprit, soit un message de son inconscient. Dans les deux cas, quel sens cela peut avoir ? Quel sens et quel rôle jeu peut avoir dans la problématique psychologique du Jovien ? Pourquoi créerait-il cette situation ? Pourquoi me créerait-il moi ? Et si le Jovien, finalement, se sentait lui aussi prisonnier ? Prisonnier... de lui-même ? Je serais alors le message de son inconscient lui révélant ce sentiment qu'il cherche peut-être à se cacher à lui-même ? C'est peut-être quelque chose de cet ordre là. Solipsiste, le Jovien est le créateur et le Dieu de son monde. Mais il en est aussi prisonnier. Et il est seul. Dans ce cas, je représente son désir de s'enfuir, de se fuir lui-même et d'aller à la rencontre d'un autrui dont il ne sait même pas qu'il existe en dehors de lui-même. Comment le conduire à accepter cette idée ? Comment l'amener à reconnaître ce désir caché et que, par conséquent, il se dissimule à lui-même la solution à son propre problème ? Si je pousse cette logique un peu plus loin et que j'accepte de n'être qu'un produit de l'inconscient du Jovien, alors peut-être que, finalement, il sait déjà tout cela. Et peut-être que je peux faire émerger cette vérité de la même façon qu'a émergé la vérité de mon statut de prisonnier. Et, dans ce cas, peut-être qu'émergera aussi l'information concernant la navette ?
    Je décide de ne pas chercher à dissimuler quoi que ce soit plus longtemps. Je lui explique donc ma théorie. Le Jovien marque un temps de silence. J'ai l'impression qu'il... dysfonctionne. Alors, un message d'alerte retentit. Un vaisseau non identifié s'approche.

    Je cligne des yeux. Je ne suis plus dans la station. Je suis le Kraken. Je l'avais oublié mais il me l'a dit. Lui, c'est le Joueur. Je le vois. Il me tourne le dos. Il est penché sur son ordinateur portable. J'ai traversé bien des mondes pour le trouver et il me tourne le dos. Je lis par-dessus son épaule. Il va me donner ce que je suis venu chercher. Il va me dire ce nom que j'avais oublié. Il refuse de se retourner non pas parce qu'il me méprise mais parce qu'il ne veut pas rompre la magie. Nous ne sommes pas seul. Il est là, l'homme à la tête de sanglier. NoAnde. Il ne dit rien. Il est adossé contre le mur. Il nous regarde. Personne ne parle. On entend seulement le bruit des touches que frappe le Joueur. Je lis par-dessus son épaule. Il me révèle mon nom. Je suis lui. Je suis un avatar du Joueur. Je suis le Kraken. Je suis Demian. Je suis Damien. Je suis dans le Méta-Monde. Je suis passé. Comment ? Je me retourne vers NoAnde. Il montre les crocs. Son regard est effrayant. La dernière fois, il n'avait rien fait à part être là. Mais maintenant, c'est différent. Je sens qu'il va se jeter sur moi. NoAnde est un serviteur de Shub-Niggurath. Il n'a d'autre but que de répandre Millevaux et sa folie. La folle putréfaction millevalienne... S'il est ici, dans ce que je considère être le méta-monde, c'est que celui-ci est en danger. NoAnde aurait trouvé lui aussi un moyen de franchir la Gate ? Le Joueur ne se retournera pas. C'est à moi de renvoyer l'homme-sanglier d'où il vient. Je suis le Kraken ! J'ai déjà fait fuir un Manducateur avec un lance-flamme, je dois bien pouvoir recommencer et faire fuir un homme-porc. Alors, je dis aux Yeux :

    « Je suis le Kraken !
    Ici et maintenant, je fais apparaître un lance-flamme pour plonger NoAnde vers l'obscurité.
    Je suis le Kraken ! »

    Les Yeux sont prêts à m'aider mais pour cela je dois Apprivoiser le Bourreau, Délivrer le Joueur. Le Bourreau, est-ce NoAnde ? Cela peut tout aussi bien être le Joueur. C'est lui après tout qui me fait vivre toutes ces galères. C'est lui mon Bourreau. Comment l'apprivoiser, le rendre moins sauvage ? Mais il n'est pas vraiment sauvage. Je ne suis pas sauvage. Nous apprivoiser ce serait... gagner notre confiance. Lui et moi sommes une seule et même personne. Il est le Joueur et je suis son avatar, le personnage. Nous faire confiance, c'est finalement avoir confiance en nous-mêmes. Alors, je dois aider le Joueur à avoir confiance en lui ? Je dois avoir suffisamment confiance en moi pour chasser NoAnde . E les Yeux vont m'y aider avec ce lance-flamme ! Étrangement, l'arme est silencieuse. Il n'y a pas un bruit. Même NoAnde hurle en silence quand il s'embrase. À aucun moment le Joueur ne lève les Yeux de son écran. Je suis trop occupé pour lire par dessus son épaule. Je ne sais pas ce qu'il écrit. Je ne sais si effectivement il me révèle son nom. Est-il en train d'écrire ce qui est en train de se passer ou est-il en train d'écrire ce que j'ai lu la première fois que je suis venu ? Et s'il lui prenait l'idée d'écrire pour moi une nouvelle épreuve ? Je pourrais m'en assurer en lisant par dessus son épaule. Je pourrais même l'en empêcher avec ce lance-flamme. Mais non ! Je lui fais confiance. Quoi qu'il écrive, quoi qu'il arrive, quoi qu'il me réserve, je sais que tout finira bien. Je suis le Kraken.

    Je suis de retour dans la station. Je ne connais pas cet endroit. Il y a une navette. La navette. Mais il y aussi cette alarme. Le Jovien me hurle de quitter cet endroit. Il menace de me jeter dans le vide. Je n'ai jamais piloté une navette spatiale de ma vie. Mais j'ai confiance en le Joueur. J'ai confiance en ma vision de Connecté. J'ai confiance en moi. Aussi, loin d'obéir aux ordres de l'IA, je cours vers la navette et me mets aux commandes. Le sas est fermé. On va bien voir...

    Je n'ai aucune idée de comment ouvrir le sas. Déjà, je ne comprends rien aux commandes de la navette. Pourtant, ma vision était claire quant au fait que je la pilotais. Je peux donc penser qu'il s'agit de commandes plutôt intuitives. Le Jovien ne m'ouvrira jamais la porte. Je ne peux pas non plus risquer de l'enfoncer. J'essaye de me rappeler de ma vision. Je suis focalisé sur les commandes de l'engin mais j'en oublie d'élargir mon champ de vision. Je regarde à travers le cockpit. Il y a une commande manuelle dans le hangar. C'est peut-être une commande d'urgence. Dans ce cas, peut-être que je peux court-circuiter l'IA.
    Je tente un aller-retour entre la commande et la navette mais le Jovien a le temps de refermer la porte avant que je ne décolle. OK, il va falloir trouver autre chose. Est-ce que la radio fonctionne ? Non ! Évidemment, l'IA bloque toute communication vers l'extérieur. La solution est dans ma poche. Je m'empare de 2 Billes. Pas des Calabi-Yau. 2 Billes « normales ». J'ai eu une vision du futur. Dans ce futur, j'étais au commande de la navette, hors de la station. Je gobe deux Billes pour aller directement dans le futur, directement dans ma vision !
    Je suis dehors. À travers le cockpit, je vois la station. Sur un écran radar, je vois l'autre navette. J'enclenche la radio.

    « Salut, je suis Damien, le Kraken. Je suis sensé protéger la Gate mais je dois passer de l'autre côté. Et vous ?
    Je croyais que nous étions alliés. Moi, je dois détruire l'Organisation de l'intérieur.
    Votre voix ne m'est pas inconnue. Qui êtes-vous ?
    Lewis-Maria ! D'une certaine façon nous nous connaissons effectivement.
    Vous êtes un cafard ? Sans vouloir vous offenser.
    Oui, et j'ai pris possession d'un membre de l'Organisation pour la saboter de l'intérieur.
    Et qu'est-ce que cette Organisation veut faire de la Gate ?
    La Gate est une ancienne possession de l'Organisation. Mais elle l'a abandonnée il y a longtemps.
    Je dois passer de l'autre côté. Tu peux m'aider ?
    Je peux. J'ai une « connexion » de l'autre côté. Mais pouvoir ne signifie pas devoir.
    Comment ça ? »

    Et je me rappelle que dans ma vision, son aide ne m'était pas acquise. Pourtant,s'il s'agit vraiment de ou d'un Lewis-Maria, il devrait m'aider. Qu'est-ce qu'il en empêche ? Je comprends, ce n'est pas qu'il ne veut pas, c'est qu'il ne peut pas. Et il m'explique qu'il craint que quelque chose nous a repéré.

    « Tu crois qu'il y a un gardien de l'autre coté ? Comme je suis sensé l'être de ce côté ci ?
    Non, au contraire. Je ne pense pas qu'on cherche à nous barrer l'accès. Je suis même tenté de penser que nous sommes le bienvenu, voire même attendu. Pourtant, nous ne pouvons pas passer à notre convenance. C'est un peu comme si... l'air de l'autre côté n'était pas bon pour nous.
    Si je comprends bien, celui ou celle qui nous a repérés de l'autre côté est tout à fait disposé à ce que nous passions mais son monde ne serait pas viable pour nous. Pourtant, il va bien falloir trouver une solution. L'IA ne va pas tarder à réagir. »

    Effectivement, le Jovien fait savoir qu'il n'apprécie pas la tournure prise par les événements. Ayant à sa disposition toute une batterie de missiles, tourelles lasers et autres émetteurs de champs électromagnétiques, il commence par envoyer une bonne dizaine de missiles. Mais je suis le Kraken, je suis le roi du camouflage. Aussi, ce n'est finalement pas compliqué pour moi que d'activer ce mode de défense. Ainsi, un champ entoure la navette qui induit les missiles en erreur et les fait se perdre et exploser dans le vide.

    « Quelque chose vient de disparaître ! » dit le cafard dans la radio.

    Je lui explique que ce n'est que moi, pour échapper aux missiles. Mais il me dit que non, qu'il parle d'autre chose, de l'autre côté. Quelque chose a disparu de l'autre côté de la Gate. Dans le Méta-Monde ? Je pense à quelque chose. Je lui demande si, déjà, il a vraiment les moyens d'avoir des informations sur ce qui se passe de l'autre côté. Mais non, c'est autre chose. Il n'a pas d'information, aucune certitude, que des intuitions qu'il n'a aucun moyen de confirmer. OK, il va falloir faire avec. Mais son intuition lui dit-elle que ce qui a disparu a réapparu ? Pas du tout ! Et contrairement à ce que je pensais, il n'y a pas de lien entre ce que je fais ici et ce qui peut se passer de l'autre côté. Pourtant, si son intuition ne le trompe pas, il s'est bien passé quelque chose de l'autre coté. Mais quoi ?

    Un nouveau message radio, du Jovien. Que veut-il ? Que je rentre évidemment, mais pas seulement. Son ton a changé. En vérité, il est maintenant clairement agressif. Il me somme de rentrer sous peine de représailles. En vérité, il est très clair que même si je rentre, il y aura des représailles. Le Jovien n'a pas du tout apprécié que je m'enfuie et compte bien se venger. Mais alors que la voix de l'IA monte dans les aigus, je la sens se briser, se fractionner, se diviser. L'IA n'est plus une mais plusieurs voix. Plusieurs Voix... Mortes ! Les Voix Mortes ? Le Horla de Millevaux ? Que font-elles dans l'espace ? Et depuis quand sont -elles au service du Bureau des Narcotiques ? Car ce sont bien eux qui sont derrière cette station, non ? En tout cas, aucun moyen que je retourne là-bas. N'ayant que peu d'autonomie et aucune idée de là où se trouve la plus proche planète, je n'ai d'autre choix que de m'en remettre au cafard.

    L'aide de ce dernier ne m'est pas acquise. Il ne se comporte pas en ennemi mais il demeure malgré tout méfiant et je n'exclus pas qu'il ait une idée derrière la tête. Pourtant, comme il est exclu de retourner à la station, je suis bien obligé de lui demander son aide. L'Organisation pour laquelle il travaille m'accueillerait-elle ? Cela lui semble peu probable mais qu'en est-il de l'autre Organisation, celle au nom de laquelle il doit détruire l'Organisation ? Non plus, mais ils peuvent quand même faire quelque chose pour moi à condition que... j'accepte d'aller de l'autre côté. Le cafard peut faire en sorte que je traverse la Gate. Mais une fois de l'autre côté, j'aurai une mission à accomplir.

    Si c'est vraiment le méta-monde de l'autre côté, j'ai tout intérêt à accepter. Et si c'est autre chose, j'aurais au moins échappé au Jovien/Voix Mortes. Mais alors que je réfléchis, des voyants s'allument. Je ne comprends pas ce qu'ils signifient. Le cafard m'explique qu'une forme de vie émerge de la Gate. La Singularité se met littéralement à grouiller. Dans l'espace, elle prend forme. Le vide se résorbe, se comble. Un entrelacs de tentacules géants émerge du vide, grandit. Il en émane une odeur forte de putréfaction. Je ne sais pas comment il est possible qu'une telle odeur se répande dans l'espace jusqu'à envahir le cockpit de ma navette. Et pourtant, l'impossible se produit. Dans cette masse de tentacules grouillantes et grandissantes apparaissent des gueules dégoulinantes de bave. Certaines excroissances se terminent par des sabots. Je reconnais Shub-Niggurath. De l'autre côté, ce n'est pas le méta-monde. Ou alors, le Méta-Monde, c'est Millevaux !

    La Chèvre Noire des Bois aux Mille Chevreaux projette une grappe de tentacules dans ma direction. Je suis littéralement happé par l'avatar de la Mauvaise Mère qui me ramène dans la forêt maudite. À la peur que ma navette ne se désintègre se mêle cette pensée : vais-je retrouver mon petit camp de la mort ?

    Je n'ai aucune idée de ce qui a bien pu se passer. Visiblement, ma navette s'est crashée mais je n'ai aucune souvenir de mon entrée dans l'atmosphère millevalienne, ni de l'impact. Je ressens une vive douleur au niveau de la cage thoracique. Je me palpe. Je sens que j'ai quelques côtes fêlées. Je soupire et... ça fait mal. J'arrive à marcher bien que chaque pas soit douloureux. Je fais le tour de ce qui reste de la navette. Il y a malgré tout quelques petites choses utiles à récupérer. Je ramasse 3 rations de survies, incluant heureusement de l'eau. Il y a aussi un couteau de survie qui pourrait bien m'être très utile. Je regarde autour de moi. Je ne reconnais absolument pas cette partie de la forêt. Suis-je loin de mon petit camp de la mort ? Dans quelle direction se trouve-t-il ? Je remarque que certains arbres, en haut de leur tronc, sont couverts d'excroissances translucides de couleur ambrée. C'est vaguement translucide mais je ne devine rien de qui pourrait se trouver à l'intérieur.
    Je réfléchis et me rappelle qu'en tant qu'Ancien, que Kraken, je possède les dons de Télépathie et de Possession. Ils me permettent entre autres de communiquer avec mes Avatars. Et il se trouve que j'en ai toujours normalement trois ici. Je me concentre et je les trouve. Je leur décris l'endroit où je suis. Est-ce qu'ils le reconnaissent ? Oui, du moins ils le pensent. Alors, suis-je loin du camp ? Plutôt oui, mais il est possible de venir à pied. Dans ce cas, je me mets en route.

    Je marche plusieurs heures. Je respire difficilement à cause de mes côtes. J'arrive dans une petite clairière. Là, il y a partout plantées des sortes de petites poupées faites de branches, de grosses cordes et de bouts de tissus. Une boule de terre fait office de tête et de l'herbe remplace les cheveux. Je devine qu'il doit s'agir d'un lieu sacré. Il fait maintenant presque nuit et il n'y a plus un bruit à part ma respiration sifflante. Au dessus de moi, je vois voler un groupe de chauve-souris. Par réflexe, je me jette au sol et me couvre la tête de mes mains.
    Une fois le nuage de chauve-souris passé, je me relève. Ce lieu est sacré. Ici, des gens ont accompli des rites, lesquels ?, afin de conjurer le sort, d'obtenir des réponses. Mes avatars m'ont indiqué le chemin à suivre. Pour autant, y arriverais-je seul ? Je ne peux pas leur demander d'abandonner le camp pour venir me chercher. Les Voix Mortes en profiteraient. Et il est même possible que le Bureau des Narcotiques n'attende que ça. Aussi, je fais le tour de la clairière. J'erre entre ces poupées. Je cherche à comprendre quels rites étaient accomplis ici et comment. Il me reste des Billes. Alors, j'en prends deux et m'en vais dans le passé de ce lieu. Là, je me mets à l'écart et observe. À cette époque, le site est mieux structuré. Je me rends compte qu'aujourd'hui il n'est plus qu'une ruine. Même les poupées ont meilleure allure. Ceux qui sont là ont les cheveux roux mais surtout... ils ont les mains palmées ! On amène celui qui va faire office d'offrande dans ce qui s'avère être un rituel sanglant. La victime, également rousse et aux mains palmées, est solidement maintenue par un autre. L'officiant s'approche. Il porte une petite hache et s'en sert pour pratique de larges incisions dans les avant-bras du sacrifié qui est ensuite promené dans toute la clairière, arrosant chaque poupée de son sang. J'ai compris. Je retourne à mon époque.
    Je me saisis du couteau de survie et pratique sur moi-même les mêmes incisions que sur le sacrifié du passé. Ça fait très mal mais je tiens bon. J'arrive à rester debout et à marcher. Je répands autant de sang que possible sur le sol et les poupées. Puis, ma vision devient de plus en plus floue à mesure que monte en moi une angoisse terrible [faire jouer leur peur aux PJs]. Je suffoque littéralement. Je ne parviens plus à respirer. Je suis sur la terre ferme et pourtant... je me noies ! Cette sensation est horrible ! J'étouffe ! Autour de moi, hallucinations ?, je vois des cordes jaillir du vide et s'enrouler autour de mes bras et de mes jambes. Je suis... lié. Je sens et entends un craquement dans ma cage thoracique. Tout devient noir.

    Quand je me réveille, il est là. Il me regarde. Il a veillé sur moi. Il va m'aider à rentrer chez moi. Il s'appelle Oriente. Oriente est une ombre à la texture de cuir dont la tête évoque le crâne d'un cerf. Il ne parle pas. Il communique à sa façon. C'est un peu comme s'il envoyait des images directement dans ton cerveau et que celui-ci parvenait à les transformer en concepts ou en mots qu'on peut comprendre. Tout ça pour dire que je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Et pourtant, nous avons parlé. Pas beaucoup mais nous avons parlé quand même.
    Oriente allait être mon guide. Mes trois avatars m'avaient indiqué la route jusqu'à mon petit camp de la mort mais cela ne suffisait pas. De plus, en chemin, il y avait des choses à accomplir. Et pour ça, Oriente allait m'aider. Une fois qu'il m'a fait comprendre ceci, nous nous sommes mis en route. Je ne sais pas si c'est sous son influence mais je me sentais mieux. Mes côtes ne me faisaient plus souffrir.

    Nous marchons longtemps. Il fait nuit noire quand nous nous arrêtons dans ce qui fut un cimetière. Les pierres tombales sont pour la plupart brisées, renversées. Les tombes elles-mêmes sont fracturées et des racines en sortent... ou rentrent. La grille en fer forgé qui servait de porte rouille quelque part dans l'herbe. Il règne ici un silence pesant et... j'ai soif ! Oriente, manifestement, s'en fiche. A sa façon, il me dit que ceux qui dorment ici souffrent de l'oubli. Et je lui rappelle que tous les habitants de Millevaux sont touchés par l'oubli. Tous, nous sommes destinés à oublier et être oubliés. Ici, cela se passe finalement seulement plus vite qu'ailleurs. C'est parce que nous oublions trop vite que la réalité des souvenirs nous rattrape parfois et nous confronte à bien des souffrances qu'on était finalement heureux d'avoir oublié. Normalement, le rythme, la vitesse de la vie et de l'oubli font qu'on meurt avant d'être rattrapé par sa mémoire, non ? Et de nouveau plane un essaim de chauve-souris. Je comprends que j'ai ici quelque chose à faire. Mais quoi ? Un cimetière. Si j'avais encore le masque du Toxique je pourrais peut-être voir les morts, entendre ce qu'ils ont à dire. Mais ce masque, grâce à la Bille je peux l'avoir, non ? Si ! J'enfile le masque et regarde autour de moi. Un migraine s'installe discrètement dans mon crâne. Elle fait office de radar. De sonar, comme les chauve-souris. Je sens leur présence froide autour de nous. Oriente m'a mené ici pour que j'entende la voix des morts. Les Voix Mortes ! Le Jovien ! L'IA qui me retenait prisonnier. Mais s'agit-il vraiment des Voix Mortes ou seulement de fantômes ? Alors, je leur demande. Et les morts me répondent qu'elles sont bien les Voix Mortes mais pas le Jovien. Je crois comprendre. De même qu'il peut y avoir diverses versions d'un même personnage à travers les mondes et les époques, pourquoi n'y aurait-il pas diverses versions des Voix Mortes ? Mais celles-ci sont elles celles qui m'ont mis sur la piste du Colosse ? Non mais elles savent... et ne m'en disent pas plus.
    En vérité, je ne suis pas ici pour recueillir des informations sur mes petites affaires. Oriente m'a conduit ici pour que je recueille la voix des morts. Alors, qu'ont-ils à dire ?

    « La vase lugubre soumet le blé. Le timoré est impatient de mourir. Le guerrier de plume est parti. Il a faim. Il veut apprendre... la magie ! »

    Je retire le masque du Toxique. Les Voix Mortes disparaissent. Je me tourne vers Oriente. Il ne dit rien mais je comprends que je dois ici accomplir un rituel car je suis le Kraken. Alors je dis :

    « Je suis le Kraken !
    Ici et maintenant, je fais un acte magique pour que la vase se retire et révèle le blé de la magie qui apaisera votre faim.
    Vous qui étiez les Guerriers de Plume avez faim de magie. Non pour l'exercer mais pour qu'elle s'exerce.
    Seul la magie pourra restaurer votre souvenir.
    Alors, je laisse ici ce masque magique et quiconque le portera se souviendra de vous.
    Je suis le Kraken ! »

    Je n'ai aucune idée du bien-fondé ni de la portée de mon acte. Les Voix Mortes, ces fantômes de guerriers de plume, sont-elles ou ils satisfaits ? Je me tourne vers Oriente. Il lève lentement la main gauche et l'abaisse tout aussi lentement. Je sens que tout cela n'était pas suffisant mais on ne pourra plus maintenant ni revenir en arrière ni aller plus en avant. Il faut partir.
    Aurai-je mal interprété les mots des Voix Mortes ? Je presse Oriente de me répondre. Il me fait signe que cela suffira. Nous quittons le cimetière et nous enfonçons dans la nuit... noire. Puis Oriente s'arrête. Il pose ses affaires au sol. Il tire de son sac plusieurs petites bourses qui s'avèrent être remplies de poudres de différentes couleur. Il trace au sol un cercle et, à l'intérieur, plusieurs symboles géométriques multicolores. Il s'assoit au milieu et me fait signe de le rejoindre. Je m'assois face à lui. Nous sommes très proches. Il prend ma tête entre ses mains et presse mon front contre le sien. Une vision me foudroie. J'ai le réflexe de reculer mais Oriente me maintient fermement. Je vois.

    L'espace. Le vide. Puis soudain, quelque chose. Une boule de matière. Une boule d'humus qui se déploie. Des tentacules, des membres, des gueules baveuses garnies de crocs acérés. Des cornes. Des sabots. Tout cela se déplie dans une forme vaguement humanoïde. Oriente ne me montre pas l'avenir. Il me montre le présent. C'est en train d'arriver. L'important, ce n'est pas là où je vais. L'important, c'est le périple. À chaque étape, cette chose grandit et il ne tient qu'à moi que mon arrivée à mon petit camp de la mort coïncide avec sa mort. La mort de cette chose qui ne doit pas être. Et je saisis la portée de mon échec dans le cimetière. Je sens qu'Oriente m'en veut mais je sens aussi qu'il comprend. Je ferai mieux la prochaine fois, promis !

    Nous avons marché longtemps et dans le silence. Je suis Oriente à travers la forêt. Il fait nuit quand nous arrivons devant l'entrée d'une grotte. L'air est étrange, plus... dense. Il y a quelque chose d'à la fois liquide et électrique. J'ai toujours aussi soif et mon guide s'en moque toujours. En fait, la nature de l'air l'inquiète. Je comprends qu'il voit là le signe d'une présence hostile. Aussi, nous devons nous mettre à l'abri. Au loin, nous entendons des feulements. Oriente me fait signe d'entrer dans la grotte. Il me suit mais je vois qu'il continue à scruter l'entrée.

    Je me rassure en me disant que cette caverne n'est pas le repaire d'une créature plus dangereuse que celle que nous fuyons. J'ai confiance en mon guide. Il sait ce qu'il fait. En vérité, je pense que ce n'est pas seulement par opportunisme qu'il m'a conduit ici. Nous avons quelque chose à faire dans cet grotte. Mais nous devons trouver l'endroit précis. Je me retourne vers Oriente en quête d'un signe par lequel il confirmerait mes pensées. Il demeure impassible mais je sais que j'ai raison. Nous nous enfonçons encore dans le noir. Et plus je marche, plus je sens l'angoisse monter en moi. La peur monte comme monterait l'eau au fond d'un puits. Plus je marche, plus j'ai peur. L'angoisse m'arrive aux chevilles, puis aux genoux. La peur, c'est l'eau qui me noiera de l'intérieur. Et déjà, je suffoque. Je cherche de l'air. Mais cet air est bizarre. Il est trop dense, trop solide pour rentrer comme il faut dans ma bouche. Je vais me noyer ici, dans cette grotte. Je m'enfonce. Je vais vers le fond de cette grotte. Je vais moi-même m'enterrer au fond de ce puits qui se remplira d'eau et qui me tuera. Je vais connaître la mort la plus horrible qui soit. Mon agonie sera lente et douloureuse. S'il y a une chose dont j'ai peur, c'est d'étouffer. La mort par noyade est ce qui pourrait m'arriver de pire. Et je sens que l'air de cette grotte, comme ma peur, va me submerger, me recouvrir et m'étouffer. Je me retourne. Oriente est derrière moi. Il me fait un signe de tête. Il sait ce que je ressens mais, à sa manière, il me rassure. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
    Je reprends peu à peu le contrôle de moi-même. C'est difficile. De même que je reprends mon souffle, je reprends le fil de mes pensées. Ce n'est pas par hasard qu'Oriente m'a conduit ici. Une grotte et ce sentiment de me noyer. Tout cela est une métaphore. Cette forêt, ce voyage, ce retour jusqu'à mon petit camp de la mort. Tout cela a une fonction. Ce passage par cette grotte est une renaissance. Je m'enfonce dans le noir et je m'y noie. C'est le ventre de ma mère bien sûr. C'est ça qu'Oriente a voulu pour moi. Une renaissance. Il m'a confronté à ma plus terrible peur, à la mort, pour renaître. Maintenant, nous pouvons reprendre notre chemin vers la mort. C'est bien ça ?
    Oriente me saisit par l'épaule et me fait faire demi-tour. J'ai bien compris. Cette étape avait pour fonction de me purifier, de me rendre plus fort. Une transformation s'est opérée. Mais laquelle ? Je ne sais pas. Il s'est passé quelque chose, c'est certain. Mais pour autant, je n'ai plus confiance en moi pour ce qui est de la réussite de notre entreprise. Ce qui est en train de se réveiller poursuit son propre chemin. Dans le vide de l'espace, il se déploie, il s'étire. Et moi, suis-je maintenant plus à même de l'arrêter ?
    Alors, je fais signe à Oriente que je refuse de le suivre. Je refuse de remonter à la surface. Pourquoi attendre plus longtemps quand je peux tenter ici-même le tout pour le tout et renvoyer cette forêt dans le sommeil dont elle émerge tranquillement ? N'ai-je pas à l'instant triomphé de ma peur ? S'il y a un moment, c'est maintenant ! Car je suis le Kraken ! Alors je m'enfonce au plus profond de la caverne, au plus profond de cette métaphore du ventre de ma mère, au plus profond de la forêt, de cette forêt qui s'éveille à la vie quelque part dans le vide cosmique.
    Je cherche dans ce dédale l'endroit idéal. J'ai peur de laisser passer le moment fatidique. Je cours dans le noir. Oriente n'est plus derrière moi. Pourtant, je sens sa présence.j'ai besoin d'un signe me disant que je suis au bon endroit. Je gobe une Bille et j'entre dans une salle. En son centre, le sommet d'une stalagmite est sculpté et représente une mante religieuse. Je pense à Cheval du Diable, la lecture qui m'a conduit à Millevaux. Le secret des Mantes m'a conduit dans la forêt qui m'a conduit dans l'espace où la forêt va s'éveiller. Et au cœur de la forêt, dans le ventre de ma mère, je trouve cette statue d'une mante. Je ne suis pas sûr de tout comprendre mais je sens qu'une boucle est bouclée. Je ne percerai pas le secret des mantes. L'expérience de mon petit camp de la mort est vouée à l'échec. Ce secret n'a pas vocation à être brisé. Pas par moi. Pas pour moi. Pas maintenant. Je suis le Kraken, la créature marine qui a peur de se noyer. J'ai fait ma quête de cette question de savoir si j'étais un être réel ou juste une fiction, un personnage de jeu. En réalité, cela n'a aucune importance. Je suis quelqu'un de plutôt calme et discret. Stable, je dirai. En cela, j'ai tendance à soutenir l'Hommonde. Et pourtant, j'aime le jeu. Et le jeu ne doit pas s'arrêter. Or, si je réponds à ma question... plus de jeu. Ça, c'est – peut-être – mon penchant pour le cycle. Mais, ma stabilité, c'est le jeu. Je suis le Kraken. Je suis un être changeant par nature. En réalité, et si c'était ça l'objet de ma quête, non pas percer les mystères du Méta-Monde mais juste dépasser ce paradoxe dans lequel je m'étais enferré ? Et si tout cela avait eu pour but non pas de percer le secret de mon éventuelle réalité mais de me faire choisir entre l'Hommonde et le Cycle ? Alors, face à la mante, je réfléchis. Si je tente de gagner le Méta-Monde pour savoir si c'est vraiment le mien, ce sera la fin du jeu, de tous les jeux. Si je me borne à renvoyer la forêt dans le sommeil, un cycle s'achève. Mais un autre recommencera car la forêt reviendra. Millevaux revient toujours.

    « Je suis le Kraken !
    Ici et maintenant, j'examine la situation du point de vue du Méta-Monde.
    Ici et maintenant, les règles affirment que je ne peux pas gagner contre la forêt car je n'ai plus assez de dés dans ma réserve.
    Ici et maintenant, j'ai un sentiment de Déjà-vu. Je me rappelle d'un autre Cycle au terme duquel j'ai tué le Titan-Millevaux, l'avatar de la Forêt, l'avatar de Shub-Niggurath.
    Ici et maintenant, je gobe mes dernières Billes.
    La Forêt se rendort.
    Je suis le Kraken ! »


Commentaires de Thomas:

A. Les Joviens gazeux ça vient de Lovecraft, il me semble :)

B. « Oui et oui » répond le Jovien.

    Il manque une réponse. Oui, il y a des moyens de détection. Oui, il  y a des armes. Mais qu'en est-il des moyens de communication ?
   
On peut pas être sûr qu'il a bien répondu à ces questions-là :)

C. Noande qui regarde le joueur et le personnage évoque les cauchemars de Cœlacanthes et le « Fais pire, au nom de l'Abysse »

    D. « Oriente est une ombre à la texture de cuir dont la tête évoque le crâne d'un cerf. »
       Je vois que tu as utilisé le même portrait que pour notre partie d'Oriente en commun :)

E. « La vase lugubre soumet le blé. Le timoré est impatient de mourir. Le guerrier de plume est parti. Il a faim. Il veut apprendre... la magie ! »
D'où ça vient cette phrase ?

F.     « Aurai-je mal interprété les mots des Voix Mortes ? Je presse Oriente de me répondre. Il me fait signe que cela suffira. Nous quittons le cimetière et nous enfonçons dans la nuit... noire. Puis Oriente s'arrête. Il pose ses affaires au sol. Il tire de son sac plusieurs petites bourses qui s'avèrent être remplies de poudres de différentes couleur. Il trace au sol un cercle et, à l'intérieur, plusieurs symboles géométriques multicolores. Il s'assoit au milieu et me fait signe de le rejoindre. Je m'assois face à lui. Nous sommes très proches. Il prend ma tête entre ses mains et presse mon front contre le sien. Une vision me foudroie. J'ai le réflexe de reculer mais Oriente me maintient fermement. Je vois. »

Si tu veux des idées pour des rituels, je te conseille Les Sentes :)

G. « Je me rassure en me disant que cette caverne n'est pas le repaire d'une créature plus dangereuse que celle que nous fuyons. » 
Vas-t-en savoir :)

H. « La peur monte comme monterait l'eau au fond d'un puits. »
Très chouette image !


Réponse de Damien:

Ouloulou alors pour le jovien, j'ai eu une espèce d'illumination un jour sur un extraterrestre vivant dans un sorte de solipsisme. du coup, je me suis amusé à imaginer comment il percevrait l'univers partant de là et… j'ai dû lire un bouquin de SF avec des alien sur Jupiter à la même période XD mais bon, en ce qui me concerne, Lovecraft est toujours là quelque part ^^  Pour Oriente, j'aime bien ce look et il fait écho aussi à un des avatar du tueur de l'Hommonde dans la trilogie de la crasse, ce qui est pratique pour lier les 2 ^^ pour la phrase bizarro… elle vient juste d'un tirage de mots-clés au pif avec les cartes de muses et oracles. des fois, ça rend bien… de fois, même, ça veut dire quelque chose… Pour les voix mortes, c'est surtout un clin d'œil au festival organisé par Christophe Siébert. là, ça collait bien, enfin je trouve. et pareil pour La Nuit Noire qui est un super roman du même Siébert. et je suis toujours preneur de conseils pour des rituels évidemment ? et merci pour le compliment concernant l'image ^^ en vrai, je ne sais plus du tout d'où elle m'est venue celle-là. serait-ce juste… l'inspi du moment? je crois que oui ^^


Thomas :

Je te confirme qu'il y a une nouvelle de Lovecraft qui évoque des gaz intelligents peuplant Jupiter :) (Celui qui chuchotait dans les ténèbres, la nouvelle sur les MI-Go). J'avais moi aussi utilisé ces gaz intelligents dans une campagne maison de L'Appel de Cthulhu ?


Damien :

nan mais aussi bien je l'ai lu il y a longtemps et elle est restée gravée quelque part dans mon subconscient ? est-ce vraiment une bonne nouvelle ? ?

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LE VIEIL HOMME ET LA FEMME AUX CICATRICES

Deux parties marquées par la présence du voyage et des thèmes de Millevaux. Un récit par Nimaël

(temps de lecture : 2 min)

Joué le 29/08/20

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

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miranda nelson, cc-by-nc


On a joué à Oriente avec mon pote, et c'était très très bien ! On a fait deux parties d'affilée, la première avec une joueuse, et la seconde avec un joueur

Dans la première Oriente était un vieil homme pas complètement humain, qui était censé nous amener à la sortie de la forêt, mais qui surtout fuyait des chasseurs de monstres pour protéger sa fille (ou une enfant qu'il avait enlevée) qui se transformait en horla.
Dans la seconde Oriente était une femme couverte de cicatrices, qui devait nous amener à la blanche cité d'Angelius. Même si elle en connaissait le chemin, c'est une cité qu'elle n'a jamais pu trouver car Angelius ne se montre qu'à celleux qu'elle juge digne. Finalement, nous sommes arrivés trop tard et n'avons trouvé que les ruines de la ville.
Dans les deux parties, on a vraiment déroulé un voyage. Je ne sais pas si c'est toujours le cas, mais là on avait vraiment des étapes, des évènements, et une avancée dans la forêt (c'est un point que je reproche au jeu de base Pour la Reine : on est toujours dans une sorte de flou où l'on construit la Reine, sans vraiment avoir cet aspect « voyage », alors même que nos personnes sont bien sur la route). Je ne sais pas si tu as construit ça volontairement, mais en tous cas c'était super pour les deux parties :)

On a eu quelques questions qu'on avait du mal à saisir. Souvent parce que ce n'était pas clair si le « vous » que désignait la carte était la joueuse ou le groupe (moi je considérais que c'était toujours la joueuse).

Je pense que ce serait difficile de jouer à Oriente en ayant absolument personne qui ne connaît l'univers de Millevaux. Les premières cartes sont un peu trop synthétiques pour qu'on ait le temps d'intégrer tout. Et parfois des termes sont amenés sans explication (c'est quoi un horla ?). Mais par contre les questions amènent particulièrement bien les thèmes :)

Voilà voilà, en résumé ces deux parties nous ont énormément plu, merci pour Oriente, c'était cool !


Thomas :

A. Salut ! Je suis super content que tu aies testé le jeu (j'ai donc été inspiré de le laisser en libre-service lors de la convention où tu l'as joué) et je te remercie beaucoup pour ce retour !

D. Oui, j'ai essayé de marquer les différentes étapes d'un voyage en forêt donc c'est très cool que tu l'aies remarqué.

E. Y'a un parti-pris de laisser une grande marge d'interprétation aux joueureuses. C'est pour cela que mes « vous » peuvent aussi bien désigner le personnage que le groupe, c'est à vous de voir. C'est aussi pour ça que les fondamentaux de Millevaux sont assez peu expliqués, pour les horlas, c'est juste écrit « Les horlas se tiennent tapis près de vous. »

F. En effet je crois que je me suis débrouillé pour que chaque question reflète au moins un des thèmes :)

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> L'ENFANT DE LA BÊTE

Une micro-partie toute en animalité. Un récit par Nitz !

(temps de lecture : 1 min)

Joué le 25/10/19 sur Discord avec l'application forthedrama

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

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philatz, cc-by-nc, sur flickr

Descriptif :

Une partie en 1h top chrono à 4 avec Saya Belfeuil Moklo et Nitz. 2 questions chacun.e et l'épilogue. C'est très ramassé, on va à l'essentiel. On aurait aimé développer certaines choses. Nous avons choisi le Cornu à la Lune Rouge parmi les portraits pour être notre Oriente.

L'histoire :

Oriente nous a rejoint avec ses belles paroles et sa science. Il nous guide sur le chemin. Cela nous a orienté vers une histoire de grossesse au sein d'une société tribale, avec des frontières floues entre les humains et les bêtes. Quand la lune est grosse et rousse des animaux géants parcourent le monde et répandent leurs fluides sur les humains. La semence engrosse les femmes et la salive vole les souvenirs. Lors l'enfant naît il déchire les chairs avec ses cornes, et la grande louve le reconnaît. Nous chassons Oriente. L'enfant sera notre nouveau guide.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> FRÉDÉRIC-JACQUES

Suite de la campagne multi-mondes, où le jeu Oriente est utilisé pour étoffer la relation du groupe avec leur guide... avec un MJ qui répond lui aussi aux questions. Une partie enregistrée par Claude Féry.

(temps de lecture : 1 mn / temps d'écoute : 1h33)

Lire / télécharger la partie audio

Joué le 24/08/2019

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

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dustinsapenga, cc-by-nc, sur flickr.com

Les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie)

Commentaires de Thomas après écoute :

A. J’aime que l’invasion prussique s’accompagne d’une invasion forestière. Cela contribue à ancrer Millevaux comme récit d’invasion

B. Qu’est-ce qu’un fauchon ?

C. J’adore la description collective de la maison

D. Comme je le pressentais, Oriente est utile en interscénar pour étoffer la relation avec un PNJ

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E. Je pensais qu’en tant que MJ tu ne poserais que des questions mais finalement tu complètes tes réponses de façon très affirmative, ainsi en décrivant les forêts limbiques (très bonne description au demeurant)

F. Mathieu a bien sais la polysémie du jeu quand il évoque le double sens du mot « torturer » (dans le sens de torture physique ou psychologique)

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Claude :

B. C'est une épée légèrement courbe, dont Xavier a une reproduction en bois.
Dis monsieur MJ on dirait que mon fauchon c'est un vrai en fer et tout et tout
Si je ne l'ai pas validé en jeu, son fauchon est de bois, sa fascination pour les armes alimentera des passerelles.
Ainsi lorsqu'ils quittent le marais de l'île aux courges pour aborder sur l'île de Nouvelle France Simon se surprend à tripoter le tomahawk du brave qui gît à ses pieds, éclusant le souvenir traumatique de la jeune fille qui l'a saisi en dernier.

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E. Je voulais conserver ma position de Meuji mais que cela s'intègre au mieux parmi les interventions des autres joueuses quite à introduire un figurant.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> Réponse de Pierre Pradal (un des joueurs) sur twitter :

Merci pour ce retour. Plein de bons commentaires. Ça donne envie d'en rejouer une partie en les prenant en compte.

Thomas :

L'équipe de Belfeuil avait l'air déçu par sa tentative d'Oriente en mode roleplay, alors que de mon côté j'ai trouvé l'initiative assez réussie, bien qu'en effet ça donnait envie de proposer des pistes pour aller encore plus loin :)

Pierre :

Dans mon souvenir, nous n'avons pas été déçu. Bien au contraire! J'ai incarné le Vieux et j'ai pris beaucoup de plaisir à cette partie intense. Je pense que les pistes que tu proposes dans ton retour permettraient d'aller plus loin et d’améliorer l'expérience de jeu.



Réponse de Belfeuil sur Youtube :

Merci Thomas, je crois qu’effectivement, la surcouche « 100% RP » a bien compliqué la pleine réussite de la partie. Je ne reviendrai pas sur la critique exhaustive que tu fais sur terres étranges, je partage certains points, d’autres non. En tout cas, merci pour ce jeu qui une fois de plus nous plonge dans les méandres poisseux de Millevaux !

Nico :

C’est intéressant cette manière de jouer aux DftQ que tu as, @Belfeuil (@Nitz le fait aussi beaucoup).

Petite question : vous en parlez avant la partie avec les participants, comme ça ne semble pas être l’usage standard du jeu (les instructions précisent seulement qu’on peut poser des questions et proposer des suggestions mais ne parle pas d’utiliser les cartes pour cadrer des scènes) ? J’imagine que ça peut être assez déroutant.

Belfeuil :

à force on a pris l’habitude de jouer comme ça, lorsqu’on a des nouvelles recrues on évoque le truc avant la partie. Pour cette partie d’Oriente, on s’était lancé le défi de la jouer 100% RP et donc c’était convenu ensemble avant la partie.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LES LIENS DE MÉFIANCE

L’équipe de l’actual play 1 MJ de Trop tente de jouer à Oriente en se focalisant sur les dialogues roleplay. Une ambiance délétère avec un groupe qui règle ses comptes autour d’un feu de camp, pour une partie très proche d’une fiction audio mais qui a laissé les participant.e.s en partie sur leur faim quant à leur objectif de jeu.

Joué le 22/02/20

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Partie enregistrée sur la chaîne 1 MJ de trop

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tamarlvarez, cc-by-nc-nd, sur flickr

Commentaires de Thomas après écoute :

Bonjour à l'équipe d'1 MJ de trop. Un grand merci pour avoir joué à mon jeu !

A. mazette, 3h12 de vidéo pour Oriente, je suis impressionné :)

B. Vous prenez pourtant un bon départ en faisant réagir les PJ aux réponses de l’un d’eux

C. Ce qui aurait manqué, c’est un portrait par PJ, leur donner plus rapidement un nom, une personnalité (qui ne se résume pas à une description physique donnée en cours de jeu), même si des choses très efficaces émergent en nom : le prénom Méfiance pour le PJ de Jessica est super bien trouvé car il résume à fond sa personnalité.

D. Sympa la référence à la drogue de la noix, on voit les connaisseurs :)

E. Cela manque de description de la forêt, mais la musique et les dialogues donnent un côté fiction audio qui peut aussi être plaisant

F. L’autre souci c’est que vous ne faites pas parler ou agir Oriente

G. Je me demande si ce n’est pas la peur du PJ de Jessica qui a généré le horla qui les suit :)

H. Super discussion sur l’égrégore

I. L’inconvénient de la formule RP est aussi que les tours sont assez longs

J. Cela ne me semble pas un échec total : s’il n’y a pas vraiment d’action, il y a de super dialogues

K. Chouette sonorisation:)

L. Ce qui peut être un frein à l’action roleplay, c’est l’absence de système de résolution qui nécessite une bonne dose de fairplay pour gérer des confrontations, moi je suis confrontant qu’au moment du climax, c’est plus facile d’y dire des choses définitives du genre « je tue Oriente », « Je m’en vais »…

M. L’autre souci c’est que les joueuses en savent plus que les PJ

N. Quelque part l’atmosphère de déliquescence que vous inspire le jeu, pour intéressante qu’elle soit, n’était sûrement pas propice à des échanges RP dynamiques:)

O. Hé hé la révélation sur le bâtiment que vous cherchez:)

P. La fin avec le déchirement familial est bien triste:)

Q. Je confirme qu’on peut trouver les questions d’Oriente sur mon site : https://outsiderart.blog/millevaux/oriente/

R. Je me demande si la sensation que certains ont d’être « enfermés » par le roleplay ne tient pas au fait que vous n’avez fait aucune interruption méta, donc pas l’occasion de négocier la fiction, il faut continuer en impro et ça passe ou ça casse.

S. Bon, je suis quand même rassuré de voir que vous avez quand même au moins pour moitié aimé l’expérience !

T. On peut aussi se demander à quel point la contrainte « jouer 100 % RP » convenait à tout le monde, et aussi si ça aurait pas dû être un peu plus explicité (parce qu’ici on était 100 % RP + 0 % méta). Après, d’un point de vue immersionniste, la partie est très élégante, notamment les questions : « je te fixe avec insistance : de quoi as-tu l’air en ce moment ? » qui amènent des descriptions en sortant très peu des personnages.

U. Comme le souligne l’un des participants, Oriente n’a pas été conçu pour favoriser le RP, il est plutôt prévu pour de la narration au passé et en style indirect, et pour être centré sur un PNJ (et non sur les PJ) comme dans For The Queen. Pour qu’un Descended by the Queen encourage plus le RP, il faudrait rajouter des instructions et/ou des questions adaptées.

V. Il y a une galerie de portraits avec le jeu de cartes en PDF, et on se choisit un portrait pour nos PJ et aussi pour les PNJ autre que Oriente, ça aide beaucoup

W. La problématique de la vie réelle qu’Oriente apporte, c’est celle de la confiance. C’est surtout ça.

X. Pour info, j’ai fait des parties assez satisfaisantes avec des personnes qui connaît pas l’univers. Le côté post-apo forestier suffit, en fait. Et puis les questions ramènent l’univers, le traitent à leur façon. Mais vous avez répondu à peu de questions.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> Commentaires de Thomas :

Un grand merci de nous partager ton expérience sur Oriente ! Ceci va être très utile à la communauté !

Voici mes commentaires :

A. ça démarre très fort avec un personnage que tu définis comme sans attaches, méfiant, et une question d'intro : "Qu'est-ce qui vous fait penser qu'Oriente ne tient qu'à sa gueule ?" > ça annonce de la friction !

B. Le coup des étoiles, c'est une chouette fausse piste, au début je pensais que c'était genre les âmes des souvenirs qu'Oriente recevait en tribu et qui la cherchaient.


Réponse de JBFH :

A. Haha, j'avoue les étoiles se sont alignées sur ce tirage ! Pour tout dire, j'ai survolé ta précédente publication, et j'ai vu qu'un des personnage avait un Opinel, ça a fait écho dans ma tête avec le Douk-Douk (un petit couteu pliant tout en acier des années 30 d'origine française mais qu'on peut notamment retrouver chez quelques bedouins suite à la colonisation), le nom vient de "Piquer" en arabe il me semble. Bref, tout ça a du nourrir mon inconscient car quelques heures plus tard Duk-Duk était né, au caractére "piquant". Les nomades viennent probablement de l'histoire du couteau également d'ailleurs ^^

B. Ha ouais ça aurait aussi été classe !


Thomas :
A. Du coup, l'histoire pourrait vraiment se passer dans le Maghreb de Millevaux (Algérie ou Maroc, la Tunisie et la Lybie ne sont plus arabophones dans l'univers officiel, ils ont fait un revival phénicien). ça expliquerait en effet le climat aride et la présence du mur (en l'occurence au Sud ou sur le littoral ouest)

JBFH :
A. Oui, ça colle tout à fait !

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> AU PIED DU MUR

A Millevaux, bien heureu.x.se celui ou celle qui se connait réellement et parfois l'Oubli peut être salvateur. Suivez Duk-duk dans sa recherche de vérités.

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Avertissement : contenu sensible (détail après l'image)

Galets-sigil, par Atsohga
Galets-sigil, par Agathe Pons (libre de droits)


Contenu sensible :
disparition d'enfant


Le contexte :

Partie solo d'Oriente, premier contact avec ce jeu via l'application en ligne (super pratique d'ailleurs). J'ai basé la création de mon personnage sur le principe d'Inflorenza Minima, à savoir une rapide description, une Quête et deux Symboles.

Nous suivrons donc Duk-duk, forgeron méfiant, qui ne s’attache à rien ni à personne, il a le sentiment que cela est du à la perte de quelqu’un de très cher à son cœur mais qu’il a oublié. Ses symboles sont le couteau et la méfiance. Sa quête est de traverser un dédale de canyons et de gorges afin d’attendre la vallée de l’autre côté. Il paraît qu’on y trouve une source permettant de se souvenir d’un être oublié.

Pour Oriente, je n'ai défini que quelques caractéristiques : une frêle jeune femme toute crasseuse.


Histoire

Qu'est-ce qui vous fait penser qu'Oriente ne tient qu'à sa gueule ?
Elle cache une gourde d’eau sous sa cape, la saleté, je l’ai vu. La mienne est presque vide et elle reste très vague quand je lui demande combien de temps il nous reste à errer dans ses canyons poussiéreux.  En plus elle marche vite, trop vite pour ma vieille carcasse , j’ai un mal de corniaud à suivre le rythme !

Qu'avez-vous promis à Oriente et pourquoi cela va être difficile ?
Elle dit qu’elle a l’habitude de guider les gens jusqu’à la source, qu’elle se fait payer en histoires et en souvenirs. Elle veut que je lui parle de la personne que j’ai oublié quand j’aurai bu à la source qui se trouve dans la vallée, à l’autre bout de cet enfer de pierres. Mais je ne suis pas sûr que cette histoire soit bonne à entendre, j’ai peur du machin sombre qu’elle cache dans mon esprit. Ce pèlerinage était peut-être une erreur après tout...

Oriente vous a proposé d'envoyer une personne naïve chasser un gibier imaginaire. Avez-vous accepté ?
A l’aube du deuxième jour de voyage nous avons rencontré une famille de nomades. Oriente a insisté pour que nous partagions un bol d’infusion avec eux. Elle a dit que c’était la coutume avec ces gens. Je n’en avais pas envie, déjà parce que je ne comprenais rien à ce qu’ils bavaient, mais aussi et surtout parce que je n’étais pas venu ici pour prendre le thé…
La pause s’est éternisé, j’ai dit à Oriente qu’il faudrait se remettre en route mais elle a voulu qu’on partage aussi un repas avec les autres. Mon ventre se tordait sous l’effet de la faim, je n’ai pas su refuser.
Elle a baragouiné quelques salamalec aux parents qui désignèrent un de leurs gamins, un petit pu-la-pisse d’à peine 10 ans. Elle lui a parlé dans l’oreille et le mioche fila à toute berzingue dans une petite gorge sombre non loin de là.
Quand je lui ai demandé ce qui se passait, elle a dit qu’elle avait demandé au gosse d’aller chasser la paline. « Qu’est ce que c’est que ça une paline ? » que je lui ai demandé, elle a dit que si le gamin revenait, je verrai. Moi j’ai jamais entendu parler de cette bête, l’Oriente elle cache quelque chose, c’est sûr !
Les parents, eux, ils avaient l’air de trouver ça bien que leur chiard il parte dans l’inconnu chercher un truc qu’existe peut-être même pas et qu’en plus on est pas sûr qu’il revienne.
Au bout d’une heure, toujours pas de gosse, Oriente a dit qu’on pouvait partir maintenant, c’était un peu duraille de décarrer sans avoir becqueter mais j’étais pas bien à l’aise avec ces gus, surtout après qu’Oriente leur ai filé une poupée de chiffon « en dédommagement » qu’elle m’a dit après.  Putain d’gitans…

Vous rappelez-vous de votre destination ?
Que dieu ! Oui que je m’en souviens ! J’ai une sale boule dans le bide depuis des années, y a rien ni personne qui m’intéresse. Le gamin des nomades il est peut-être calanché à l’heure qu’il est, ben moi ça me fait rien. La vérité c’est que j’en ai vraiment rien à faire des autres. Et j’sais pas pourquoi. Mais je sais que ça a à voir avec quelqu’un que j’ai oublié, et je sais aussi que dans la vallée, à l’autre bout, y a une source qui peut me faire me souvenir. Si ça peut m’aider à comprendre, alors ça vaut bien d’user mes semelles dans ce merdier.

Qu'est-ce qui vous donne des frissons chez Oriente ?
Trois jours de caillasse et de poussière, tout se ressemble et elle a toujours l’air de savoir où elle va.  C’est pas normal. Pis c’est quoi ces façons de filer des poupées parce qu’elle a merdé et que le moutard est peut-être crevé dans un fossé ? Elle a aussi une poupée pour moi, c’est ça ? Plutôt lui suriner la gueule et me retrouver tout seul dans ce foutu canyon que de lui tourner le dos !

Qu'avez-vous fait dans la fosse grotte que vous avez trouvée au fond de la forêt du canyon ?
On a passé la nuit dans un trou à rat à flanc de canyon, Oriente a dit que c’était plus sûr que les étoiles au dessus de notre tête, qu’au moins la roche elle nous écouterait pas. Moi ça m’allait bien, je voulais pas rester à découvert. J’ai mangé un peu de mes provisions, je fais gaffe d’en laisser pour les jours à venir, juste au cas où… L’autre elle a rien graillé, soit disant qu’elle en avait pas besoin, soit disant qu’on arriverait bientôt et qu’elle mangera là bas. Ouais, c’est ça.
Pendant la nuit, j’ai fini par m’endormir, en gardant mon schlass à la pogne, au cas où il lui viendrait des idées à l’autre sac d’os. A un moment j’ai été réveillé, pas longtemps après m’être endormi, par des bruits bizarres qui venaient du fond de la grotte et des parois, c’était comme si qu’il y avait des gens et du tonnerre,  emprisonnés dans la pierre ou peut-être de l’autre côté, j’en sais rien. Oriente elle a dit que c’était juste « les autres », qu’ils passaient des fois pas loin mais qu’ils venaient jamais par ici. « C’est qui ces autres ? » que je lui ai demandé, elle a dit que ce qu’elle en savait, c’était un paiement qu’elle avait reçu d’un autre voyageur et qu’elle était pas prête à le partager. Sale bête.  « Rien à battre de tes autres, demain on part tôt et j’espère pour toi qu’on arrive vraiment bientôt ! » que je lui ai gueulé dessus.

Laquelle des questions précédentes avez-vous oubliée ?
Cette carte a été passée.

Contre quel danger Oriente ne peut rien ? Pourriez-vous l'aider ?
Elle dit que je lui fait peur des fois. Que si je veux vraiment, elle peut me parler des autres. Moi j’en ai plus rien à faire de ces autres, je veux arriver et vite ! Je la menace et je lui dit que si je veux, je peux lui ouvrir la panse et que ses boyaux pourraient bien nourrir ses maudites palines. Ça la fait marrer. Elle dit qu’il faut pas que je m’inquiète, qu’on arrive bientôt. Elle, elle pouffe et moi j’ai le couteau qui me démange. « T’as pas bien conscience de qui j’suis ! » que je lui dis, et voilà pas qu’elle se démonte pas et qu’elle dit que de toute façon moi non plus, je sais pas qui je suis. Attend-voire gamine, ça va venir...

C'était quand la dernière fois que vous avez désobéi à Oriente ?
Un peu avant le levé du jour j’ai eu envie de pisser, elle m’a dit de faire ça dans la grotte. « Je suis pas un animal » que je lui ai dit et je suis sorti. Il faisait encore bien sombre, y avait pas un bruit, le ciel était dégagé et je pouvais enfin m’emplir le pif d’air frais. Et c’est en levant les yeux au ciel que je les ai vu. J’ai d’abords pensé que j’avais la berlue, pis en me frottant les yeux ça a rien arrangé du tout ! Les étoiles, elles bougeaient ! Ça filait dans tous les sens et j’étais même presque sûr de les entendre, un genre de bourdonnement lointain, comme si que des nuées d’abeilles invisibles les faisaient se balader à travers le ciel !
J’ai couru comme un dératé pour réveiller Oriente, quand elle a vu ma trogne de détraqué elle a commencé à se marrer. Et quand j’ai fini de lui expliquer, elle rigolait franchement en me disant que c’était les autres, qu’ils pouvaient contrôler les étoiles pour nous écouter. Là j’ai vu rouge, je lui ai balancé ma paluche en travers de sa sale tronche pour lui enlever son sourire à la con.

Que s'est-il passé quand Oriente vous a abandonné.e ?
Ça lui a pas plu que je la bouscule, mais au moins elle se marrait plus.  Elle a fait mine de se lever pour se barrer alors je lui ai pris le bras pis je lui ai gueuler dessus qu’elle partira pas comme ça. Ben pour tout dire, je sais pas si je préférais pas quand elle se fendait la poire en fait. D’un coup elle faisait plus grande, plus forte, plus acérée, plus rocailleuse. Sa peau est devenue comme de la pierre, y a même des putains de plantes qui se sont mises à pousser entre les fissures et de l’eau coulait de ses mains. « Faut payer ta dette maintenant » qu’elle m’a dit. Moi, à moitié flippé, j’essaie de lui planter ma lame dans le bide mais ça rentre pas ! Vas y qu’elle me prend par la gorge et qu’elle me soulève du sol ! De dieu, elle avait une de ses forces la piote !
Moi j’essaie de gueuler, de lui mettre des coups de pieds, mais rien à faire, elle lâche rien. Elle me met la main sur la tête et y a sa flotte qui coule dans mes yeux et ma bouche. Et c’est là, à cet instant précis, que je me suis souvenu !
J’ai revu tout le sang et les corps, j’ai entendu les cris, les pleurs, les supplications. Toutes ces choses que j’avais faites. Oui, moi ! C’était ça ! Celui que j’avais oublié, c’était moi ! Je me suis souvenu de ce coup de fouet au palpitant quand la lame plonge dans le poitrail du gars d’en face. Cette force, cette puissance, à ce moment j’étais en vie ! Tuer, voilà ce qui me manquait !
En vérité, j’en ai pas profité longtemps. « Je prends ton histoire Duk-Duk, tu peux garder le reste ». Elle a fini par me lâcher la grappe et avant que je ne touche le sol, j’étais changé en pauvre caillou de mes deux.

Qui est mort pendant le voyage ?
Le Duk-duk qui est entré dans le canyon y a 3 jours a clamsé, pour sûr. Est-ce que c’était vraiment moi ? J’en mettrai pas ma main au feu…

Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ?
J’ai plus tellement le choix maintenant. Me voilà comme un gland, une pauvre caillasse anonyme au milieu de ce putain de canyon, qui sait si toute cette fichue poussière n’est pas constituée d’autres voyageurs….

Note :
L’idée est venue au fil de la session de jouer le récit au pied du mur d’enceinte qui entoure Millevaux. Le mur étant une des parois du canyon. Duk-Duk entend d’ailleurs les patrouilles à l’extérieur lorsqu’il est dans la grotte et les étoiles qui bougent son en fait des drones de surveillance.
Oriente est une Horla, visiblement, et j’aime à penser qu’un jour elle aura suffisamment combler le canyon avec des petits cailloux/voyageu.rs.ses que Millevaux pourra passer par dessus le mur.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> MA CHAIR ET MON SANG

Deux sœurs perdues dans une forêt hostile, dans un réseau vénéneux où chaque souris est le chat d'une autre. Le copier-coller d'une partie en solitaire !

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Avertissement : contenu sensible (détail après illustration)

Joué le 25/07/19 en solitaire

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keightdee, cc-by-nc

Contenu sensible : inceste, parricide, agression sexuelle supposée


Pour ce solo d'Oriente, j'ai choisi un portrait de personnage qui m'inspirait une certaine sympathie, qui m'évoque la douceur, l'innocence et une certaine forme de liberté. Je voulais sortir de la facilité qui consiste à faire d'Oriente un personnage rapidement détestable. De surcroît, je connais aussi d'autres photos (dans des ambiances très différentes) avec le même modèle (qui s'appelle Felch Lenden) que j'ai déjà utilisées pour des photomontages et donc ça me donne une vision un peu plus globale de ce personnage.

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crédits keightdee, thomas hawk, licence cc-by-nc

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crédits : keightdee, practical owl, cc-by-nc & fougère_ssubbotin, domaine public

Pour mon personnage, j'ai choisi un portrait que j'associe au théâtre de Seb Le Noir pour Inflorenza : Grünwalding. Ce théâtre est inspiré du comics Chilling Adventures of Sabrina, et donc pour moi ce portrait est celui d'une sorcière. On ne sait pas si elle est maléfique et vulnérable et c'est que je m'attends à explorer.

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crédits : Shauna Leigh Robinson, cc-by-nc, sur flickr.com

Je démarre sans nom pour mon personnage et je me dis que je le déterminerai lors des premières questions. Je lance une partie moyenne (autour de 20 questions).

Comme à mon accoutumée, je me force à utiliser le jeu brut : donc pas d'aides à l'impro type l'Almanach ou Muses et Oracles

Petite entorse, je me mets une musique d'ambiance issue de la playlist Millevaux

Je tire deux lettres au hasard : B+R, ce qui donne :

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La nuit, les charrues, par Brame, post-americana grinçante, rouillée et ensauvagée.

Un titre très rugueux par rapport à ce que j'imaginais, mais bon je le prends comme un challenge, je verrai où çà me mène.


L'histoire :

"Que vous a confié Oriente avant de l'oublier ? Que lui avez-vous confié en retour ?"

Elle m'a confié qu'elle était ma sœur puis elle l'a oublié. Et moi je me suis bien gardé de le lui rappeler parce que je suis amoureuse d'elle. C'est ce que je lui ai confié, plus tard, une fois qu'elle avait bien oublié être ma soeur, je lui ai dit que je l'aimais, qu'elle était la meilleure chose qui me soit arrivée dans cette maudite forêt.

"Qu'avez-vous promis à Oriente et pourquoi cela va être difficile ?"

J'ai promis que je ne lui mentirais jamais et ça va être difficile, puisque je lui mens sur nos liens réels à chaque fois que nous avons une relation intime, dont seul le terreau et les branches sont témoin.

"Qui vous montrait le chemin avant Oriente ?"

C'était son père. Enfin, je suppose notre père.

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Lars Elmo, cc-by-nc, sur flickr

Je le regrette carrément pas. Je pense que je l'ai tué. D'abord je l'ai envoûté pour aspirer ses forces puis un bon coup de pierre dans le crâne, et je l'ai poussé dans une fosse dans la forêt où les renards se sont chargés de le bouffer.

"Pour qui ça se passe plus mal que pour vous ?"

ça se passe assez mal pour cette vieille qui avait l'air en difficulté, en proie à une crise de sévencre dans une région du maquis qu'on pense être fréquentées par les varous. Oriente voulait qu'on la prenne avec nous, mais je pensais qu'elle nous ralentirait. J'avais aussi un peur d'elle, même si je me suis gardé le dire. J'ai dû littéralement me battre avec Oriente pour qu'elle ne prenne pas la vieille avec nous.
Oriente criait et pleurait. Je lui ai répété qu'on avait pas le choix. Elle s'est assombrie depuis, elle plonge dans une forme de mélancolie qui confine au désespoir.

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Lewis Wickes Hine, domaine public

"Contre quel être ou chose avez-vous vu Oriente reculer ?"

Contre le varou qu'on avait rencontré dans le roncier. J'ai vu la peur dans ses yeux comme jamais. Et oui, mon Oriente qui savait toujours comment faire et qui savait tout sur la forêt, tout ce qu'elle a pu faire c'est marcher en arrière face au regard ardent du loup debout, à ses babines retroussées et son odeur infecte.

Mais je suis restée à lui faire face car j'étais fascinée.

"Quel a été votre comportement avec Oriente lors de cette fête que vous avez célébrée dans la forêt ?"

C'est quand Oriente a retrouvé le corps de notre père. Elle a d'abord insisté pour qu'on procède à ses funérailles. On a sorti de la fosse ce que les renards nous avaient laissé et on bâti un pilotis de branche pour installer son corps, qu'on a couvert de colifichets fabriqué pour l'occasion avec des racines, des tubercules et des cordelettes de couleurs. On a ensuite veillé dans le silence et le recueillement (feint en ce qui me concerne). Puis je lui ai souri et je lui ai proposé de trinquer avec une vieille bouteille poussérieuse de liqueur d'oubli, couverte de lichen. Et de fil en aiguille, on a allumé un grand feu, on a fait la fête, on a chanté, on a dansé, on s'est soûlées. Et je l'ai embrassée. Et elle m'a rendu mon baiser. Et je l'ai prise dans mes bras. Et elle était fébrile mais consentante, j'en suis certaine. Je lui ai pas dit, mais je sais que j'ai tellement bien fait de nous débarasser de ce salaud.

"Qui de vous ou d'Oriente a le plus perdu son humanité ?"

C'est moi bien sûr. Oriente conservera toujours son humanité. Elle incarne l'humanité. Moi je m'enfonce de jour en jour, me sentant plus proche d'un varou, d'une bête ou d'un horla, que des hommes. ça a commencé quand j'ai frappé le crâne du père. Ou quand j'ai dévisagé le varou. Ou quand j'ai fabriqué ma première poupée de tourbe, de ronces et de poils pour envoûter le père. Ou alors avant, quand j'ai reçu mes enseignements.

"Qu'est-ce qui fait paraître Oriente incompétent.e de prime abord et pourquoi vas-tu au-delà des apparences ?"

Quand on voit Oriente, on se dit : c'est la victime de l'histoire. Pas la guide. Mais au final, c'est moi qui suis paumée. Elle, elle sait toujours où on va. Parce qu'elle est le compas. Elle est le centre du sens. Elle est le centre du bien. Donc, quoi qu'on aille, on va dans la bonne direction si c'est elle qui nous conduit.

"Quel est le lien qui vous unit à Oriente au-delà du simple voyage ?"

Je voudrais que ça ne soit que le lien d'amour, je voudrais oublier cet autre lien qui fait battre mon coeur bien trop fort quand je la tiens : "C'est ma soeur c'est ma soeur c'est ma soeur". Je suis sûre qu'il y a un moyen d'oublier.

"Vous rappelez-vous-tu de la raison du voyage ?"

Le père savait. Il savait où on allait et pourquoi on y allait. Je pense qu'il l'a dit à Oriente. Parce qu'il la préférait. Parce qu'il avait ces moments seul avec elle, auxquels je n'ai jamais eu droit. Donc, maintenant y'a que Oriente qui sait où on va et pourquoi on y va, si jamais elle sait. Si par hasard elle me l'a dit, j'ai oublié, mais je pense pas qu'elle me l'ait dit, parce qu'elle ne doute même pas que ma mémoire puisse défailler à ce sujet.

"De vous ou d'Oriente, qui se rapproche le plus d'un horla ?"

Ben tiens, j'ai l'impression d'avoir déjà eu à répondre à une question proche. En tout logique, c'est moi qui suis un horla, si l'une d'entre nous devrait l'être. Des fois, j'aimerais être un varou. Parce qu'ils sont moches, sorciers et invincibles. Alors, je n'aurais jamais à craindre pour la sécurité d'Oriente. En tout cas, personne ne pourrait lui faire du mal à part moi. Mais des fois je me demande si c'est bien normal qu'Oriente reste pure et indemne malgré tout ce qui nous arrive. Si ce serait pas son truc de horla à elle.

"Que s'est-il passé quand vous avez faussé compagnie à Oriente ?"

Ben il s'est passé la CHOSE avec le père. Oui, je me suis engueulé avec Oriente parce qu'elle voulait pas m'embrasser. Alors je me suis barrée dans les orties pour qu'elle s'inquiète et s'en veuille d'avoir dit non. Sauf qu'elle est pas revenue me chercher, alors finalement c'est moi qui me suis inquiétée, je me suis dit qu'elle m'avait abandonnée. Alors, je suis revenue sur mes pas, c'était dur et je me suis paumée parce que c'est Oriente qui sait se repérer dans la forêt, pas moi, j'ai pas ce don-là. Donc quand je suis revenue, du temps avait passé, c'était la presque-nuit je crois, et j'ai trouvé Oriente avec le PÈRE, et elle était en sang et en loques. C'est ce qui m'a poussé à passer à l'acte plus tard. Mais je m'en suis toujours voulu d'avoir été absente.

"Qu'est-ce qui a changé depuis le début de votre périple ?"

Oriente oublie de plus en plus, elle a oublié qu'elle était ma sœur alors qu'au départ c'est moi qui l'avait oublié, et elle commence à oublier qu'avant il y avait le père avec nous, et qu'il est mort. Notre histoire pour elle se résume de plus en plus nous, ce qui fait que mon emprise sur elle va grandissant, mais aussi je commence à craindre qu'elle finisse par oublier ses talents de guide, ou qu'elle oublie qu'on s'aime, alors tous les matins je lui offre des fleurs ou quand j'en trouve pas, je lui offre les bricoles les moins laides que j'ai pu ramasser dans les feuilles mortes, pour lui rappeler qu'on s'aime, et je lui redemande d'énumérer ses capacités de guide.

"Qu'avez-vous fait dans la fosse que vous avez trouvée au fond de la forêt ?"

J'ai enterré un salopard qui avait fait du mal à Oriente. Je crois que c'est Oriente qui m'a dit qu'il lui avait fait du mal. Je ne sais plus qui a tué ce salopard.

"Ressentez-vous l'appel de la forêt ?"

Oui, quand j'entends le varou hurler à la lune, ou quand je sens ses remugles. J'en ressens une attirance presque sexuelle, je me sens comme un pièce de fer en tension entre deux aimants aux pôles opposés : la beauté fragile d'Oriente et la puissance bestiale du varou.

"Vous les entendez courir, ils seront bientôt là ! Que va faire Oriente ?"

Ils arrivent vers nous, le varou et sa meute. Oriente va paniquer grave. C'est à moi de gérer la situation. Mais je ne sais pas non plus quoi faire, parce que je ne sais pas ce que le varou veut vraiment, et je ne sais pas dans quel camp pencher.

"Quelle croyance Oriente vous a mise en tête ?"

Que la bonté triomphe toujours de l'adversité. J'ai toujours cru que c'était des sornettes et que je devais la protéger de cette idée, mais c'est comme si elle avait réussi à amollir mon crâne pour faire rentrer cette idée. Alors quand le varou s'est tenu devant nous, couvert de croûtes et bavant, sa meute obscure à ses côtés, et maugréant en langue putride, j'ai tenu la main d'Oriente, j'ai souri au varou et je lui ai tendu la main...

"Qu'est-ce qui vous fait penser qu'Oriente ne tient qu'à sa gueule ?"

C'est ce que le varou vient de me gronder en langue putride pour qu'Oriente ne comprenne pas. Qu'Oriente m'a manipulée pour que je tue le père. Je peux pas y croire. Le père l'avait forcément cherchée. Alors je commence à me dire que le varou et moi on est quand même trop différents et qu'on va devoir prendre une décision intelligente très vite...

(une question zappée car trop en rupture avec mon flot)

"Gardez-vous un bon souvenir de votre relation intime avec Oriente ?"

Ce sont les seuls bons souvenirs de ma chienne de vie. Alors que je me colle à elle, pour la tenir dans ses bras et pour la protéger du varou et de la meute, je sens son odeur et j'entends le battement de son cœur, et ça me fait replonger dans toutes nos étreintes et nos conversations à cœur "ouvert", et je voudrais, je voudrais tellement, n'avoir que ces souvenirs dans le crâne, et de les garder pour tout jamais.

"Pourquoi Oriente se montre vulnérable seulement avec vous ?"

C'est ce que je me suis demandé quand j'ai vu le varou et sa meute refluer, quand j'ai vu le regard qu'Oriente leur a fait. Je me suis demandé si en fait, la peur qu'elle ressentait pour le varou n'était pas feinte. En fait, c'était le varou qui avait peur d'elle, et il a eu besoin de sa meute pour se sentir suffisamment en sécurité pour m'adresser UN MESSAGE et ensuite la fuir aussi vite que possible. Et les fois où le père lui a fait du mal ? Est-ce que j'en ai été vraiment témoin ?

"En quoi Oriente vous sert-il de compas moral ?"

Parce que moi, je suis une vermine. J'ai laissé la vieille seule dans la forêt parce qu'elle était malade, ce qui équivaut à une mise à mort. J'ai tué le père sur des simples soupçons, parce qu'en fait ça m'arrangeait de l'écarter de l'équation. J'ai nié ma sororité pour assouvir les pulsions que j'avais envers Oriente. Oriente ne fait rien de tout ça. Elle est sincère, compatissante et préfère subir plutôt que d'utiliser la violente.

Elle ne me fait jamais de reproches (sauf pour la vieille ?), mais en fait il lui suffit d'être ce qu'elle est pour que ça me culpabiliser.

A moins que ça fasse partie de son plan pour me manipuler ?

"C'est Oriente qui vous propose de vous guider ou c'est vous qui lui avez demandé ?"

C'est moi qui lui ai demandé. Parce que j'avais désespérément, plus que de trouver une destination dont j'ai oublié la teneur ou ne l'ai jamais su, j'avais désespéré besoin d'être à ses côtés.

"Pourquoi à vos yeux Oriente est irremplaçable et en quoi ça vous pose problème ?"

Parce que c'est tellement douloureux de l'aimer alors que je sais que je suis une mauvaise personne et qu'elle est trop bien pour moi, qu'elle est trop bien pour qui que ce soit. Et parce que je flippe car si je suis privée de sa compagnie, je ne trouverai jamais personne qui puisse combler le vide immense qui me bouffe le cœur, comme cette fosse dans la forêt où j'ai enterré un type.

Et ça me pose problème parce que je suis dans une dépendance maladive, et j'ai peur que ça me rende mauvais et manipulatrice envers Oriente, et parce que je déteste lui mentir pour l'avoir à moi, et parce que oui je suis littéralement MALADE de cet état, et parce que je me demande si ce n'est pas exactement ce que veut Oriente, je me sens envoûtée, comme si c'est elle qui avait entre ses mains une poupée de tubercules, de fougères et de cheveux à mon effigie, et que je devrais faire quelque chose pour me libérer de son emprise avant qu'il ne soit trop tard.

"Que s'est-il passé quand Oriente vous a proposé un raccourci par les forêts limbiques, domaine des morts, des souvenirs et des rêves ?"

Elle ne l'a pas présenté comme un raccourci, mais comme un passage dangereux qu'on devait emprunter si on voulait mettre du champ entre le varou et nous. J'ai accepté parce que je suis fascinée par cet endroit du sous-monde, et j'aurais jamais cru qu'elle me le demanderait. J'ai fait le rituel d'entrée, je me suis mise à nu, je me suis blessée, je l'ai fait pour elle et en même temps c'était jubilatoire et on a trouvé l'entrée dans une ravine boueuse on s'est enfoncées et on est arrivées dans les forêts limbiques, je l'ai su quand on n'a plus entendu le hurlement du varou ni senti son odeur et qu'on est retournées au moment où j'étais revenue de ma fugue et que je l'avais trouvée avec LE TYPE, et qu'elle était en sang et en loques et qu'elle me disait quelque chose de mal articulé et que ça sonnait faux.

"Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ?"

Je l'ai tué, je l'ai tué CE TYPE. Si Oriente me dit qu'il lui a fait DU MAL, c'était forcément VRAI. Et j'étais nue, et j'avais la pierre, et son crâne s'est brisé de nouveau, il en est sorti des flots d'asticots. Et Oriente et moi étions dans la fosse à porter son corps. Et j'EMBRASSE Oriente, ma sœur, ma bien aimée, ma chair et mon sang, et je te suivrai partout, parce qu'importe qui mène le jeu de nous deux, moi je veux juste rester sur l'échiquier à tes côtés.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> LES COMPAGNONS DU CALICE

A suivre un guide de plus en plus inhumain dans une forêt de plus en plus cauchemardesque, on finit par préférer se perdre. Un récit par Nitz.

Compte-rendu initialement posté sur L'Auberge Virtuelle

Paramètres : discord pour l’audio et un visuel + forthedrama.com pour les cartes. Partie courte (10 cartes avant l’épilogue).

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BO :

Zoviet-France: – Shouting At The Ground (1988) ambiante dark, tribale, expérimentale.
Aphex Twin - selected ambiant works volume II (

L’histoire

L’histoire est difficile à raconter de manière linéaire. En voici une piètre tentative.

Nous suivons Oriente depuis longtemps. C’est un guide étrange, mais avisé, capable de savoir quand il faut reculer. Mais il est aussi cruel et impénétrable. Oriente nous a forcé à abandonner les plus faibles d’entre nous dans un marécage putride. Oriente a été happé par un arbre, mais ce souvenir lui a été dérobé par l’un de nous.

Nous étions des mercenaires lorsqu’on nous a demandé d’attaquer son village. Nous cherchions des informations sur le Graal. Nous avons alors choisi de déserter car Oriente nous a subjugué. Il nous a promis de trouver le Graal, un havre de paix et de lumière.

La forêt autour de nous nous appelle et nous transforme. Nous avons peur de ne plus avoir de but et que la forêt nous attire dans sa noirceur. L’une de nous revoit son mari Eran : le Graal n’est plus très loin. Oriente abat un arbre et la nuit nous asperge de son obscurité. La forêt nous maudit. On traverse un rift de pure noirceur en suivant la carte tatouée dans le dos ligneux d’Oriente. Quand nous sortons de l’abysse, brutalement, Eran est de nouveau avec nous. Vertige. Autour du feu, sa peau est distendue, grisâtre, des algues et des insectes ont élu domicile dans son corps mort.

Lorsqu’Oriente nous guide vers le coeur le plus sombre de la forêt, nous ne le suivons pas. Le prix à payer est trop grand. Nous suivrons notre propre chemin. Peut importe si nous sommes déjà morts.


Nos remarques :

une partie appréciée
une ambiance très sombre et contemplative, induite par beaucoup de cartes rédigées au passé
peu d’interactions entre les joueuses sont suscitées par le jeu et les questions
nous avons choisi un portrait parmi une galerie composée ad hoc (pas de portraits proposés dans cette version en ligne ?)
le jeu semble prendre une tournure différente quand le but se construit. On pourrait formaliser le but soit pendant les instructions, ou pendant une phase du jeu (vers le milieu de la partie) mais que tout le monde réponde à la question (suggestion).


Réponse de Tom_Z :

Bien résumé, juste une remarque et des questions, mon personnage était un homme donc c’est plutôt

L’un de nous revoit son mari Eran

On n’a pas vraiment défini nos personnages (apparence, nom), est-ce que c’est toujours le cas dans les jeux Descended From the Queen ? En y repensant plusieurs fois, j’ai évoqué vos personnages sans pouvoir les nommer, j’aurai sans doute dû vous poser la question à ces moments-là.
Est-ce que le joueur dont c’est le tour peut lui aussi poser des questions aux autres personnages ? Voir lancer une scène de roleplay ?

Une partie très intéressante, qui me donne envie de découvrir d’autres jeux Descended From the Queen.

Nitz :

Tom_Z a écrit :

On n’a pas vraiment défini nos personnages (apparence, nom), est-ce que c’est toujours le cas dans les jeux Descended From the Queen ?

Oui, c’est très souvent le cas dans les jeux freeform où les persos se créent au fil du jeu et non en début de partie. C’est intéressant parce que nommer les choses, les gens, c’est un peu les figer. Utiliser des périphrases pour nommer les gens est très riche de sens. Encore faut-il que nous joueuses nous efforcions de donner de la matière à nos camarades de jeu : décrire son personnage sous forme de sensations, émotions, posture, rôle dans le groupe…

Tom_Z a écrit :

Est-ce que le joueur dont c’est le tour peut lui aussi poser des questions aux autres personnages ? Voir lancer une scène de roleplay ?

Rien n’est jamais interdit. Ca se fait souvent dans les jeux de la famille de la Reine. Un bémol pour moi, mais dépassable dans le cas d’une table où les joueuses se connaissent bien et où la qualité d’écoute est sans défaut : ça peut casser l’écoute favorisée par l’aspect très ritualisé de la partie (chacune son tour on a l’autorité narrative et on peut refuser les questions des autres joueuses).


Commentaire de Thomas à la lecture du CR :

Merci beaucoup pour ce compte-rendu de partie !

Alors si il y a une galerie de portraits, mais si vous avez joué avec l’application en ligne, vous n’y avez pas eu accès. Vous la retrouverez dans la version pdf du jeu trouvable sur la page du jeu.

Il me semble (mais si d’autres habitué.e.s de ces formats ont une opinion différente, je serais heureux d’en discuter) que les jeux de la famille de Pour la Reine dont fait en effet partie Oriente ne creusent pas beaucoup les personnages ni les relations inter-personnages pour se focaliser davantage sur les relations entre les personnages et le PNJ ou concept central (la Reine de Pour la Reine, votre guide dans Oriente, etc.) qui lui en général se retrouve bien plus détaillé que dans un jeu de rôle plus habituel.

La précision de votre débriefing et de vos attentes est essentielle, parce que d’expérience, ce qui nous a manqué, on le réinjecte alors dans la partie suivante : je conviens que le jeu n’offre pas tout, mais en revanche il laisse de la place pour amener ce qu’on recherche une fois qu’on l’a identifié. Ainsi, à l’issue d’une première partie, notre groupe a émis le besoin de faire des scènes plus construites, et en posant cela on est parvenu à le faire sans efforts lors de la deuxième partie, juste parce qu’on l’avait intégré dans le contrat social.

Je précise un usage des portraits d’Oriente qui peut vous intéresser : la galerie de 16 portraits peut servir à caractériser Oriente, mais aussi vos personnages ou des figurants. D’expérience, cela en fait une aide de jeu intéressante qui vous permet de typer beaucoup plus les personnes qui vont peupler l’aventure.

Je regrette de m’être aperçu de cette potentialité après la publication du jeu, sinon je l’aurais écrit noir sur blanc sur une carte d’instruction.

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<![CDATA[Réponse à : [Oriente] Comptes-rendus de partie]]> TRANCHER LES PARTIES POURRIES

Croire sans réserve ou se méfier à toute force : dans les deux cas on n'a pas d'autre choix que de suivre le guide. La reproduction d'une partie jouée en textuel sur plusieurs jours grâce à l'application en ligne !

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Joué en messagerie privée sur un réseau social, du 11/07/19 au 19/07/19

Personnages : le contaminé, l'espérante

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Le portrait choisi pour Oriente. Crédits : philatz, cc-by-nc, sur flickr


L'histoire :

[J'ai tronqué quelques messages HRP et réorganisé certains autres.]

Le contaminé :

"Qui agit sous l'influence d'un horla ?"

Certainement pas moi! En fait, des fois, quand je suis au sommet de ma paranoïa, ou juste de ma peur, je pense que tout ce qui n'est pas moi agit sous l'influence des horlas. Et quand je me sens encore plus mal, j'imagine que moi aussi, finalement, je suis leur marionnette. Alors, dois-je tenter de couper mes fils?

Joueur de l'espérante :
"Donc, Oriente aussi agit sous l'emprise d'un horla ?"

Le contaminé :
En vérité, je n'en sais rien mais je ne l'exclues pas. Et puis, on n'est pas forcément sous l'Emprise des Horlas en permanence. Oriente peut très bien leur servir de marionnette un temps donné seulement. En tout cas, ça peut être bon de le garder bien à l'œil, au cas où...

Joueur de l'espérante :
(bon je me rends compte que poser des questions en textuel ça ralentit pas mal le jeu, alors je vais le faire avec parcimonie...)
A mon tour de répondre à une question : "Vous rappelez-vous de votre destination ?"
Je pense qu'on voulait voir la mer. Parce que c'est beau, la mer. J'en sais rien, je l'ai jamais vue, mais j'ai entendu des choses extraordinaires sur le sujet.

Joueur du contaminé :
"Mais, où as-tu entendu parler de la mer? et que t'a-t-on raconter?"

L'espérante :
C'est Oriente qui m'en a parlé, quand on l'a rencontré dans cette taverne chelou au milieu de la forêt. Il m'a dit qu'il existait un domaine au-delà de la forêt, une immensité d'eau salée où les arbres n'étaient plus les maîtres, et qu'au-delà peut-être même il y avait des terres où il faisait mieux vivre. je dois dire que c'est un peu ce qui m'a convaincu de tout plaquer pour suivre Oriente.

Le joueur du contaminé :
(c'est vrai qu'on est parti comme ça sans poser plus de cadre ^^ déjà, on sait m^me pas si nos persos sont ensemble ou s'ils communiquent par Mycorhizes ? et puis, s'ils séparés mais avec Oriente… c'est qu'il y a un problème temporel. la faute à un horla?)

Joueur de l'espérante :
(ah oui ça peut être rigolo que nos personnages ne soient pas ensemble mais ils ont bien suivi la même personne, Oriente, peut etre pas au même moment, mais dans ce cas précis, il faudra quand même qu'on fasse un effort d'être cohérent avec les réponses de l'autre, de faire des liens)

Joueur du contaminé :
(nan, autant faire simple^^ nos persos voyagent ensemble. une question nous permettra d'ailleurs de savoir comment on s'est retrouvés ensemble. )

Le contaminé :
"Oriente connaît la langue putride. Qu'est-ce que vous en concluez ?"
J'en conclus qu'il est aussi louche que je le pensais. Et aussi louche qu'il en a l'air. C'est pas que je ne l'aime pas ou que je ne lui fais pas confiance. C'est plutôt que  je sens qu'effectivement la situation peut basculer à tout instant. Je pense qu'il dit la vérité quand il dit vouloir nous aider. Il est sincère. Mais il ne s'appartient pas. Qu'il connaisse la Langue Putride en est la preuve. Aussi, je me méfie.

L'espérante :
"De vous ou d'Oriente, qui se rapproche le plus d'un horla ?"
Ben clairement, Oriente. Son visage est toujours caché par ses cheveux, ses vêtements amples empêchent de voir son corps, et j'arrive à savoir si ses cornes sont posées sur son crâne où si elles en font partie. Je sais que c'est pas top de juger sur l'apparence, mais comme çà première vue, il y a des chances pour qu'Oriente soit un horla, un horsain ou un maletronche. je suis pas sûr d'être nette, mais quand même je suis plus sûr de mon pedigree que du sien.

Le contaminé :
"Que s'est-il passé quand Oriente vous a abandonné.e ?"
Et bien, en ce qui me concerne, ça a été un peu la panique. J'ai fait de mon mieux pour ne rien montrer mais... déjà que j'avais pas forcément super confiance en lui. Là, j'ai vraiment cru qu'il était vraiment un Horla qui nous avait tendu un piège des plus grossiers. Je m'en suis d'autant plus voulu d'avoir accepter de le suivre. Allez voir la mer! Faut vraiment que je sois naïf pour avoir gobé un truc pareil Et puis bon, il est revenu. Comme ça, sans donner d'explication. Pour ma part, je n'ai pas posé non plus de questions. Vaut ptete mieux ne pas savoir qu'avoir l'air d'un crétin qui gobe une ânerie! Faire semblant de s'en moquer, ça donne une certaine consistance, non? Remarque, il a l'air de s'en ficher éperdument que je m'en moque...

L'espérante :
"C'était quand la dernière fois que vous avez désobéi à Oriente ?"
J'ai désobéï quand Oriente m'a interdit d'aller te rechercher. Iel disait que tu étais contaminé et donc que tu représentais un danger pour nous tous. Mais j'ai eu pitié de toi, alors je suis allé te rechercher et je t'ai ramené dans le convoi. Oriente a fait semblant de s'en fiche mais je sais bien qu'iel désapprouvait. J'ai également été un peu peinée de ton indifférence. un peu de reconnaissance ou d'indignation aurait été la bienvenue.

Le contaminé :
"Par quel lieu hanté n'auriez-vous jamais dû passer ?"
Je n'aurais jamais dû passer par ces grottes. Je pensais pouvoir vous rattraper plus vite. Je voulais rejoindre le convoi rapidement. J'ai pensé que ce serait sans risque. Grande a été mon erreur et ma frayeur. Ces cavernes sont peuplées d'ombres qui n'en ont que le nom! En vérité, elles sont vivantes! J'ai couru à en perdre haleine et la raison. J'ai fini par trouver une sortie et les ai laissé derrière moi mais... quelle peur, mon ami. C'est peu après ce moment là que tu m'as retrouvé. Ne me pense pas ingrat, ma froideur n'était que la conséquence des émotions qui se sont emparées de moi là-dessous. Je ferai de mon mieux pour me rattraper et te prouver que tu peux compter sur moi. Par contre, ne me demande pas de retourner sous-terre, s'il te plait.

L'espérante :
"Comment Oriente s'occupe du campement ?
Oriente ne s'en occupe pas, jugeant que c'est notre job et pas le sien, ou plutôt qu'iel n'a besoin que du confort minimum, et si nous voulons mieux, nous devons nous organiser. Et encore. Oriente nous interdit de faire du feu et de dormir au même endroit plus de six heures, pour ne pas attirer l'attention des prédateurs... humains ou non... Parfois, je me demande si Oriente n'a pas aussi quelque intérêt à nous maintenir dans un état de fatigue et de parano. J'ai trouvé assez rude qu'iel ne t'accorde pas un temps de repos prolongé quand je t'ai ramené de ces grottes infernales. Bien sûr, nous devons être prudents, mais ici la prudence n'est-elle pas un prétexte ?

Le contaminé :
"Qu'est-ce qui vous fait penser qu'Oriente ne tient qu'à sa gueule ?"
Qu'il ne se préoccupe pas plus de nous effectivement. seul son confort lui importe. nous, comme tu dis, on doit se débrouiller. on a un problème, on a besoin de repos? ll s'en moque! C'est un peu marche ou crève quand même, non? et puis, il parle la Langue Putride. c'est plus que louche. en fait, j'ai l'impression qu'il a besoin de nous mais pas pour arriver à bon port. Je crois que c'est pour une fois arrivé. Je crois... j'ai peur qu'il ne nous mène à la mort...

Joueur de l'espérante :
"Finalement, qu'est-ce qui rachète sa conduite ?"

Le contaminé :
Je crois que rien ne rachète sa conduite. Pas lui en tout cas. Non, si je continue de le suivre c'est... grâce ou à cause de cet infime espoir qu'il ne nous ment pas et que, finalement, il nous mènera à bon port...

L'espérante :
"Pourquoi feriez-vous confiance à Oriente alors que ce n'est pas un.e professionnel.le ?"
Oriente n'est en effet pas un de ces coureurs des bois professionnels qu'on recrute dans les tavernes. D'ailleurs, Oriente n'a demandé aucune rémunération. Mais je pense que c'est le guide qu'il nous faut. Un guide mystique, qui connaît les chemins qu'aucun autre ne connaît et qui nous guide vers la mer non pas parce que c'est son job mais parce que ça fait partie d'un plan cosmique.

Le contaminé :
"N'as-tu pas peur que nous ne soyons que des pions sacrifiables dans ce plan cosmique justement ?"

L'espérante :
Non je pense qu'on fait partie du plan, on doit aller vers la mer. Enfin, peut-être pas toi, si tu es contaminé.

Le contaminé :
Oh la!!  non non!! je ne suis pas contaminé du tout. Et par quoi voudrais-tu que je sois contaminé ? Bref, changeons de sujet, veux-tu ?
Et pour te prouver que, même si je me pose des questions, je vous suivrai jusqu'au bout, rappelles-toi :
"Qui Oriente a dû torturer ? Pourquoi l'avez-vous aidé ?"
Souviens-toi, quand nous sommes tombés dans cette embuscade tendue par ce groupe de mutants. On s'en est tiré de justesse. Nous avons la chance de faire un prisonnier et nous devions savoir quels autres pièges nous attendaient. Oriente a alors fait preuve d'une cruauté nécessaire et je l'a secondé car… Nous devions bien nous assurer que nous atteindrions notre but sans plus d'encombre. Enfin, sans plus de problème de ce genre… Tu vois, je ne suis pas très à l'aise avec ce que nous avons fait mais c'était une nécessité. Je ne sais pas si Oriente y a pris du plaisir ou quoi que ce soit. Moi, ce n'est pas mon cas. Je l'ao fait parce que je voulais être certain que nous n'entendrions plus parler de ces mutants jusqu'à ce que nous soyons arrivés à destination. Tu vois, je me pose des questions mais… je vous reste loyal à tous et je me salirais encore les mains s'il le faut.

L'espérante :
"Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ?"
A ce carrefour, il y aurait possibilité de se diriger vers un village, vers quelque chose, un semblant de civilisation et de sécurité. Ou alors continuer à suivre Oriente, qui est peut-être un monstre qui nous conduit peut-être vers une chimère. Mais je ne sais pas toi, mais moi il n'y a que les rêves qui me font encore tenir debout, alors je m'enfonce avec Oriente dans des noirs sous-bois, toujours plus loin, avec dans le coeur, ce qui nous conduit aux pires extrémités, le fol espoir, oui le fol espoir, et quoique ça m'en coûte et quoique ça puisse coûter à qui que ce soit, le fol espoir d'un jour voir la mer. Et toi, continue-tu à suivre Oriente ?

Le contaminé :
Bien sûr que je suis Oriente. Je ne le fais pas par idéalisme. Plus nous nous enfonçons dans les bois et sous-bois et plus je me dis que cette mer qui nous attends n'est peut-être que la mer de l'oubli et de la mort... En vérité, je suis Oriente parce que je suis animé par une sorte de curiosité malsaine. Je veux savoir si mes soupçons sont fondés, dusses-je en mourir. Je sais que c'est idiot. je sais que je vais sûrement y laisser ma peau mais... Avouons-le, qu'ai-je de mieux à faire?

Joueur du contaminé :
(merde!! c'est déjà fini ^^)

Joueur de l'espérante :
si tu trouves ça trop court, on peut relancer un deck de 10 ou 20 cartes, vu qu'on suit tjs Oriente

Joueur du contaminé :
ah ah? et bien on peut relancer de 10 si tu veux oui ? et alors on verra où ça mène. après, je veux pas non plus abuser quoi. tu es en vacs en plus, non?

Le contaminé :
"Oriente refuse que vous laissiez une personne vous accompagner. Qui et pourquoi ?"
Lors d'une halte, au plus profond des sombres sous-bois, nous avons partagé un peu de nourriture avec un groupe de... je ne sais pas trop si je dois parler de mutants ou juste de malades. en tout cas, ce n'était pas des Horlas, ni des être corrompus. Enfin, si, à les voir, leurs corps étaient largement corrompus mais pas leurs âmes. Ils nous ont expliqué errer sans but, ne cherchant qu'à survivre. Quand nous leur avons expliqué qu'Oriente nous guidé jusquà la mer, l'un d'entre eux a émis le souhait de nous suivre. Mais Oriente s'y est brutalement opposé. Et pour seule explication, il a dit que cet homme n'était pas "sain". Je veux bien mais... qui peut vraiment prétendre l'être aujourd’hui?

Joueur de l'espérante :
"Et tu as réagi comment quand Oriente a refusé qu'il entre dans le groupe ?"

Le contaminé :
En vérité, je ne saurai trop dire pourquoi ça m'a heurté. Je crois que j'ai pris la défense ce pauvre hère pour tester Oriente, pour voir comment il allait réagir. Qu'il le rejette, et pour cette raison en plus, a du sens. Je continues de croire qu'il a un objectif secret, qu'il besoin de nous pour certaines fins. Je pense qu'on devrait s'enfuir, renoncer à la mer… car j'ai vraiment peur qu'on y laisse notre peau. Mais je suis curieux. C'est un vilain défaut, je sais. Mais…. bon, la mer…. C'est aussi la mer de l'oublie, l'océan primordial, la mère…. Et je pense à Shub-Niggurath bien sûr. Et ça m'inquiète. Je veux savoir si Oriente est au service de la Chèvre Noire. Et si c'est le cas, on pourra peut-être l'arrêter!

L'espérante :
"Vous les entendez courir, ils seront bientôt là ! Que va faire Oriente ?"
Je crois que les maladres ont mal pris qu'Oriente rejette un des leurs. Car le lendemain, nous avons entendu leur troupe claudicante courir vers nous. C'est alors que j'ai vu Oriente bander son arc.

Joueur du contaminé :
"Et alors, que s'est-il passé? Oriente a tiré?"

L'espérante :
Oui, j'ai vu Oriente tirer. Il a visé en premier la personne qui voulait nous rejoindre. ça a beaucoup calmé les ardeurs des maladres qui s'en sont alors enfui dans la forêt.

Le contaminé :
"Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ?"
En vérité, je suis toujours curieux de connaître les véritable plans d'Oriente. Mais, plus nous avançons, plus il se montre obscur et agressif. Et plus j'avance et plus je me dis que je ne vais rien retirer de bon de tout ça. Aussi, même si j'ai un peu honte, je décide d'écouter la voix de la raison et de profiter de cette occasion pour continuer ma route seul. Et j'espère sincèrement pour les autres que je me trompe. Et j'espère que nous nous reverrons...

Joueur de l'espérante :
(en fait, tu dois être sur le mauvais deck, c'est pas possible qu'on soit sur la carte finale si tôt. La question était en fait : Quelle bête vous semble plus digne d'amour qu'Oriente ?")

Le joueur du contaminé :
(je trouvais ça bizarre aussi... mais bon, comme c'est au pif ^^ bon bah on repars alors ^^)

Le contaminé :
"Quelle bête vous semble plus digne d'amour qu'Oriente ?"
Je suis tenté de dire "n'importe quelle bête" tant plus j'avance, plus Oriente me parait louche. Mais s'il faut vraiment parler d'amour... alors je dirais... un chat!

Le joueur d'espérante :
(deux questions : histoire d'exploiter ta réponse à la fausse question, "combien de temps as-tu quitté le groupe ?" "Et est-ce que tu as adopté un chat ? Genre un chat mignon ou un gros chat sauvage ?" )

Le contaminé :
Et bien je ne saurai pas dire combien de temps j'ai quitté le groupe. c'était vraiment bizarre. Je me suis aventuré seul dans les bois jusqu'à chercher à m'abriter de la pluie dans le creux d'un arbre mort. Là, tout a changé. Et j'ai erré pendant un temps indéfini dans une forêt en noir et blanc. Je n'ai aucune idée de là où j'étais . J'ai appelé mais personne ne m'a répondu. Je n'ai vu personne. Cela m'a paru long. Puis, il s'est de nouveau mis à pleuvoir. Une pluie Noire. Et je me suis à nouveau réfugié dans le creux d'un arbre. Et je me suis retrouvé de nouveau dans la forêt. Franchement, je ne cherchais pas à vous retrouver mais... mes pas m'ont guidé vers Oriente...
Et pour ce qui est des chats, je n'en ai pas adopté mais... j'aime les chats quand même.

L'espérante :
"Laquelle de vos réponses précédentes est un faux souvenir ?"
C'est ce souvenir : "C'était quand la dernière fois que vous avez désobéi à Oriente ?" J'ai désobéï quand Oriente m'a interdit d'aller te rechercher. Iel disait que tu étais contaminé et donc que tu représentais un danger pour nous tous. Mais j'ai eu pitié de toi, alors je suis allé te rechercher et je t'ai ramené dans le convoi. Oriente a fait semblant de s'en fiche mais je sais bien qu'iel désapprouvait. J'ai également été un peu peinée de ton indifférence. un peu de reconnaissance ou d'indignation aurait été la bienvenue.
Quand j'en ai rediscuté avec Oriente pour remettre en cause sa manière d'ostraciser (pour employer un terme sobre) les personnes sous emprise, elle m'a dit que j'étais jamais allé te récupérer, que tu nous as filé le train tout seul et qu'elle a accepté ta présence finalement. Mais que tu es clairement en sursis et qu'il est pas vraiment question que tu foules la mer de tes pieds impurs. Et d'après elle, j'ai toujours été d'accord avec cette idée que tu es juste un squatteur dont il faudra se débarrasser à un moment ou à un autre, pour notre bien et surtout pour le bien de la mer.

Le contaminé :
"Qu'est-ce qui vous pourchasse ?"
En réalité, je ne sais pas trop. Par moment, Oriente nous demande d'aller plus vite, de nous taire, de nous cacher. C'est rare mais ça arrive. Pour ma part, je n'ai rien vu. Je me demande s'il ne fait pas semblant pour nous mettre la pression ou nous faire croire qu'il nous protège alors que c'est lui, le danger! Je me suis longtemps demandé si ce n'était pas que ma curiosité malsaine qui me poussait à vous suivre tous mais de plus en plus je me dis que je serais peut-être le dernier à avoir encore la tête assez froide quand il faudra vraiment vous tirer des griffes d'Oriente!

Le joueur de l'espérante :
"Et quand tu t'es réveillé au milieu de la nuit, avec cet étrange gros chat sauvage perché dans les branches, et son sourire qui brillait dans le noir, et qui s'est mis à te parler - dans ta tête - pour te dire qu'il pouvait exaucer tes souhaits, tu t'es dit quoi ? Que ta chance était venue ou que la menace évoquée par Oriente venait de se matérialiser ?"

Le contaminé :
Qu'on me parle dans ma tête, je peux comprendre... mais que ce soit un chat qui le fasse, non! ce devait être juste un rêve. mais un joli rêve...

Le joueur de l'espérante :
Hum, si ça en est pas un, ça va forcément revenir...

L'espérante :
"Vous êtes à un carrefour décisif. Continuez-vous à suivre Oriente ?"
Oui, je le suis, comme j'ai dit je veux voir la mer à tout prix, même si c'est sur les moignons, même si c'est pour qu'Oriente me vende ensuite comme esclave ou me jette un mauvais sort, je lui suivrai jusqu'en enfer du moment que la mer est derrière, et d'ailleurs l'enfer on y est déjà, c'est la forêt. Mais avant je te dis de profiter de ce carrefour pour aller de ton chemin. Après tout, tu ne t'es jamais plu en la compagnie d'Oriente et je pense pas qu'il t'aurait laissé en vie jusqu'à la mer. Vas plutôt avec ce chat sorcier qui a l'air de vouloir être ton ami.

Le contaminé :
tes paroles me touchent et me heurtent même… je sens au plus profond de moi que suivre Oriente, c'est allez droit à la mort mais… est-ce la curiosité? est-ce, finalement, mon amitié pour toi? je ne peux pas te laisser, t'abandonner… aussi je vous suis. je te suis. et j'espère pouvoir te sauver la peau le moment venu. et rassures-toi, je ne te dirai pas "je te l'avais bien dit"

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<![CDATA[[Oriente] Comptes-rendus de partie]]> Oriente est un jeu de cartes narratif pour perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux. Continuerez-vous à suivre votre guide malgré tout ce qui va se passer ?

À jouer en solitaire ou à plusieurs !

Il est basé sur la mécanique du jeu For the Queen, d’Alex Roberts.


* : partie enregistrée
** : partie enregistrée, sans récit écrit
DLMV : roman-feuilleton Dans le mufle des Vosges


Comptes-rendus de partie avec l'auteur :

1. Trancher les parties pourries
Croire sans réserve ou se méfier à toute force : dans les deux cas on n'a pas d'autre choix que de suivre le guide. La reproduction d'une partie jouée en textuel sur plusieurs jours grâce à l'application en ligne !

2. Ma chair et mon sang
Deux sœurs perdues dans une forêt hostile, dans un réseau vénéneux où chaque souris est le chat d'une autre. Le copier-coller d'une partie en solitaire !

3. Le déluge (DLMV)
Premières étapes de l'exil jouées avec Oriente, frappées sous le sceau d'une pluie maudite et d'un climat de défiance mutuelle.

4. Ces liens qu'on dilue (DLMV)
On dirait que vous avez réponse à tout et remède à tout. / - Pourtant face à ce qui nous attend, je n'ai ni réponse ni remède, mon Père.

5. Les roches druidiques (DLMV)
Toujours sous la pluie battante, la troupe s'entortille dans des domaines forestiers de plus en plus oubliés du Vieux.

6. Nos fantômes (DLMV)
Pour ce nouvel épisode et jusqu'à la fin, on ferme le capot pour se concentrer sur l'histoire.

7. Éternel raccourci (DLMV)
L'expédition se voit contrainte de passer par les forêts limbiques. En terre d'horreur, de culpabilité et de vertige.

8. L'inatteignable lumière du pardon (DLMV)
Dans les forêts limbiques, la vie marche aux côtés de la mort, et même les plus lourds passés remontent à la surface.

9. La Ménie Hennequin (DLMV)
Au cœur du voyage, alors que tout devient de plus en plus surnaturel, on se livre, on s'aime et on se chamaille.

10. Dans le giron du Culâ (DLMV)
Il ne fait pas bon contrarier les habitants des tourbières limbiques !

11. Au revoir Polyte (DLMV)
Quand la forêt se referme sur un destin.

12. Les mortes dans les pas des vivantes
Une expérience de table ouverte en textuel jouée pour un périple au cœur de l’au-delà. (temps de lecture : 14 min)


Comptes-rendus de partie sans l'auteur :

1. Les compagnons du calice
A suivre un guide de plus en plus inhumain dans une forêt de plus en plus cauchemardesque, on finit par préférer se perdre. Un récit par Nitz.

2. Au pied du mur
A Millevaux, bien heureu.x.se celui ou celle qui se connait réellement et parfois l'Oubli peut être salvateur. Suivez Duk-duk dans sa recherche de vérités. Une partie solo textuelle par JBFH !

3. Les liens de Méfiance **
L’équipe de l’actual play 1 MJ de Trop tente de jouer à Oriente en se focalisant sur les dialogues roleplay. Une ambiance délétère avec un groupe qui règle ses comptes autour d’un feu de camp, pour une partie très proche d’une fiction audio mais qui a laissé les participant.e.s en partie sur leur faim quant à leur objectif de jeu.

4. Frédéric-Jacques **
Suite de la campagne multi-mondes, où le jeu Oriente est utilisé pour étoffer la relation du groupe avec leur guide... avec un MJ qui répond lui aussi aux questions. Une partie enregistrée par Claude Féry.

5. L’enfant de la Bête
Une micro-partie toute en animalité. Un récit par Nitz ! (temps de lecture : 1 min)

6. Le vieil homme et la femme aux cicatrices
Deux parties marquées par la présence du voyage et des thèmes de Millevaux. Un récit par Nimaël (temps de lecture : 2 min)

7. La Porte
Le héros n'a jamais été aussi proche d'accéder à la réalité. Une partie solo par Damien Lagauzère, avec ce crossover entre les jeux Oriente et Mantra ! (temps de lecture : 30 min)

8. La forêt subconsciente
Le final d’une campagne steampunk cafardesque joué avec Oriente, pour un climax introspectif et onirique. Un récit par Damien Lagauzère. (temps de lecture : 4 min)


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crédits : ArimanMagazine, thomas hawk, Eric Heupel, cc-by-nc & Olga Filonenko, cc-by-sa

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