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#11 08 Mar 2018 16:23

Morjana
membre
Inscription : 08 Mar 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Morjana, horsaine présumée. Quête : trouver un foyer stable. Symboles : rejet, papillon de nuit


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Liminoid Lifeforms, par Aidan Baker, ambient, post-rock et orchestre de chambre pour une nuit sans lune, sans fin et sans but sous la caresse des branches.


En bordure de l'enclave de Pripiat, à l'orée de la forêt aux murmures. Parc d'attraction en ruines, auto-tamponneuses rouillées et moussues, grand-huit écroulé et dégobillant de lianes.

Une jeune fille en costume traditionnel avec un bébé porté dans son dos fouille la terre. Elle en extirpe une masse de lombrics grouillants. Certains sont gros comme des serpents, des orvets tout du moins. Elle en mâche avec dégoût et coupe la tête des autres avant de les fourrer dans un sac. Voilà sa subsistance du jour et des suivants. Il lui restera encore à trouver un moyen de convaincre une nourrice de Pripiat de donner le sein à son enfant.

Le bébé babille. Il a vu, posé sur une écorce, à peine visible, un grand papillon de nuit, un sphynx à tête de mort. Mauvais présage. Morjana, sa mère, chasse la créature.

Elle arrange les quelques bâches volantes posées sur une auto-tamponneuse et qui lui serviront de gîte pour le moment.

Morjana fĂŞte ses vingt ans ces jours-ci. Du moins le pense-t-elle.

Sa malédiction est d'avoir cessé de grandir depuis longtemps. D'être prisonnière dans un corps d'enfant. Pourtant, elle est bien une adulte ! Sinon, comment aurait-elle pu être mère à son tour ? Si seulement elle avait du lait...

C'est justement avec la naissance de son fils que les choses se sont aggravées. Les gens de l'enclave l'ont rejetée aux limites du territoire.

Si seulement GaĂŻus ne s'Ă©tait pas mis en tĂŞte qu'elle Ă©tait une Horla !

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#12 08 Mar 2018 22:56

gaius
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Inscription : 21 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Sans plus attendre la réponse de Bellérophon, Gauîs se coule à nouveau dans les méandres de la forêt. Son corps tel un fil se faufile entre les ronciers et les fougères et d’un pas vif il plonge dans le marais, là ou la terre glisse sous les eaux des Cinq, toujours proche de Prypiat mais au cœur même du Pinsk. Là, il trouvera la noix. Là, il saura enfin.
pochette de l'album de Lieutenant Caramel
musique acousamtique qui figure le désordre mental de Gaïus
Sa vision l’a profondément troublé.
Cette belle enfant n’est pas le Horla. Mais, si le Duchov, l’esprit néfaste a pris son souffle dans le temps suspendu. hors du monde, à travers elle, c’est sans doute qu’elle est au centre...tout converge. Et oui !
Tordre les mots, les essorer, les goûter, les cracher, les mêler, pour qu’il en sorte le pus, la vérité rance, qui brille dans la pénombre des décombres de l’orgueilleuse Prypiat.
Les hommes ont construit là ou les cinq rivières mêlent leurs eaux, convergent, le ventre de leur monstre.
Et le ventre de jouvence, celui qui n’aurait pas encore du donner vie, l’a fait comme celui qui autrefois devait contenir l’énergie de la matière l’a laisser fuir, elle a échappé une vie…
C’est la le premier pas mon vieux Gaïus, mais ne t’interrompt pas en si bon chemin. Elle n’est pas Horla, le Horla, la convoite, parce qu’elle est fertile ? Son enfant serait-il le rejeton du Horla ? … Je dois comprendre mon vieux.
Et à mesure qu’il échafaude ses théories, Gaîus s’enfonce toujours plus profondément dans le Pinsk. Désormais, il peine, souffle, peste.

Ses pensées lui échappent, s’égrainent dans son souffle rendu court par l’effort. L’eau fangeuse lui arrive jusqu’à la taille. La boue l’environne, il y baigne, parmi les osiers frémissant au vent. Devant lui, se trouve l’îlot qui l’ attiré jusqu’ici. Sur cette roselière dense, au milieu des joncs et des mousses, tracent les branches graciles de l’arbre noir qui lui tend ses noix. Il n’a cure des nuées de moustiques qui s’abreuvent à son sang.
marais de Prypiat
En goûtant, la noix, il plongera au dedans de son cauchemar. Il se mêlera aux cohortes de crève la faim qui autrefois trouvèrent un asile sûr contre la barbarie qui sévissait en plaine. En affrontant les esprits mesquins et égarés du passé, il trouvera le chemin de l’avenir pour sa communauté et pour la douce et innocente Morjana.
Il tient entre son index et son pouce la noix, son véhicule, son âme errante.
Il la contemple, non parce qu’il redoute son goût amer, non...plutôt parce que le souvenir du regard grave et la peau douce de Morjana, l’arrache quelques fugitifs instants à sa condition présente.

Dernière modification par gaius (11 Mar 2018 10:16)

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#13 08 Mar 2018 23:48

Vouivre
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Inscription : 27 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

L’ombre de Vouivre émerge du Grand Flux au-dessus de Gaïus, et sa silhouette serpentine vient se jucher sur les épaules du prêtre ; les mains de son âme se posent sur la tête de l’homme. Les pensées de Gaïus la réchauffent. Elles ne sont pas de ces feux rageurs qui font roussir les sourcils et brunir la peau des enfants imprudents. Le feu de Gaïus n’est pas une menace. Il ne consume rien d’autre que sa pauvre caboche. Elle se réfugiera près de l’âtre jusqu’à l’évanouissement de la dernière braise. C’est ainsi qu’elle dit merci. En regardant. Et en se souvenant. Tant d’autres oublient. Ferment les yeux, un court instant. Il suffit d’une seconde pour tout perdre.

Lorsqu’il saisit la noix, elle tend une main vers le fruit nimbé de moustiques en oubliant qu’elle n’est qu’une pensée, que son corps est resté aux côtés de Bellérophon – puis le vent aux esprits l'emporte, la balade comme une feuille jusqu’à un nid de lombric, sac de nœud organique, dont les pensées lui rappellent le goût du pain noir – puis vers un autre enfant de la terre, non loin : une vipère péliade. L’animal louvoie dans la mousse de la grande forêt, non loin de Morjana. Et siffle quelques mots dans l’esprit de Vouivre :

Duchov est un problème mais elle en est un autre. Chasse-la, Vouivre. Ou dévore le petit. Il n’y a pas de mots pour eux, ensemble. Ils dépassent du réel. Sortent du dicible. Invente un mot pour eux ou fait les disparaître, sœur. Ensemble, ils n’ont pas leur place en notre demeure.

Dernière modification par Vouivre (08 Mar 2018 23:52)

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#14 09 Mar 2018 11:33

Morjana
membre
Inscription : 08 Mar 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

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Arrow and Orb, par Bad Braids, un chant féminin folk, intime et wiccan.

Les fourchettes attachées en grappe à l'extérieur de la maison de Yulia, enfin ce qui lui sert de maison, une ancienne station-service réaménagée, tintent en choeur. un intrus en approche ! Yulia sort le nez de sa maison, son nourrisson au sein qu'elle tient d'une main, et une broche à viande de l'autre.

C'est la petite Morjana, la horsaine du village.

"Je t'en prie Yulia, donne un peu de lait à mon enfant, il réclame."
"Vas-t'en, paria ! Ne m'approche pas. Tu oses m'importuner !"
"Je t'en supplie Yulia, pour mon enfant. Je te donnerai ce que tu veux en Ă©change."
"Alors donne-moi un souvenir ! La grande obole !"
"Entendu..."

Et alors que son enfant se repaît goulument au deuxième sein de Yulia, Morjana murmure entre ses dents : "Salope..."

Et le souvenir qu'elle concède à Morjana disparaît déjà de sa mémoire, tandis que Yulia affiche un sale sourire de toxico.

Elle est aux abords du sarcophage de béton. Elle dit à Bellérophon : "Puisque tu n'es là que pour résoudre des problèmes de liquidateur, emporte-nous avec toi quand tu auras fini. Je t'en prie, fais-moi en la promesse. Fuyons ensemble vers d'autres cieux."

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#15 09 Mar 2018 12:30

Bellérophon
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Inscription : 27 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

J'ai gardé mutisme depuis les heures d'une marche harassante qui nous séparaient de Morjana, flanqué de Vouivre dont la présence m'inquiète, et que je garde toujours à la lisière de mon œil valide, derrière le verre crasseux de mon masque ; et sans avoir relevée son "interdiction" liée à Boris (Intérieurement : "Tu ne m'interdis rien, sorcière. Viendras un temps où il te faudra accepter la cure où disparaître dans avec les restes de l'ancien monde.") Gaïus est parti devant, fier équipage de bras cassés à moitiés désaxés, heureusement que je suis là pour commander les troupes et donner les ordres ("Quoique je n'en donne aucun, rappelle-toi l'épisode de Sodovjesk, nous ne voulons pas le reproduire mon vieux."). Le vieux cinglé s'aperçoit devant, en train de débusquer Dieux savent quoi à becter dans un obscur trou à merde blindé de moustiques infectés. Heureusement que j'ai mon fusil.

Morjana  a Ă©crit :

"Puisque tu n'es là que pour résoudre des problèmes de liquidateur, emporte-nous avec toi quand tu auras fini. Je t'en prie, fais-moi en la promesse. Fuyons ensemble vers d'autres cieux."

Les paroles de Morjana me tirent de ma somnolence. J'aurais dû dormir avant de m'embarquer pour cette expédition incertaine. Je baisse les yeux sur elle, pitoyable engeance mal nourrie et gnomesque, la bouche pleine de vers, trimbalant son chiard cadavérique sur son dos.
— Il y'a beaucoup de travail Morjana, nous ne sommes pas prêts d'achever la décontamination. Même si, c'est vrai, l'équipe de Iouri à fait des merveilles depuis hier. La vague conscience de ne pas avoir vu Iouri depuis des années flotte aux alentours de ma présence d'esprit. Je refoule cette idée et marque avec d'autant plus d'assurance dans ma voix la certitude que les travaux avancent bien et qu'il reste des décontaminateurs vivants.

Joignant le geste à des paroles tues, histoire de marquer mon autorité et mon statut vis à vis du groupe ("Tes troupes te regardent tout le temps ! Ne leur tourne pas le dos !"), je pousse Morjana fermement d'une taloche mal ajustée, qui la fait tomber lourdement dans la boue et fait hurler son enfant.
Première preuve de vie.
— Je ne prend personne avec moi.

Gaïus s'en revenant vers le groupe, assiste à la scène et je me sens soudain un peu merdeux. Par réflexe plus qu'autre chose, je reprend en main mon Boris et fait mine de ne pas comprendre.

— Tu as trouvé quelque-chose ?


Antoine St. Epondyle
http://saint-epondyle.net/blog

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#16 09 Mar 2018 20:04

gaius
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Inscription : 21 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Je croque la noix et j’amorce une descente vertigineuse au sein des boues primordiales de l’amorce. L’Amorce devrais-je, dire. Mon corps s’immerge au sein des racines, qui forment un cœur palpitant ou s’effondre la couleur de mon monde. Ma vue se trouble, je me coule au sein des eaux sales entres les radicelles toujours plus étroitement serrées autour de moi, pour mieux dérober à ma rétine le puits des lumières de la vie au dessus. Autour de moi, j’entre aperçoit de fugitive silhouettes d’un autre age qui luisent d’une malsaine lueur. Leurs leurs sont de plus en plus nombreuses et éteignent celle du dehors.
Mes oreilles se muent en ouïes, pressées par les eaux sales et les tonnes de végétaux qui pressent De hideuses formes luminescentes frôlent mes jambes grêles. Je ressent la froideur des éons qui pénètre au dedans de moi.
Lorsque ma conscience s’éveille, lorsque j’ai bu toute l’eau croupie que mon ventre pouvais toléré et que je suis mort une première fois, j’éprouve mes premières sensations à ma renaissance.
Je bénis Triglav pour les bienfaits dont il nous a honoré.
Mais tout d’abord, j’éprouve le temps de l’amertume. Celle qui a envahie ma bouche sitôt que mes dents ont concassé la chair du fruit de connaissance. Mais aussi l’amertume des défaites, là ou l’Homme avilit son semblable.
J’endure la faim, la crainte, toujours tapie et la disputant sans cesse à la terreur de voir surgir l’un des odieux représentant de l’ordre nouveau qui me traque en raison de ma naissance sur des fonds qui selon leurs principes avilissent la race.
Les pères de mes pères ont honoré le Dieu unique avec ferveur. Mes aïeux ont travaillé la terre avec humilité, ont bâti des maisons confortables et ces vils pourceaux nous ont chassés de nos terres.
Leurs lance-flammes ont détruit les izbas entretenues avec soin depuis des génération d’hommes pieux. Notre monde a été réduit en cendres, décombres et cadavres d’übermenschen noyés dans des vapeurs d’essence. Ils m’ont choisi pour que je survive à tous les miens, dont les cadavres des plus chanceux abattus d’une balle de mitrailleuse gisent désormais auprès des ruines fumantes de la suie à cochons. Des femmes ont été emportées dans des camions, pour que nos vainqueurs vident leurs bourses, puis rejetées sur la route, épaves d’humanité.
Alors, j’ai fuit dans le marais de Pinsk, pour échapper à cette ivresse.
Et j’ai souffert de la faim, une faim qui me dévorait nuits et jours, insatiable,
jusqu’à ce la fièvre m’emporte.
Alors, j’ai connu l’avenir des maletraits de Pinsk, l’avenir rougeoyant ou le soleil dévore la terre et les restes des hommes disséminés entre les racines et les branches. J’ai connu la morsure atroce de maigres bêtes efflanquées avides de vie dont j’ai dérobé les ailes membraneuses pour m’abîmer dans un grand embrasement solaire.
Et j’ai brûlé, brûlé, brûlé pour m’éveiller à nouveau parmi les hommes, toujours plus vils, toujours plus avides, toujours plus cruels.
du tréfonds des âges

J’ai enduré mille morts avant que je ne saisisse une perle au sein de ces immondices.
Auprès de ce que nous fûmes, je me coulais à nouveau dans le marécage des origines. Là je redevins le gymnoptide. Je chassais paisiblement dans le eaux en honorant l’Amorce, loin des turpitudes et de la chute inexorable de ces prétentieux merviisseaux d’homo ignorants crasseux.
Lorsque la souffrance reflue, j’entends alors alors des mots qui écorchent mes esgourdes envasées. Des mots de rejet et d’exclusion, et les pleurs de l’enfant que je fus. Alors…
Alors Gaïus, s’avance et hurle la main droite tendue et oscillante :
«Liquidateur ! Jamais plus tu ne la menacera, elle et son enfant !
Et il ouvre toute grande sa bouche, les téguments qui bordent ses lèvres se hérissent et de ce qui fut une main jaillit un puissant arc électrique.
Gaîus s’effondre tout comme sa cible Bellérophon, parcourue de spasmes dans une odeur d’ozone qui parvient momentanément à étouffer celle de la végétation pourrie qui les entoure.
Gaïus gémit en étreignant son moignon écailleux.
Dans un râle il souffle :

Dernière modification par gaius (10 Mar 2018 11:39)

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#17 09 Mar 2018 21:26

Vouivre
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Inscription : 27 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Vouivre sort d’un bosquet, et incline la tête, songeuse, en voyant les deux hommes s’effondrer.

Je m’étais trompée, Gaïus. Il te reste quelques flammes vivaces.

Elle enjambe Bellérophon, pense une seconde à lui retirer son masque et à arracher ses colifichets, puis hausse les épaules et s’approche de Morjana, qui se remet péniblement sur ses pieds, vacillante. Vouivre pose une main cuivrée sur le visage de la femme sans âge et lui caresse lentement la joue – un peu de crasse ; l’ombre d’une larme ? Puis les yeux jaunes de la fille-serpent s’attardent sur l’enfant vagissant, qui est encore entre les bras de Yulia, sa sinistre nourrice.

« Mes frères serpents voudraient que je dévore ton petit, sais-tu ? Mais ils ne comprennent pas que ma mâchoire n’a rien de semblable à la leur. »

Elle ouvre grand la bouche, et tire sa langue mutilée avant de partir d’un rire enfantin.

« Je gobe les horlas tout crus, hop, hop. Dans l’œuf, quand ils sont très petits. Ça ou rien. Je laisse le meurtre et la découpe aux bouchers. Je ne mange pas de cette viande-là. »

Elle a un haussement d’épaule désinvolte.

« Mais il faut s’en occuper, de ce petit, ma fille. »

Elle tire l’épine noire de sa chevelure, l’épine-poison. Dans les sphères jaunes qui lui mangent le visage, les pupilles-fentes ressemblent fugacement à des papillons noirs.

« Et tu vas le faire, pour moi et pour nous tous. Il n’entre pas dans l’équation. Il dépasse, tu le sais. Il n’y a pas de lait pour lui – tout est dit. Enfonce-la sèchement, sur le haut du crâne. La chaleur que tu recherches, les bras ouverts que tu appelles de tes vœux en sanglotant la nuit, ils sont au bout de ce geste. Je te prendrai avec moi, je t’enseignerai l’équilibre. Mais avant tout chose, répare ta faute, petite. »

Morjana baisse les yeux et découvre l’épine brûlante entre ses mains jointes.

Yulia sort soudain de sa cabane, le bébé dans les bras, en hurlant :

« Écarte-toi de cette paria, sorcière, et rentre dans ton antre, il n’y a rien pour toi ici ! Allez, allez ! »

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#18 10 Mar 2018 11:19

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Morjana reste bouche bée à la proposition de cette vieille maletraite de Vouivre.

Est-ce le contrecoup des poings de Bellérophon ou le vertige de cette promesse ? Le sol semble se dérober sous ses pieds.

Elle a été toute sa vie victime des gens qui l'ont détestée ou exploitée, et voilà qu'enfin quelqu'un lui propose de la recueillir.

Elle dit à Yulia : "Rends-moi bébé, il a assez bu et toi tu t'es assez repu de mes souvenirs."

Elle regarde son bébé, elle l'embrasse sur le front. A-t-il des chances de survie ? Le lait se fera de plus en plus cher.

Elle le regarde, il est si petit, est-ce déjà un être humain ? Et en est-il seulement un ? Si les divagations de Gaïus étaient claires à ce sujet ?

Elle fixe la vieille femme-serpent d'un regard ardent : "Entendu. Tu me prendras sous ton aile. Mais pour ta protection et ton savoir, tu ne me demanderas plus jamais d'autre prix."

Et elle enfonce l'Ă©pine-poison dans la fontanelle de l'enfant.


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

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#19 10 Mar 2018 17:56

Vouivre
membre
Inscription : 27 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

Lorsqu’elle est projetée par mégarde dans ses souvenirs trop anciens, elle ne sait plus réellement qui elle est : le Professeur sans nom ; sa fille ; les serpents du vivarium. Elle est tout à la fois. Ce sont les souvenirs de Prypiat. Ceux qu’elle évite. L’émotion qu’ils font bouillir en elle est indéfinissable. Une nostalgie qui lui broie le cœur, et une horreur abjecte.

Dans un coin du laboratoire, un alambic anachronique distille un venin noir et poisseux. Le Professeur la regarde : elle est une petite fille, alors, tapie dans un coin de la pièce, attentive et muette. Elle est la vipère qui a fournit le nectar. A chaque fois que l’oubli lui vole un souvenir, elle le comble par celui d’un de ces êtres chers. Ensemble, ils avaient trouvé une forme d’équilibre, alors. Une forme d’écosystème.

Vouivre repousse le souvenir de toutes ses forces. Regarde l’enfant de Morjana. L’épine grandit au coeur de l’enfant ; le parcourt de part en part, jusqu’à la base de son dos, et gonfle, et teinte sa peau ; des ailes commencent à naître ; il se transforme bientôt en grand sphynx à tête de mort, avant de s’envoler vers la cime d’un arbre.

Vouivre hoche la tĂŞte.

« Tu vois, ma fille. Ce n’était pas un enfant, c’était juste un cocon. Une chose dicible et juste. J’ai un mot pour cela : pa-pi-llon. Viens donc. Je ne te demanderai plus aucun prix. »

Lorsqu’elle se retourne, elle voit Bellérophon en train de brandir Boris.

Dernière modification par Vouivre (10 Mar 2018 17:57)

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#20 10 Mar 2018 20:58

gaius
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Inscription : 21 Feb 2018

Re : [Les forĂŞts mentales] L'enfant aux trois vies : Aventure

album végétale 2017
Embarquement d'Ulan Bator. Post rock habité

« Les morts et la renaissance homme de peu de foi »
Je déglutis avec peine. Tout mon corps est pris de soubresaut.
Mes yeux cependant s’attardent brièvement sur le corps du brave liquidateur qui grésille encore. J’y arrache même un fugace plaisir à contempler les leurs rémanentes surgies du fond des âges parcourir les pièces métalliques de sa combinaison de fortune. Mais très vite, en une fraction d’instants étirés de ma faible volonté d’homo, mon corps m’échappe et s’agite désordonné. Il m’arrache une liberté bien méritée. Mon corps est siège de ma douleur, de mes souffrances endurées dans l’entre-les-temps, dans ces vies parcourues et éteintes.
Dans un dernier sursaut de lucidité j’implore Triglav, lui qui seul dans sa multitude ordonne l’ombre et la lumière, de préserver les innocents.

Et alors la bouche distendue de Gaïus béé démesurément nimbée d’une multitude de barbillons qui s’agitent . Un mucus infecte s’écoule par flots successifs, alors que le reste de son enveloppe entame une danse grotesque et désordonnée.
Il tombe lourdement au sol dans ses vomissures. Du flot de mucus émerge des algues filandreuses, puis la tête d’une anguille bleutée qui tombe lestement sur le sol dans un bruit spongieux.
Une vive odeur d’urine et d’excréments se répand alentour supplantant graduellement l’odeur des végétaux.
Juchées sur ses nageoires, ondoyant vivement elle s’éloigne précipitamment vers les eaux fangeuses qui bordent l’îlot.

Vacillant sur mes jambes qui peinent à me porter à nouveau, interdit j’admire le geste de la jeune Morjana. Une libération de la mort qui dormait en son sein.
Le papillon s’éloigne de nous à tire d’ailes bruissantes et seul le cliquetis familier d’un chien qu’on relève m’arrache à la beauté mortelle qui émane du spectacle.
Boris nous lorgne.
Je suis l’enfant. Je suis à nouveau celui qui ne su se résigner malgré les affres de la faim, la douleur de la perte à baisser la tête face à la barbarie des hommes.
Je bondis vers lui les mains tendues, avide de tordre la gueule affamée de ce maudit Boris.
Dans le vacarme de feu la douleur m’inonde, moi l’enfant né de la rivière, moi le jeu Aleko, je sombre pour m’échouer dans l’herbe drue au cœur de la forêt ou se tapit la déité horla que les grands ont façonné dans la glaise de leurs chairs et de leur stupre.

Dernière modification par gaius (10 Mar 2018 21:02)

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